98.5 - Utopie

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— Oh mon dieu ! Je suis en retard ! lança une jeune femme blonde qui entra dans une grande salle remplie de pupitres et d’employés. La patronne va me chauffer les fesses… Vite, il lui faut son café et son muffin… !

Elle était vêtue d’une simple chemise blanche avec une jupe noire. Ses yeux étaient cernés, elle avait mal dormi la nuit dernière à cause d’un terrible cauchemar dont elle n’arrivait même pas à se souvenir. La demoiselle n’avait mis qu’un peu de maquillage, ce matin-là, tellement elle avait été pressé de quitter son appartement.

— Bon matin, Diana ! lança l’un de ses collègues de travail.

— Bon matin Louis, pas le temps de parler !

— Fais vite, la patronne s’en vient…

Diana Kingston était l’assistante de la présidente-directrice générale d’un journal local. Sa supérieure était reconnue pour être très exigeante et on l’avait surnommée l’Ogresse, tellement elle pouvait être mesquine et dangereuse envers les gens qui lui manquaient de respect.

La blonde se rendit au comptoir à café et prépara un double expresso, et ramassa le muffin du jour. Ensuite, elle se dirigea vers le local de son employeuse et déverrouilla la porte de cette dernière. Elle entra et déposa le café bouillant sur son pupitre, ainsi que sa collation. L’assistante avait dans son sac à main une clé USB qui contenait tous les articles que les reporteurs lui avaient envoyés durant la veille. Elle appuya sur un bouton de l’ordinateur de la patronne et y installa le petit accessoire avant de sortir du bureau.

Une fois sortie de la petite pièce, Diana tomba nez à nez avec une grande dame aux allures strictes. Elle portait un simple ensemble gris foncé, avait attaché ses cheveux en chignon et portait des lunettes noires. Son rouge à lèvres écarlate était brillant, ce jour-là. La supérieure de la blonde esquissa un petit sourire en coin.

— Bon matin, Madame Sawyer, dit l’assistante. Votre café et les articles de vos employés vous attendent sur votre bureau.

— Ah Kingston… que ferais-je sans vous ? répliqua la dame aux allures sévères. Avez-vous au moins ramassé mes habits au pressing, comme je vous l’avais demandé ? N’oubliez pas mon rendez-vous avec Monsieur le Maire, cet après-midi. Tout doit être impeccable pour mon entrevue.

La blonde rougit timidement et baissa sa tête honteusement.

— J’ai oublié tout ça dans ma voiture, madame. Puis-je aller le chercher ?

Lisa Sawyer leva les yeux vers le plafond et expira pour ensuite pointer la porte de sortie derrière elle.

— Allez-y, mais faites vite. J’ai besoin de vous pour préparer le reportage que nous allons publier sur internet, à midi.

— Oui madame ! Tout de suite, madame !

Cette directrice de l’une des gazettes les plus populaires d’Ottawa observa la blonde marcher à une vitesse hallucinante vers la sortie. Elle prit une grande respiration et salua ses employés avant de se diriger vers son bureau. Ensuite, elle s’installa confortablement et déposa son petit sac à main sur son pupitre.

— Bon, voyons voir ce café… dit-elle avant de prendre une gorgée.

Elle recracha ce qu’elle avait goûté, dans sa corbeille à papiers et jeta aussi le verre en carton. Elle secoua la tête, puis ouvrit les documents que son assistante lui avait insérés avec sa clé USB, sur son ordinateur. Le regard de la journaliste s’arrêta toutefois sur le portrait d’elle et de son mari, qu’on avait attaché en face de son pupitre, au mur. C’était leur photo de mariage. Elle avait été posée dans une jolie robe blanche et son époux avait porté un élégant smoking. Ce dernier avait de jolis yeux dorés et une longue queue de cheval noire avec une barbe fraîchement rasée.

Finalement… cette nouvelle vie n’est pas si mal, se dit la présidente qui esquissa un sourire. Au moins, la petite princesse m’obéit au doigt et à l’œil… Qui plus est ? Je suis mariée avec Thane. Les gars qui travaillent pour nous au Conclave connaissent très bien mes goûts… Ils ont bien fait de conserver mes souvenirs… J’apprécie tout le travail qu’ils ont fait pour nous. Maintenant, c’est à notre tour de faire vivre un cauchemar à ces fils de putes d’olympiens. Athéna… Athéna… Tu vas en baver, ma chienne… Hahaha… !

L’assistante revint un instant plus tard avec la tunique rose et le pantalon chic que Lisa Sawyer lui avait fait repasser la veille. Elle était essoufflée. Les deux morceaux de vêtements étaient recouverts d’un plastique protecteur.

— Veuillez le poser juste là, Kingston, fit la présidente du Maple Leaf’s Gazette, qui pointa la chaise des invités. Comment va votre mère ?

— Très bien, Madame Sawyer. Pourquoi cette question ?

— Oh, je me demandais si elle ne pourrait pas nous préparer de son fameux cheesecake à la cerise pour la réception de la semaine prochaine. Nous devons rencontrer un client important pour la gazette et j’ai entendu dire qu’il adore ce genre de dessert.

— Vous voulez le soudoyer, pas vrai ? répliqua Diana, compréhensive. J’en parlerais à ma mère, c’est promis.

— Je vous en remercie. Maintenant, veuillez m’excuser, mais j’ai du travail à faire.

La blonde au regard pétillant salua sa patronne et partit s’asseoir à son pupitre, tout près de la porte du bureau de sa supérieure.

Alors qu’elle allumait son ordinateur, elle eut l’image d’une ville en flammes, qui apparut dans son esprit. Elle revoyait les anges dans son cauchemar de la veille. La dame avait couru et lutté pour sa vie. Tout était si flou dans son esprit, mais cela avait semblé si réel ! Elle prit une gorgée de son propre café en silence et ouvrit une fenêtre de son courrier électronique.

Dans sa boîte de courriels, elle avait un nouveau message. Elle se rendit compte que c’était un pourriel. Quelqu’un à l’identifiant d’Arthur Sage essayait de la rejoindre pour la troisième fois cette semaine-là.

« Je dois absolument vous parler. La vie de notre famille et de nos amis en dépend. Je vous prie de me répondre et d’accepter un rendez-vous au 15e appartement de Baldt Street, le 30 juin 2018. »

Diana effaça cette lettre et bloqua l’utilisateur. Elle n’avait pas de temps à perdre avec des types louches de ce genre. Ensuite, elle jeta un coup d’œil à son café et le renifla. L’assistante trouvait aussi que ce café avait très mauvais goût. Elle le jeta à la poubelle et retourna à la lecture de ses courriels, un sourire aux lèvres.

À suivre dans le Volume 3 : Les Enfants d'Athéna.

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