121.1 - Le souhait d'Artael

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Les entraînements avaient commencé tels que prévus le 28 juillet 3918 AD. Tous les membres de la Septième Brigade se rendirent à la salle sportive après s’être préparés pour les prochaines heures. Flint brilla par son absence et décida de prendre le portail pour se rendre sur Acrylos, où il partit cueillir d’autres légumes frais pour son équipe. Le vaisseau ne partirait pas avant que le réacteur ne soit rechargé, alors il profitait de cette occasion pour explorer un peu, la planète volcanique.

— Cette planète est chaude, mon doux !

Flint venait de monter une colline à un kilomètre de la zone où il était arrivé. Les scientifiques dans la salle des machines lui avaient ordonné de revenir avant midi, il avait donc ajusté sa montre en conséquence. Il n’avait avec lui que sa bague, dont il se servirait pour stocker les légumes. Maintenant que Luna leur avait dit qu’ils ne causeraient aucun tort à celles-ci, il se ferait une joie de remplir son inventaire, rien que pour faire plaisir aux cuisiniers de son groupe.

Le capitaine jeta un coup d’œil sur la bague en question. À part les végétaux qu’il comptait ramasser plus tard, il possédait déjà une collection d’objets en tous genres : des armes, des morceaux d’armures et même quelques friandises que Scottie lui avaient préparés. Il se dit qu’il devrait tôt ou tard, y faire le ménage. Pour le moment, il avait pour simple mission de récolter les aliments de cette planète.

— Espérons que j’y trouverais les mêmes tomates qu’hier… miam !

Il avait l’habitude de se parler tout seul lorsque personne ne l’observait. Parler dans le vide lui permettait de garder son calme, une habitude qu’il avait adoptée de son époux. Habituellement, Gabriel le suivait comme un chien de poche. Se retrouver sans la présence de son bien-aimé, pour quelques heures, allait lui faire un peu de bien. Il avait besoin de tranquillité et de se rendre utile, puisqu’il refusait catégoriquement de voir sa mère. Il éprouvait toujours de la difficulté à lui pardonner.

— Tiens bon, mon Flint. Plus qu’une dizaine de minutes et t’aura atteint les bois…

Et il disait vrai, car cela lui prit une dizaine de minutes avant de trouver une série d’arbres, au nord des plaines qu’il venait de traverser. Ce secteur approchait les trente-sept degrés Celsius, ce jour-là. L’humidité étant pire que la veille, il ôta son chandail et le stocka dans sa bague magique, il préférait se promener en tee-shirt.

Le blond croisa le même genre de fauve qu’ils avaient rencontré durant la veille. Il l’aveugla avec un jet de lumière bien placé et fit fuir ce denier après lui avoir brûlé les moustaches. La bête le laissa tranquille par la suite. Le capitaine n’avait guère envie de se battre. Il avait simplement besoin de se promener un peu.

— C’est dommage qu’il n’y ait pas de formes de vies intelligentes, ici. J’aurais bien aimé rencontrer quelqu’un. Luna deviendrait folle d’en apprendre plus sur leur culture, si c’était le cas. Je l’imagine déjà qui sortirait son calepin afin de prendre des notes…

Il gloussa tandis qu’il grimpa une autre colline, où il trouva des branches de persil qui avaient muté avec l’environnement de ce monde.

À vrai dire, Acrylos avait déjà été visité par les anges, d’après les dieux qui se trouvaient à bord du vaisseau. Ce monde avait été transformé grâce au pouvoir d’un puissant noyau de création – le même outil dont ils se servaient pour faire flotter leur vaisseau dans l’espace et fabriquer certaines choses. Pour cette raison, ces terres étaient fertiles. Cependant, cela faisait plusieurs millénaires qu’on avait abandonné ces lieux. Athéna craignait que certaines plantes ne soient plus comestibles ou bien toxiques à cause de l’atmosphère ardente. Il y avait des cendres qui volaient depuis plusieurs directions.

Le monde entier était un gigantesque volcan en éruption. Flint n’avait pas peur de mourir de la lave, puisqu’il se trouvait sur une surface très élevée. Les nombreuses transformations de ce monde avaient fait en sorte que le sol soit plus fertile que jamais. Il n’y avait presque pas de lacs et de rivières, cependant il existait de nombreuses cavernes souterraines, d’où la plupart des plantes tiraient toute cette eau. Parfois, les anges voyageurs passaient ici pour refaire le plein de leurs vaisseaux.

Alors qu’il marchait le long d’un ruisseau de lave, un peu plus tôt, le capitaine vit un poisson étrange bondir à la surface. Les espèces aquatiques de cette planète avaient tellement évolué qu’elles étaient devenues résistantes à la chaleur. Il serait donc impossible pour les passagers du vaisseau de consommer leur viande, car rien ne pouvait les faire cuire. Semblerait-il qu’ils pourraient en faire d’excellents sushis.

— La magie des dieux est trop bizarre, mais bon, je m’en fous. Au moins on va manger !

