118.2 - Période d'adaptation

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L’éclaireur se leva, mais il était tellement étourdi qu’il tomba en bas de sa chaise. Wyatt trouvait cette vision lamentable. Il quitta son banc et contourna le comptoir avant d’aller aider Scottie à se relever. Ce dernier lui donna quelques claques au torse ; il était furieux envers lui. Cependant, la puissance du jumeau était telle que le mage avait l’impression de ressentir des pattes de mouches sur sa peau.

— Tu m’as manqué, connard… grogna Scottie dans son délire. Hic !

— Je ne suis pas stupide, mais je vais laisser passer cette insulte, parce que je t’aime toujours. Maintenant lève-toi et suis-moi.

— Pourquoi… t’acharnes-tu sur moi ? ricana son interlocuteur. Tu veux te battre, c’est ça ? Hic ! Je te préviens que je suis… ceinture noire… en judo…

L’éclaireur recula rapidement fit craquer ses jointures de doigts. Il se plaça en position offensive et fonça tout droit en direction du mage. Wyatt évita ce dernier, mais le pauvre jumeau trébucha et tomba tout droit sur une grande table ronde qui fut déplacée sous l’impact. Scottie, confus, ne comprenait plus où il en était.

— T’es toujours aussi beau… même avec ton haleine de poivrot, remarqua l’expert des eaux. Faudrait vraiment que tu songes à te brosser les dents, chéri.

— Mêle-toi de tes affaires… hic ! J’te déteste…

Le mage souleva son partenaire avec une bulle magique qui éclata dans les airs. Il rattrapa celui-ci dans ses bras, dont le visage se reposa contre sa poitrine.

— Allons, Scottie, tu n’as pas besoin de te saouler la gueule, mentionna Wyatt. Je suis là, maintenant… Tout ira bien.

— Je… commença son interlocuteur.

Le grand homme se tourna le visage dans une autre direction, pour éviter de viser celui qui le tenait dans les bras. Il éjecta tout ce qu’il avait dans l’estomac.

— Charmant, poursuivit son sauveur. Je vais devoir nettoyer tout ça avec une serpillière.

— De toute façon… tu es… l’esclave des concierges, se moqua l’éclaireur.

Il pouffa de rire et retourna son attention vers son époux qu’il n’avait pas revu en trois longues semaines. Scottie vit que sa chevelure était différente et passa une main derrière celle-ci. Il grimaça. La queue de cheval lui manquait.

— Bouuh… c’est bizarre, cette tête…

— Tu as besoin de repos, remarqua le mage.

— Embrasse-moi…

L’ivrogne approcha ses lèvres de son époux qui le repoussa avec ses doigts.

— Oh ça non, fit ce dernier. Pas avant que tu te sois brossé les dents.

— Méchant…

Wyatt roula des yeux et se pencha quand même pour embrasser le front du jeune homme affaibli par la malnutrition et l’alcool. Scottie gloussa et décida de se reposer dans les bras de celui qu’il aimait. L’expert des eaux décida donc de porter celui-ci jusqu’à l’infirmerie. Quand il sortit du réfectoire, il croisa Luna qui décida de l’accompagner. Elle était soulagée de voir que quelqu’un avait enfin réussi à sortir l’éclaireur de sa crise.

Le 27 juillet 3918 AD, soit le jour même où Scottie avait cessé enfin de boire, Flint revenait de mission dans la salle du portail. Il était accompagné de Gabriel, Lucas et Shayne. Ils transportaient deux grosses caisses remplies d’ingrédients qu’ils étaient partis chercher sur une planète. Ils avaient profité de cette occasion pour étudier la faune de ce monde étrange et avaient malheureusement compris qu’ils ne pourraient pas y vivre. La plupart des créatures qui y vivaient étaient géantes.

— Ouf, on a failli se faire dévorer par ce gros chat… s’exprima Gabriel qui s’essuya le front, recouvert de bave visqueuse.

Le colosse venait de déposer sa caisse de légumes sauvages à ses pieds. Une énorme créature qui ressemblait à un croisement de lion et de tigre, l’avait pris pour un morceau de viande. Au moment même où il avait recouvert tout le corps du gros guerrier, l’ex-vampire lui avait lancé une sphère ténébreuse en pleine figure. Le monstre fut obligé de prendre la fuite.

— Merci encore de l’avoir sauvé, formula Flint au général.

— Pas de quoi, répliqua son supérieur. Au moins, nous savons maintenant que ce monde est dangereux pour nos formes actuelles. Je vais devoir le mentionner dans mon rapport.

— Nous n’aurons qu’à régler le portail afin de nous transformer, la prochaine fois, proposa Lucas. Mais pour être honnête avec toi, je préfère rester comme je suis.

— Mm hmm, répliqua son frère. Nous ne connaissons pas toutes les races d’Acrylos, de toute manière. Luna n’a pas pu nous faire un rapport complet, malgré le fait que nous avons envoyé trois sondes. On va devoir rajouter la race de ce félin quelque part…

— La bonne nouvelle, c’est que l’air est respirable pour nous, fit le général. Même un être humain pourrait y survivre, s’il possédait de bonnes armes.

Les quadruplés hochèrent leurs têtes en même temps, alors qu’ils déposèrent leur caisse de légumes sur une table, pas très loin du grand portail.

