93.4 - Une lueur dans les ténèbres

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La princesse s’approcha alors des jumeaux et les observa en silence. Ces derniers reculèrent, intimidés par celle-ci.

— Franchement, vous n’avez pas honte de vous faire passer pour de simples mortels ? soupira la déesse. Votre plaisanterie a assez duré.

— Je ne vois pas où vous voulez en venir, Athéna, insista Kylie.

— M… moi n… non p… plus ! bégaya son frère.

Athéna roula des yeux et leur donna à chacun un coup sur la tête. Les deux anges s’inclinèrent en guise de respect.

— Un instant… tu les connais ? demanda Flint. Comment est-ce possible ?

— Je crois qu’ils sont quand même capables de vous le dire eux-mêmes… grogna la princesse, qui se croisa les bras. Parlez maintenant, avant que je me fâche.

Kylie Sanders déglutit avant de s’avancer en direction de son groupe. Le regard inquiet d’Estelle se posa sur elle. Scottie suivit sa jumelle rapidement.

— En fait… expliqua la punk. Nous sommes… des dieux…

— Plus précisément, les enfants adoptifs d’Apollon, expliqua Athéna. Il y a une vingtaine d’années de cela, ils ont refusé leur titre de dieux alors ils ont pris la fuite vers le monde des mortels et ont pris l’apparence de jeunes enfants.

— Nous ne voulions pas finir comme notre père, Votre Altesse ! Il est mort sous nos yeux, aux champs de batailles…

— Je sais, mais ce n’était pas une raison de fuir vos responsabilités ! Votre père a heureusement été remplacé par un nouvel Apollon. Il s’agit de votre oncle. Estimez-vous heureux que je n’aie pas dénoncé votre retour au Conclave, sinon vous seriez dans de beaux draps…

Scottie et Kylie baissèrent leurs regards devant leur supérieure.

— N... nous s… sommes désolés, Athéna, dit l’éclaireur.

— Allez plutôt dire cela à votre tante Artémis qui a perdu son frère… soupira la princesse. Mais bon, peu importe. Ce qui est fait, est fait. Cependant, je me dois de vous dire que je trouve très ironique que vous serviez l’une de mes plus belles créations. Jamais je n’aurais cru que vous vous sentiriez attirés vers elle…

Athéna se tourna vers l’adolescente qui venait de comprendre qu’on parlait d’elle. Cette dernière ressentit la main de la déesse se poser sur sa joue, qui la caressait. Estelle était subjuguée par la beauté de cette femme.

— La dernière fois que je t’ai vue, tu étais toute petite… déclara Athéna.

— Pardon… ? demanda l’adolescente. Je ne comprends pas…

— En fait… il y a quatre ans de cela, alors que tes parents parlaient déjà de trouver une mère porteuse, j’ai décidé de t’envoyer sur Aeglys et d’implanter de faux souvenirs dans l’esprit collectif des rebelles… Tu es un clone de Flint et de Gabriel, créée à travers mes machines et ma magie.

— Tu as fait quoi !? grogna le blond qui sursauta.

Athéna se mit à rire nerveusement et rougit timidement avant de gratter la tête.

— Surprise… ? couina-t-elle, embêtée. Je pensais vraiment bien faire…

— Elle… est… notre fille… ? marmonna Gabriel, abasourdi.

Estelle ne savait pas comment répondre à cette remarque. Elle était aussi choquée que son père bedonnant. Elle se tourna vers les jumeaux envers qui elle éprouvait beaucoup de respect. Même eux étaient tout aussi confus que leur amie. Cette rencontre avec la Déesse Athéna les avait tous déstabilisé.

— T’entends ça, Flint ?! Elle est notre bébé ! pleura le colosse de joie. De notre chair et notre sang ! C’est complètement fou… Non ! c’est un miracle !

Il se dirigea vers Estelle qu’il serra dans ses bras.

Celle-ci ne savait pas comment réagir. Elle ressentait un sentiment de frustration qui montait en elle. Ainsi donc, elle n’avait que quatre ans, chronologiquement parlant, et possédait le corps d’une adolescente de seize ans. Elle était sur le point de pousser un cri d’horreur lorsqu’elle réalisa que Gabriel était d’accord avec le choix de la déesse.

— Mais c’est immonde ! s’exclama Flint qui fixait sa mère d’un air dégoûté. Et si nous avions décidé de nous séparer ? Y as-tu pensé, Maman ?

— Crois-moi, Flint, commenta la princesse. Je l’ai déjà vu dans ma boule de cristal que vous allez vivre vos vieux jours ensemble. Je n’ai fait que rajouter un peu de piquant à votre routine. Et puis allons… regarde Estelle… N’est-elle pas la plus belle adolescente que tu aies vue de toute ta vie ?

— Oui, mais… marmonna Flint.

Il se tourna vers sa fille, celle-ci était en larmes. Elle bouillait de rage. Il s’approcha de cette dernière et la serra dans ses bras.

— C’est notre fille, dit-il avant d’embrasser celle-ci sur le front.

Les souvenirs de l’adolescente étaient flous. Elle ne se souvenait même pas d’avoir un jour eu des parents. Elle n’avait que les rebelles dans sa tête. Savoir que toutes leurs mémoires avaient été trafiquées la perturbait grandement. En vérité, elle avait été créée par magie dans l’un de ces incubateurs dont ils étaient tous sortis et elle avait fait la connaissance de ses parents, plusieurs jours plus tard. Estelle n’avait jamais été seule. Elle en était convaincue.

— Je vous ai créé une fille parce que je vous ai toujours aimé, déclara Athéna. Je voulais que vous ayez votre fin heureuse. Ceci est une autre transgression des lois dont je paie toujours les frais. Voilà pourquoi je ne suis pas autorisée à partir du Saint Royaume pour aller vous aider…

Luna, la plus logique du groupe, était époustouflée.

