120.1 - Le blond et son colosse

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Flint passait une horrible soirée. Ce qui s’était passé avec Athéna l’avait mis dans tous ses états. Dans une transe étrange, il venait de faire l’amour avec Gabriel qui ne s’était pas aperçu de son changement de tempérament. Après s’être échangé plusieurs mots doux, sous la douche, le colosse avait compris que quelque chose n’allait pas.

Gabriel leva le visage de Flint d’un doigt et remarqua qu’il avait les lèvres tremblantes. Le blond enfonça son visage dans le torse de son meilleur ami et pleura sans se retenir. Incertain de ce qui avait poussé celui-ci à réagir de la sorte, le gros guerrier décida de nettoyer rapidement les cheveux du blond, avant de le serrer dans ses bras.

— J’ai tué ma mère… hoqueta l’homme aux cheveux dorés.

— Hein ? Mais non… Elle est toujours vivante, on l’a même vu passer dans les couloirs, plus tôt… Qu’est-ce que tu racontes ?

— Tu ne comprends pas… j’ai coupé les ponts avec elle. Elle n’existe plus pour moi. Elle est morte, tu m’entends ?! C’est une traîtresse… Une manipulatrice… une g…

Il sanglota de plus belle. Gabriel venait de comprendre qu’il avait eu une dispute avec Athéna. Ensuite, Flint avait choisi de faire l’amour avec lui pour se changer les idées. Le gros barbu soupira avant de rouler les yeux.

— Tu n’arrêtais pas de te plaindre d’elle dernièrement, expliqua-t-il. Je le sentais bien que tu allais finir par péter un câble.

— Nous ne sommes… que ses pions… brailla le blond.

Gabriel prit une grande inspiration par les narines. Il relâcha le tout, doucement. Ils avaient eu cette conversation plusieurs fois au cours des dernières semaines. Il avait déjà deviné que les récentes révélations en ce qui concerne les manipulations psychiques avaient perturbé son mari. Ce qu’il ignorait, par contre, allait bientôt lui faire grincer des dents. Flint lui dévoila donc la conversation et comment Hypnos était responsable de la rupture de Scottie et Wyatt. Ensuite, il lui raconta toute la bile qu’il avait déversée sur sa mère, tandis que le colosse lui savonnait le dos.

— Il vaudrait mieux qu’on se tienne loin d’elle pour quelque temps, soupira Gabriel.

— Tu déconnes, rechigna le blond. Je ne veux plus rien savoir de cette monstrueuse personne ! Je veux m’en aller loin d’ici et ne plus jamais regarder en arrière…

— Tu manquerais à ton devoir, chéri.

— Je n’ai plus de pays, ni de nation, ni de planète à protéger, protesta son interlocuteur. Je n’ai que vous et je m’en fiche du reste !

L’ex-golem était conscient que Flint avait de plus en plus de crises d’anxiété, dernièrement. Ce qu’il avait dit à sa mère était suffisant pour déclencher l’une d’entre elles. Il faudrait qu’il en parle à Cassandra, afin qu’elle puisse rectifier la dose d’antidépresseurs qu’elle fournissait à son mari. Elle se souvenait exactement du médicament qu’il prenait à l’époque, mais elle n’avait rien d’une psychiatre. La guérisseuse se fiait toutefois à ses cours et à la grandeur et le poids du capitaine, afin de lui préparer des ordonnances en fonction de ses besoins. Pharmacienne à temps partiel, soigneuse et docteure, elle n’avait pas de temps libre pour elle, dernièrement. Les passagers du Célestia étaient chanceux de l’avoir parmi eux. Beaucoup de gens avaient besoin de ses services.

— Écoute… fit Gabriel.

Il mit ses mains sur les épaules légèrement musclées de son époux et le fixa droit dans les yeux. Celui-ci n’avait d’autre choix que de lever son visage vers lui.

— Cette crise va passer, continua-t-il. Prends une grande respiration.

L’ex-golem bomba le torse et laissa l’air entrer. Flint l’imita. Un instant plus tard, ils relâchèrent le tout, en même temps. Ils recommencèrent une autre fois.