D’après Hypnos, il n’y avait aucun danger que les représentants du Saint Royaume puissent localiser l’emplacement exact du Célestia, puisque qu’ils n’envoyaient plus personne dans ce secteur volontairement. L’équipage du vaisseau pouvait donc y revenir quand ils avaient besoin d’y récoler des ingrédients. La veille, la divinité albinos s’était assurée de scanner Acrylos avec les machines de leur gigantesque véhicule. Ils n’avaient trouvé aucun signe de vie intelligente, ni de satellites à proximité. Si des appareils avaient autrefois existé là-bas, la lave avait tout détruit.

Le blond trouva enfin ce qu’il cherchait. Il se pencha près d’une énorme pierre, où poussaient du persil en abondance. Leurs feuilles avaient une couleur légèrement violacée, ce qu’il ne comprenait pas. Cependant, ça avait la même odeur et la même saveur que ce qu’ils avaient autrefois dégusté sur Aeglys.

Flint Markios ? fit une voix.

Le capitaine leva sa bague magique en l’air et vit qu’elle brillait. Il appuya sur la gemme et un hologramme miniature apparut devant lui. Il s’agissait de l’un des techniciens, situés à bord du Célestia. Flint cligna des yeux.

Monsieur, je suis désolé de vous déranger, mais votre père souhaiterait vous parler et vous avez bloqué votre messagerie instantanée. Nous avons été obligés d’utiliser le serveur d’urgence pour vous contacter.

L’épéiste se mordilla la lèvre inférieure et soupira. Il savait exactement à quoi s’attendre, si son père souhaitait lui parler. L’image de l’hologramme changea rapidement, pour laisser place au patriarche de la famille Markios.

Veux-tu me dire à quoi tu joues ? Depuis quand désobéis-tu aux ordres de tes supérieurs ? Ta mère est dans tous ses états à cause de toi… Elle n’arrive pas à se concentrer sur son cours et Luna a offert de l’aider.

— Tu me déranges pour ça ? Franchement, tu pourrais me laisser respirer un peu.

Je t’interdis de me parler sur ce ton, répliqua son père calmement. Maintenant, explique-moi ce qui ne va pas. Je veux savoir ta version des faits.

Le grand blond passa une main dans ses cheveux et lui expliqua mot pour mot la raison de sa frustration avec la déesse. Quand il eut terminé son monologue, Artael se prit le menton et réfléchit pendant un instant.

Je comprends, dit-il. C’est exactement ce que ta mère m’a expliqué, hier soir. Elle n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit.

— Bah, tant mieux pour elle. Ça lui servira de leçon de nous trahir ainsi.

L’ex-président plissa des yeux. Les paroles de son fils commençaient à sérieusement l’agacer. Il se dit qu’il valait mieux ne pas le provoquer, alors il opta pour adopter une approche différente avec celui-ci.

Peu importe. En tant que ton supérieur direct, je te recommande de prendre cet entraînement à cœur. Je t’ai déjà négocié une place avec le groupe d’Hypnos. Il a dit oui.

— T’es sourd ou quoi ? Ce mec est responsable de ce que j’ai fait à Wyatt !

Est-ce vraiment la raison pour laquelle tu en veux à ta mère ?

— Bah ouais ! À cause de vos récentes décisions, vous avez poussé l’un de mes amis à bouts et vous m’avez forcé à me défendre. Comment suis-je supposé lui pardonné après ça ? Vous auriez dû nous faire plus confiance et nous dire dès le départ que nous devions apprendre à maîtriser cette capacité. Ça nous aurait évité un massacre !

Pourtant, il n’y a personne de mort à cause de ces illusions

— Je m’en bas les couilles.

Le père de Flint était sidéré par le langage vulgaire de son fils, qui l’avait appris de la bouche de Kylie. La langue des rues, telle qu’on l’appelait, n’avait rien de charmant. Les anciens citoyens de cette ville s’en servaient pour insulter les autres ou bien pour exprimer leur frustration. Au palais présidentiel, normalement, on se faisait sévèrement gronder pour employer des termes aussi grossiers.

T’as quel âge, maintenant ? Trente et un ? Tu te comportes toujours comme un adolescent.

— Ouais et toi tu couches avec une félonne, alors nous sommes deux à être déçus.

Mes affaires de cœurs ne te concernent pas. Je suis assez grand pour prendre mes propres décisions. À t’entendre, tu as l’air à t’opposer au retour d’Athéna dans ma vie. Sais-tu que j’ai longuement pleuré sa mort ?

— Fais ce que tu veux. De toute manière, je suis assez vieux pour me débrouiller sans mes parents. J’ai passé l’âge à me cacher derrière vous.

Dis l’homme qui passe son temps à employer Gabriel comme un bouclier humain.

— Ça n’a rien à voir ! Gabriel et moi, nous sommes comme ça ! On se protège, quoi.

Ce n’est pas du tout où je voulais en venir et tu le sais. Tu as tendance à toujours remettre tes problèmes à ton époux et celui-ci, qui a un cœur d’ange dans tous les sens du terme, ferait tout pour t’aider. Cependant, même les anges et les dieux ne vivent pas éternellement, alors je te le dis en tant que père : l’un de ces jours, tout ceci te sautera au visage et tu le regretteras.

Le blond en avait plus qu’assez que son père lui fasse la morale sur son mariage et sa manière de gérer certaines situations. Il se frotta la bouche, puis réfléchit.

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