115.4 - Une pause bien méritée

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La déesse se gratta le bout du nez et fronça des sourcils.

— Qu’allons-nous faire, dans ce cas ? formula-t-elle. Tu le sais bien que ma priorité pour le moment, c’est de réclamer le Saint Royaume et de nettoyer le Conclave…

— Tu veux tous les exécuter, c’est ça ?

— Si c’est la seule option qu’il nous reste, pourquoi pas ? Une guerre ne se gagne pas toujours avec une poignée de main.

— Mais as-tu perdu la tête ?! Depuis quand es-tu devenu aussi… froide ?

— Il y a plein de choses que tu ignores de moi ! lui reprocha son interlocutrice. Crois-tu encore que c’est une bonne idée de retomber amoureux d’une femme qui n’est même pas capable de gérer une situation aussi importante ?!

Elle le toisa avec défiance. Celui-ci s’approcha d’un pas et la fixa en silence.

— Tu te comportes comme une gamine immature, remarqua l’ex-président. On dirait Flint tout craché. Je commence à comprendre pourquoi il m’a donné du fil à retordre…

— La gamine immature t’a ramené d’entre les morts parce qu’elle savait que tu saurais gérer une armée et que tu as une tête sur les épaules…

— Si j’avais su que l’image que je me faisais de toi était si fausse, jamais je n’aurais souhaité te revoir. J’aurais préféré rester mort. Tu me déçois… Je ne te reconnais plus.

Furieuse, Athéna s’apprêta à le gifler violemment, mais elle s’arrêta à mi-chemin et grogna. Elle poussa le mage contre un mur et le fusilla du regard. Il l’observa en retour, pendant quelques secondes. Celui-ci était frustré envers la princesse, mais voir cette expression sur le visage de cette dernière le fit glousser.

— Je ne vois pas ce qu’il y a de marrant, bouda Athéna.

— Maintenant, je me souviens pourquoi je suis tombé amoureux de toi… Tu es follement mignonne, même quand tu t’emportes.

Athéna rougit et recula d’un pas.

— Mais je suis une dame… Je n’ai rien à voir à une gamine…

— Pourtant… tu as l’air si jeune qu’on pourrait te prendre pour une adolescente, vu ta petite taille. Tu passerais presque pour la grande sœur de notre belle Estelle.

— Tu ne dis ça que pour me faire plaisir, pfft…

Elle gesticula une main en l’air et mit l’autre dans l’une de ses poches.

— J’ai eu le temps d’en parler avec les autres et j’ai cru comprendre que vous possédez des machines au Saint Royaume qui permettent de modifier nos apparences, reprit Artael. Ça doit sûrement expliquer pourquoi tu gardes une apparence si jeune.

— Oui, mais ça n’a rien à voir. Les dieux vieillissent très lentement. Je suis l’une des plus jeunes olympiennes qui soient encore actives. J’ai vécu plusieurs millénaires, après tout ! Oh… maintenant que j’y pense, il est vrai que je pourrais passer pour une humaine au début de sa vingtaine… Comme c’est embêtant…

— Et dire que j’ai dépassé la cinquantaine…

Son interlocutrice secoua la tête et passa une main sur le visage ridé d’Artael.

— Tu as toujours été bel homme, Artie. Quelques cheveux blancs ne changeront pas l’attirance que je ressens pour toi. Et puis… tu es beaucoup plus responsable qu’à l’époque où on s’est connu, ça c’est certain.

Tendrement, le mage posa sa propre main sur celle d’Athéna.

— Tu m’as tellement manquée, Diana… soupira-t-il.

Les lèvres de la déesse tremblèrent. Elle ne s’était pas rendu compte que sur ses joues coulaient des larmes. Toute la tristesse accumulée par la princesse, au fil des trente dernières années, commençait à se manifester. Il avait réussi à la secouer psychologiquement parlant, ce qui n’était pas facile pour la plupart des gens qui la fréquentaient. On la connaissait pour son attitude assez bornée, en plus de son esprit créatif. Artael était l’un des seuls hommes qui arrivait toujours à la séduire.

— On fait quoi, maintenant ? dit-elle, enlaçant son grand ami.

— Je veux rattraper le temps perdu, répondit le mage. Je veux passer le reste de mon existence à tes côtés, peu importe ce qui en coûte.

— Tu es aussi borné que ton fils, gloussa-t-elle.

— Je crois que tous les Markios partagent ce trait.

Il lui sourit, sachant qu’il avait dit la même chose à la dame, un instant plus tôt.

— T’as conscience que le reste de ton existence sera probablement une éternité, pas vrai ? reprit Athéna.