— Je m’assurerais que ta mère ne vienne pas te déranger pour quelques jours. Laissons les choses se calmer et après, on verra ce qu’on pourra arranger. D’accord ?

Le blond hocha la tête, silencieusement. Il cessa de pleurer. Son cœur était rempli de rage, mais surtout de désespoir. Comment une mère pouvait-elle agir ainsi envers ses enfants ? Ou plutôt une déesse envers ses créations ?

Pourquoi nous a-t-elle trahis ? pensa Flint.

Ces mots, il se les répétait constamment depuis une demi-heure. Gabriel serra son époux contre lui, afin de le réconforter. Au bout d’un moment, le capitaine de la Septième Brigade plaça une mèche folle derrière l’une de ses oreilles et lui dit :

— Je m’ennuie de Nash. Lui, au moins, ne nous prend pas pour des cons. J’imagine qu’il serait aussi offusqué que moi d’apprendre ce qu’elle a fait.

— Tu l’as dit toi-même, ta mère manque d’expérience avec les humains. Les règles sont tellement différentes chez elle que la plupart des dieux doivent en baver lorsqu’ils doivent interagir avec eux. La bonne nouvelle, c’est qu’ils ne sont pas tous comme ça… enfin, comme elle. Il y a des gentils dieux comme il y en des mauvais…

— Je me répugne…

Flint trembla, horrifié. Il se prit les épaules, et se pencha légèrement vers l’avant. Il avait envie de disparaître, honteux de ses actes. Pour lui, le simple fait d’être l’enfant d’une déesse aussi problématique, le rendait malade. Sa conscience lui murmurait des méchancetés, car il s’en voulait d’avoir hurlé ainsi à sa mère. On l’avait élevé dans la politesse, mais ce dernier avait toujours conservé un brin de malice, en grandissant. Cette soirée était donc pour lui, un événement dont il ne se remettrait pas de sitôt. Gabriel lui caressa le dos, pour essayer de réconforter son époux de son mieux.

— Alors quoi… ? Est-ce qu’on est destiné à imiter ces dieux irresponsables et cruels pour ensuite ruiner l’existence des mortels ? formula Flint. Allons-nous devenir aussi fous et manipulateurs que ma mère… ?! Je ne veux pas finir comme elle !

— Rien ne t’oblige à suivre sa voie… Te souviens-tu des nombreux messages qu’on nous avait laissés au départ, quand nous venions à peine d’arriver au nouveau monde ? La plupart d’entre eux nous disaient…

Il n’avait pas besoin de mentionner le reste. Le blond hocha la tête.

— Ils disaient que nous devions gérer l’humanité différemment, de ne pas forcément employer la méthode du Saint Royaume…

— Voilà, répondit Gabriel. Nana savait que l’ancienne méthode était démodée parce qu’elle en a fait partie depuis plusieurs siècles. N’oublie pas qu’elle était membre d’un groupe révolutionnaire, là-bas. Elle n’a jamais eu une once de méchanceté en elle. Elle est seulement horriblement maladroite. Tout comme toi, elle a peur. Vous êtes pareils sur plusieurs points. Vous improvisez constamment quand vous ne savez pas comment régler vos problèmes. C’est un peu ça, la tâche d’un dieu.

Quand il réalisa son erreur, Flint figea sur place. Comme toujours, le colosse agissait comme seconde conscience pour lui. Le capitaine se tourna contre un mur de la douche et se dégagea de son époux, pour ensuite se cogner la tête à quelques reprises. Gabriel était surpris de le voir agir ainsi.

— Abruti ! grogna le blond. Crétin ! Monstre !

Le colosse décida de fermer les robinets, car ils avaient déjà passé beaucoup de temps à se laver. Ils attendraient un peu avant d’utiliser d’autre eau pour se rincer. Après tout, cette eau appartenait à tout le monde à bord du Célestia.

— Écoute, chéri. Je connais Nana depuis plus longtemps que toi. Il est vrai que ce qu’Hypnos a fait, sous ses ordres, est vraiment répugnant, mais n’oublie pas que nous ne sommes pas formés pour combattre l’armée du Saint Royaume. J’y ai vécu moi aussi et je sais parfaitement où elle veut en venir. Leur monde a été construit autour d’une puissante masse de création, donc tout part de cet endroit. Le reste de l’univers a été construit à partir du vaste château où ils vivent tous.

