84.4 - Métamorphoses

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Charlie s’adressa à sa sœur, par la suite.

— Formons un cercle autour de notre frère, veux-tu ? demanda-t-il.

— Très bien ! répliqua-t-elle.

Gabriel et Luna se tinrent à l’écart, alors que Flint rejoignit les deux esprits élémentaires dans ce qu’ils comptaient accomplir. L’aîné tourna son regard vers l’ange et lui dit :

— Associons notre mana de sorte que cela forme un cercle purificateur autour de Kelvin. Le mana à son état le plus pur est un excellent remède contre toute forme de corruption. Je commence dans trois secondes.

Le capitaine ne savait pas si c’était une bonne idée. Cependant, la sagesse de l’esprit de la création ne leur avait pas fait défaut, jusque-là. Il détendit ses bras et fit apparaître ses ailes. Tous ses sens s’aiguisèrent alors qu’il activait son pouvoir. Il se concentra sur le phénix. Il sortit de sa transe rapidement quand il réalisa qu’il ne savait pas comment sortir du mana de son corps, sans le transformer en lumière. Il n’était pas familier avec cette technique.

— Euh… on fait comment ? demanda-t-il à l’ours.

— C’est aussi simple que de lancer tes sorts, dit Charlie. Le mana part du bout de tes doigts pour la majorité de tes sortilèges. Concentre l’énergie qui coule en toi à partir de là et relâche là dans le cercle. C’est comme ton sort de purification, mais à petites doses. Même Luna pourrait participer au rituel.

— Dans ce cas, je viens vous aider ! fit la magicienne.

— Ça ne sera pas nécessaire, continua l’aîné des esprits. J’ai suffisamment de mana avec Dia et Flint pour soigner notre frère.

La jeune femme rouspéta et se croisa les bras. L’enchantement collectif du trio avait déjà commencé. Un cercle magique entoura le phénix et peu à peu, de petites doses d’énergie pure pénétrèrent à l’intérieur du corps de l’oiseau. Kelvin fut soulevé dans les airs, alors que son apparence changeait déjà en quelques secondes. Une étrange aura ténébreuse s’échappa de son corps ; la transformation de l’esprit s’acheva lorsqu’il reprit des couleurs plus claires et que son corps rapetissa légèrement.

Luna éclairait la scène avec sa magie, fascinée par ce qu’elle voyait. Devant eux se trouvait un oiseau majestueux, au plumage flamboyant. Quand il ouvrit les yeux, celui-ci se dressa sur ses longues pattes et fixa la magicienne d’un regard intense.

— C’est lui… C’est bien le phénix que j’ai vu dans mes rêves, dit-elle, fascinée. Oh sapristi ! Il est plus surprenant que je l’imaginais !

Elle s’approcha timidement de Kelvin et réalisa qu’il était légèrement plus grand qu’elle. Il l’observait, intrigué. Il prit peur et recula d’un bond. Ses yeux étaient deux flammes miniatures, ou plutôt deux iris luminescents qui rappelaient son élément. Son bec était aussi tranchant que la lame d’une épée et ses serres rappelaient aux brigadiers ceux des harpies qu’ils avaient croisés dans les plaines de la république. Le phénix ne dégageait aucune chaleur, contrairement à sa forme corrompue. Il était terrifié.

— Du calme, Kel, prononça Dia. Nous t’avons sauvé.

— M… mais… mais où suis-je ? demanda-t-il.

Il recouvrit son visage d’une longue aile et se pencha lorsqu’il vit l’ours polaire à côté de lui. Il pleura et courut se cacher derrière la louve qui ne pouvait même pas le couvrir avec sa petite taille.

— Allons, Kelvin… Ce n’est que moi, dit Charlie. Tu te souviens ? Giotto… J’ai simplement changé de corps.

L’oiseau baissa son aile, timidement et observa la grosse bête qui s’adressait à lui.

— M… maintenait que tu le d… dis… il est vrai que ton énergie ressemble à celle de mon frère, couina-t-il. Où étiez-vous passés ? J’ai eu la frousse de ma vie…

— Ici et là, remarqua la louve. Nous nous sommes tous fait attaquer par les disciples de Perséphone. On te racontera tout ça plus tard.

Flint était stupéfait. Il ne s’était pas attendu à entendre la voix d’un petit garçon sortir de ce bec. Kelvin n’était pas un adulte, mais un enfant.

— Vous auriez pu nous dire que ce n’était qu’un gamin, pouffa celui-ci. Je pensais que c’était un adulte. Le pauvre ! Il doit être traumatisé.

— Bah, en fait, il était un adulte la dernière fois qu’on l’a vu… remarqua l’ours. Cependant, on l’a perdu durant un combat et tu sais ce qu’on dit des cendres de phénix… Il est revenu de ces dernières.

— Fascinant ! déclara Luna qui s’approcha de l’oiseau. Ce qu’il est adorable ! Bien plus beau que dans mes rêves, en plus ! Oh, j’ai trop envie de prendre ses mesures ! Ça mange quoi un phénix ? Ne me dites rien ! Je veux le découvrir moi-même ! Oh, regardez-moi ces plumes !

Elle souleva une aile aux couleurs multicolores et comptait les plumes, une par une. Flint et Gabriel étaient bouches bée, pendant qu’ils observaient la jeune femme, dans tous ses états. À chaque fois qu’elle faisait une découverte scientifique, elle devenait aussi dingue que le golem lorsqu’il mettait la main sur un dessert. Elle aimait plus que tout découvrir de nouvelles choses.

— Ouille ! couina l’oiseau qui recula, ôtant son aile de la magicienne.

— Pardon, dit-elle. Je suis juste tellement excitée de faire ta rencontre !

— Ils sont tous comme ça, les humains ? demanda le phénix à sa fratrie. Parce qu’elle est vraiment bizarre…

— Si ça peut te consoler, Luna est la plus curieuse de notre groupe, rectifia Flint. Elle ne faisait pas ça méchamment.

La magicienne toisa son supérieur et retourna son attention vers le grand corps de l’oiseau. Elle ne pouvait contenir sa joie plus longtemps. Elle bougea devant lui et le regarda droit dans les yeux avant de lui prendre le bec.

— Kelvin, je suis Luna Kelly, dit-elle. J’aimerais faire un pacte avec toi.

— Ah… ah bon ? Mais je… ne sais pas si… c’est une bonne idée, déglutit l’oiseau.

— Qu’en est-il de tes rêves ? De tes visions ? Ne m’as-tu pas ressenti ? Ta créatrice ne t’a-t-elle donc pas envoyé des rêves prophétiques, comme les autres ? Je croyais vraiment que nous étions destinés à nous rencontrer…

Le visage de la magicienne était parsemé de doutes. Le phénix était tout jeune. Ce n’était qu’un bébé, mais il formulait quand même des phrases cohérentes. Il ne savait pas comment lui répondre. Il baissa la tête, tristement. Quand elle réalisa que le magnifique animal qui se tenait devant elle ne se sentait pas à son aise, la jeune femme lui caressa la tête. Il se mit à roucouler de plaisir. Tout semblait si naturel, en sa présence. Il se calmait déjà.

L’oiseau n’était certainement pas une chauve-souris, mais au moins le groupe de Flint avait découvert un esprit élémentaire qui était destiné à les rejoindre. Sur ces pensées, ils sourirent et décidèrent de faire connaissance avec leur nouvel ami.

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