— Je dois apprendre cette technique ! s’exclama-t-elle. Créer la vie à partir de pratiquement rien, ça doit être fascinant !

— Tout doux, Luna, tu es un ange désormais, remarqua la princesse en riant. Essaie d’abord de t’adapter à tes nouveaux pouvoirs, après on verra dans quoi tu pourras te spécialiser. Toutefois, j’ai déjà une petite idée sur ton avenir. Il contiendra beaucoup de flammes.

Tous les membres de la Septième Brigade, sauf la magicienne, gloussèrent.

— Suis-je si prévisible que ça ? bouda cette dernière.

— Aussi prévisible que mon végétarisme, confirma Cassandra.

Estelle s’était calmée. La déesse, qui lui avait paru un peu folle avec ses déclarations surprenantes, lui était aussi sympathique. L’adolescente n’avait toujours pas oublié ce que Luna avait fait à Wyatt. D’ailleurs, ce dernier était beaucoup trop silencieux. Elle avait peur qu’il soit en train sombrer d’une dépression. Scottie non plus n’était pas à son aise, mais c’était probablement dû au fait qu’il avait dû avouer à tout le monde qu’il n’était pas quelqu’un de normal.

— Les enfants d’Apollon, hein ? dit la petite blonde qui se tourna vers les jumeaux. Eh bah… ça fait de nous des cousins, n’est-ce pas ?

— Seulement par titres, répliqua Kylie. Nous ne sommes pas liés au sang des Olympiens. En fait, nous venons du Valhalla. Notre père était le troisième Thor mais celui-ci est mort en se sacrifiant pour notre mère, Dame Sif.

— C’est pourquoi Kylie a hérité de la foudre de son père et que Scottie maîtrise la nature et la terre de sa mère, expliqua Athéna. Leurs véritables noms sont Thrud et Ullr, respectivement, mais ils ont décidé de changer de noms lorsqu’ils sont venus vivre chez les Olympiens.

— Beurk, j’ai horreur de mon ancien prénom, déclara Kylie. Thrud rime trop avec crotte. Mon ancêtre était sûrement une femme intéressante, mais je préfère de loin Kylie Sanders. Ça a beaucoup plus de punch.

— Et moi, Ullr m’intimide… marmonna son frère. Je n’ai rien de glorieux. C’est un ancien mot pour gloire, en fait.

Il s’était tourné vers les autres pour leur expliquer pourquoi il n’aimait pas son nom d’origine. Misaki hocha la tête lorsqu’elle entendit son explication.

— Pourtant, tu combats à l’arc et les flèches, comme ton grand-père Ullr, dit Athéna. Je trouve cela marrant, pour être franche avec toi…

Elle plissait des yeux et observait son neveu adoptif d’un air impertinent.

— Mais bon, tu fais comme tu veux, ajouta-t-elle.

Flint avait une question qui lui chicotait depuis un moment, il demanda donc :

— Au fait, il s’est passé quoi avec le Valhalla ?

Le visage de la princesse s’assombrit. Elle secoua la tête et s’approcha un peu plus des Sanders, pour ensuite mettre ses mains sur leurs épaules.

— Vous avez devant vous les derniers survivants des dieux scandinaves, déclara celle-ci. Leurs semblables ont tous péri durant la grande guerre contre les démons. Pour cette raison, nous avons adopté ces deux-là dans nos rangs.

— Oh… constata son fils. Je suis désolé de l’apprendre.

Scottie et Kylie détournèrent leurs regards, à la fois chagrinés mais honteux que leurs amis apprenaient toute leur histoire ainsi.

— Ce n’est pas tout, mais nous devons vraiment partir, maintenant, dit Athéna. Je constate que vous êtes tous en pleine forme et que vous pouvez bouger par vous-même. Comme je l’ai dit, vos anciens vêtements, votre équipement et les esprits élémentaires vous attendent à la salle des portails. Je vais donc vous demander de mettre ces bandeaux et de tenir la main de vos guides…

À cet instant, une dizaine d’anges entrèrent dans la pièce. Ils mirent les tissus autour des yeux des membres de la Septième Brigade et de Lucas pour ensuite prendre leurs mains. La princesse et ses servantes les guidèrent ensuite avec leurs voix et ils marchèrent le long d’un couloir, puis un autre, et encore un autre, jusqu’à ce qu’ils arrivent à une salle blanche, très éclairée. Les guides quittèrent la pièce après avoir repris les bandeaux.

Flint remarqua qu’un animal s’était approché de lui pour lui lécher la main. Il baissa son regard pour remarquer Dia, de bonne humeur. Il lui caressa la tête et elle se transforma en épée, entre ses mains.

Devant eux se tenait un gigantesque portail d’où une magie puissante résonnait avec tous les membres du groupe. Il était relié à un ordinateur et plusieurs machines. Devant ce dernier se tenait un grand homme châtain aux yeux verts que la plupart des membres de la Septième Brigade reconnurent aussitôt.

Il les salua d’un signe de main et lança :

— Salut tout le monde ! Je vous ai manqué ?

Soudain, Flint et Luna s’élancèrent en direction de leur vieil ami. Puis, ils furent interrompus par plusieurs gardes du corps qui se plantèrent devant eux. Le plus grand des soldats les toisa et pointa une lance vers le capitaine, qui figea sur place.

— Faites attention à ce que vous faites ! bougonna l’ange imposant. Devant vous se tient Sa Majesté le Roi Zeus. Vous devez vous tenir à l’écart. C’est un ordre !

— C’est faux ! tonna Flint. Cet homme est nul autre que mon Oncle Nash !

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