— Qu’est-ce que ça change… ? Je ne comprends pas…

— C’est compliqué à expliquer, mais disons que la création est mère de tous les éléments. Pour cette raison, la magie est très puissante, là-bas. Le mana est beaucoup plus abondant. Tous ceux et celles qui y vivent depuis de nombreuses années ont acquis beaucoup d’expériences et de connaissances magiques. Voilà pourquoi notre nouveau Conseil s’inquiète. J’ai vécu aux côtés d’Athéna en tant qu’assistant. Je la comprends…

Flint ferma les yeux, secoua ses poings de chaque côté de sa tête et grogna.

— Merde… pourquoi faut-il toujours que tu compliques ma relation avec ma greluche de mère ? Je déteste que tu aies toujours raison ! Raaaaaah…

— Je n’essaie pas de la défendre. Je comprends parfaitement pourquoi tu es en colère. Je t’explique seulement pourquoi certains dieux agissent comme ils le font. Tu as le droit de lui en vouloir. Seulement, n’oublie pas que tu es son dernier espoir. Elle a tant désiré que les choses changent au Saint Royaume…

— Arrête… merde, couina le blond. Je vais mourir de honte…

Le blond se mit à pleurer encore une fois et enfonça son visage dans la poitrine de son partenaire, qui le cajola.

— Chéri, combien de fois vais-je devoir te le dire ? Je t’aimerais toujours, mais parfois tu te comportes comme un idiot. Il va vraiment falloir que tu fasses quelque chose pour régler ton mauvais tempérament. Peux-tu me promettre de faire un effort ?

Flint gémit et produisit un son inaudible que Gabriel traduisit comme une réponse positive. L’ex-golem savait que son mari ne tiendrait probablement pas à cette promesse, car il rechutait souvent dans ses vieilles habitudes. Seulement, le blond savait qu’il avait mal agi et s’en voulait à mort.

— Tu ne trouves pas qu’on a l’habitude de revivre ce genre de chose, avec toi ? taquina le gros guerrier. Tu commets sans cesse ce genre de bêtises et c’est malheureusement moi qui te fais la morale… Pfft… T’es incorrigible, mon mignon.

Le capitaine leva son visage vers son époux et fronça des sourcils en retroussant ses lèvres. Il boudait comme un gros bébé, un tic qui ne le quittait jamais.

— C’est parce que c’est ainsi depuis ma naissance, grogna le blond qui essuya ses larmes. Tu as toujours été là pour moi. Je ne sais pas pourquoi nous sommes toujours mariés. Je ne fais que te causer des migraines et beaucoup de soucis. Tu mérites tellement mieux comme époux…

— Oh ne dis pas de sottises. Tu as besoin de moi autant que moi j’ai besoin de prendre soin de quelqu’un. Cette relation m’a toujours convenu et ce n’est pas sur le point de changer. Tu seras toujours mon petit lapinou en sucre.

Le gros barbu se pencha vers son époux et frôla son nez au sien. Ce petit rituel existait depuis qu’il avait grandi aux côtés des quadruplés. Flint, plus jeune, avait souvent porté un pyjama à motifs de lapins qui possédait un capuchon avec de longues oreilles. Ce présent lui avait été offert par l’une des servantes du palais.

Le blond rougit quand il se souvint de cette période.

— En même temps… il n’y a pas deux types comme toi dans l’univers… déclara-t-il en posant ses mains autour de la taille du colosse. Je serais misérable sans tes précieux conseils… et ton accueillant tour de taille…

Gabriel s’esclaffa à cette dernière remarque. Il décida de s’amuser un peu avec son époux et lui donna un léger coup de ventre. Le blond rebondit sur lui et recula un peu dans la baignoire. Tous deux jouèrent ainsi, pendant un moment. Finalement, ils s’embrassèrent tendrement. Tout cela avait excité le gros barbu, qui recommença à agir tel un gros toutou pour son maître.

— Sinon… est-ce qu’on recommence ? demanda l’ex-golem, qui regarda son époux.

— T’es en forme, ce soir… gloussa le plus petit.

— Mm hmm !

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