— Si cela peut me permettre d’être à tes côtés, je le ferais ! Je te serais fidèle et ensemble, nous régnerons sur le Saint Royaume !

— Mais j’ai déjà promis ces terres à ma sœur…

Elle ricana et passa ses doigts sur le duvet qui poussait là où devait normalement se trouver la barbe d’Artael.

— Dans ce cas, nous veillerons sur Célestia ensemble lorsqu’elle sera reconstruite !

— Oulalah ! C’est que tu es persistant, ma parole…

— S’il te plaît, ma douce… penses-y. J’ai toujours voulu t’épouser… Ça ne changera jamais. Je souhaite de tout mon cœur que nous fondions la famille dont tu as toujours rêvée. Je veux vivre et mourir à tes côtés… encore et encore…

— Oh… Artie…

Elle bondit vers lui, entoura celui-ci avec ses bras et l’embrassa. Il lui rendit son baiser et ils tournoyèrent près du mur, se bécotant partout. Elle avait envie de cet homme, plus que tout. De vieux souvenirs refaisaient surface alors qu’il descendait le long de son corps. Elle ressentit les lèvres du mage qui se baladait sur son torse et gémit de plaisir.

Les traits physiques du blond changèrent légèrement pendant ce temps. Ses rides disparurent et ses cheveux blonds pâle avaient été remplacés par une couleur dorée plus foncée. Il avait rajeuni d’une vingtaine d’années en l’espace d’une minute.

— Prends-moi… demanda la déesse.

— Avec plaisir…

Ils s’enlacèrent pendant un instant, tandis qu’ils échangeaient de tendres regards. Ils finirent par s’éloigner vers le couloir des dortoirs et entrèrent dans une chambre vide où ils enlevèrent leurs vêtements rapidement. Pendant qu’ils réapprenaient à se connaître, ils ne s’étaient pas rendu compte de la lumière sous le cadre de porte de la pièce d’à côté.

¤*¤*¤

Luna n’arrivait pas à dormir, alors elle lisait tranquillement. Assise sur son lit, elle pouvait entendre les gémissements du couple. Athéna gémissait de plaisir, ce qui fit rougir la pauvre magicienne qui referma son livre.

Moi qui pensais en avoir fini avec tout ce sexe ! pensa-t-elle. Je n’en reviens pas. Maître Artael n’a-t-il donc aucunes gênes ?

Elle rougit davantage, lorsqu’elle imagina la déesse qui se faisait emboîter par son professeur de magie. La magicienne se tapa les joues et décida de sortir de sa chambre afin d’aller se servir une tasse de thé au réfectoire. Quand elle passa devant la porte du couple, elle entendit la blonde qui lâcha un cri primal.

L’experte de la magie du feu figea sur place. Son aversion pour les parties de jambes en l’air ne faisait qu’empirer. Et dire qu’adolescente, elle avait tendance à penser au sexe, par curiosité… Elle décida d’ignorer ces bruits perturbants et continua son chemin. Elle avait remarqué les tensions sexuelles entre l’ex-président et la princesse, au cours de la journée. Heureuse pour ces derniers, elle ne pouvait pas s’empêcher de regretter d’être passagère à bord du même vaisseau que tout le monde. Il lui faudrait bientôt se trouver de quoi bloquer tous ces bruits gênants.

C’est un miracle que Flint et Gabriel n’aient encore rien fait… soupira-t-elle. Je vais devoir proposer une règle à tout le monde, afin que nous puissions dormir en paix. Pas de sexe avant d’avoir fini cette guerre… Mouais, ça serait bien…

Luna bailla et se dirigea au réfectoire. Lorsque la porte s’ouvrit, elle vit avec horreur Scottie et Wyatt qui faisaient l’amour. Tous deux s’appuyaient sur le comptoir, interrompus dans leur acte.

La magicienne déglutit, les yeux écarquillés. Elle refusait de croire ce qu’elle voyait.

— Non… mais je rêve ?! s’exclama-t-elle. Vous êtes répugnants !

Furieuse, Luna fit volte-face et se mit à lancer des jurons. Elle retourna rapidement dans sa chambre. La pauvre jeune femme en avait marre de tout ça.

Ébahis, Scottie blanchit comme un drap alors que Wyatt rougit honteusement. Le mage ne s’était toujours pas retiré de son époux.

— Je t’avais pourtant dit que c’était une mauvaise idée… soupira Wyatt.

— Ce n’est pas ce que ton petit oiseau me chante, gloussa Scottie.

— En effet ! Continuons… Ton nid est très confortable…

Il tapa l’arrière-train du cuisinier et reprit son élan. Pour eux, cette soirée endiablée et torride ne faisait que commencer.

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