— Cette sortie m’a fait du bien, en tout cas ! s’exclama le gros barbu. Ça m’a même creusé l’appétit ! Je me demande quelle sorte de plats je pourrais bien préparer ce soir. On va devoir se servir des machines pour recréer quelques viandes, j’en ai peur.

— En même temps, le réacteur du Célestia a été beaucoup utilisé en dix ans, rétorqua Shayne. Il est presque vide, d’après Athéna. Nous allons devoir le laisser se recharger, quelque temps. Je me contenterais des légumes pour ce soir.

— Beurk… Je n’aime pas l’idée de me convertir au végétarisme pour survivre.

Cette conversation le déprimait.

La viande qu’il créait avec l’art de la magitechnologie n’était pas aussi savoureuse que celle qu’on achetait normalement dans les grands marchés. Il réussissait à concocter de très bonnes recettes, mais ça n’avait pas la même consistance et saveur, selon lui. Ses amis ne s’en plaignaient guère, car ils étaient conscients que même la magie ne pouvait pas tout régler. Ce fut pour cette raison que le cuisinier avait proposé à Athéna de les emmener à une planète remplie de végétaux, où ils pourraient y cueillir des légumes et s’entraîner en même temps. Elle avait accepté.

— Nous devrions quand même analyser ces aliments dans nos laboratoires, déclara le colosse. Si la plupart d’entre eux sont dangereux pour notre consommation, ça serait bien de le savoir. Qui veut m’aider à les transporter ?

— Je vais y aller avec toi, répondit Flint. Occupe-toi de ta caisse, je vais prendre l’autre.

Le guerrier bedonnant observa son mari et fronça des sourcils.

— C’est quand même assez lourd pour une personne, commenta Gabriel. Tu devrais demander de l’aide, non ?

— Allons ! Si tu es capable de le faire tout seul, je peux très bien le faire !

Le capitaine donna deux tapes amicales sur le ventre de son bien-aimé et lui afficha son plus beau sourire. Il se pencha aussitôt et tenta de soulever la boîte en question, en y mettant toute sa force. Au bout de quelques secondes, il se releva et se plaignit.

— Ouille ! Mon dos…

— Je t’avais pourtant dit de demander de l’aide à quelqu’un…

L’ex-vampire, amusé, fit signe à Lucas de l’aider. Tous deux prirent le contenant près de Flint et le traînèrent en dehors de la pièce. Pendant ce temps, Gabriel ramassa le sien, qu’il transporta sur une épaule. Alors qu’il souffrait toujours, le pauvre blond n’arrivait pas à se redresser. Le colosse secoua la tête et empoigna son époux au passage, qu’il transporta sous un bras.

Une fois au couloir, ils tournèrent à leur droite et annoncèrent leur retour aux gardes qui circulaient. Ils se rendirent alors en direction de l’infirmerie, où était jumelé une salle de laboratoire pour les spécialistes de la santé et les chimistes.

Luna bondit en bas de son banc lorsqu’elle vit le petit groupe passer devant la porte de la pièce réservée aux gens en convalescences. Elle veillait sur Scottie, alors qu’il dormait, en compagnie de Wyatt qui faisait un mot croisé.

— Ah ! Vous êtes de retour ! fit cette dernière qui s’approcha du quatuor. Il s’est passé quoi avec Flint ? Il a l’air tout pâle…

— Mes côtes… brailla celui-ci.

— Notre chère banane a encore oublié sa vieille blessure de guerre, expliqua Gabriel qui baissa son regard vers la magicienne. Tu sais, sa fracture ? Elle a bien guéri, seulement il ne peut plus rien lever de lourd.

— Pauvre petite chose…

Le sarcasme de la demoiselle n’impressionna guère le capitaine de la Septième Brigade qui se croisa les bras, alors qu’il l’observait.

— Allons, Flint, rigola Luna. Ne fais pas cette tête. Cassandra va te soigner ça en deux temps trois mouvements. Je peux même jeter un œil sur ta blessure, si tu le souhaites !

— Sans façon, ronchonna le grand blond. La dernière fois que tu as essayé de me soigner, tu m’as planté un scalpel près de la cuisse et j’ai encore la marque pour le prouver. Si tu veux vraiment devenir soigneuse, étudie plus sérieusement…

— Mais c’était un accident… Je ne pouvais pas prévoir que mon éternuement allait causer autant de dégâts. Et puis je te signale que tu étais dans le chemin de Misaki lors de son entraînement, alors tu es aussi fautif que moi.

Le blond souffla de l’air chaud de ses narines et regarda ailleurs. Un an avant leur départ pour Lanartis, Flint avait surpris la guerrière albinos au beau milieu d’un entraînement avec quelques élèves de l’académie militaire. Tout cela s’était passé dans la cour du palais présidentiel.

Elle avait d’abord lancé un sort de pierre vers une cible en bois, puis lorsque celui-ci était sorti de l’immeuble par la porte des employés, un résidu du sort avait ricoché jusqu’à sa jambe gauche. La roche tranchante était rentrée dans sa peau et s’était coincée. Le pauvre capitaine n’avait été capable d’enlever l’objet de sa blessure, alors il avait sautillé jusqu’à l’infirmerie où Luna s’était occupée de lui, d’urgence.

Alors qu’il repensait à cette anecdote, Flint pouffa de rire. La magicienne l’imita.

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