122.3 - Le voyage continue

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Un peu plus loin, Scottie rangeait ses dagues à sa ceinture, après avoir confronté une espèce de fauve sauvage. La bête en question était venu les attaquer, mais l’éclaireur s’était porté volontaire afin de l’abattre. Il ne portait ni son arc, ni ses flèches, ce matin-là. Il avait décidé de tenter une stratégie différente après leur soirée passée à camper.

— C’est encore… loin… ? gémit une voix forte, derrière eux.

Flint, Shayne et Wyatt se tournèrent vers Gabriel, qui montait la grosse colline. Il tirait derrière lui, une charrette remplie de fruits et de légumes sauvages. Ceux-ci étaient beaucoup trop nombreux et trop lourds. Ils avaient déjà tous rempli leurs bagues d’aliments et avaient dû se résoudre de transporter le reste comme ça.

— À une dizaine de minutes de marche, nous devrions rejoindre le prochain camp, fit Shayne. Courage. Ce n’est plus bien loin.

— Vous… voulez… ma mort… ou QUOI… ?!

Le colosse hissa la charrette, une dernière fois alors qu’il se posa sur une surface plus stable. Il s’essuya le front avec l’un de ses gantelets de protection.

— Je croyais que ça ne te faisait aucun mal de transporter tout ça, fit Wyatt.

— Ce n’est pas le mal qui m’embête, c’est le reste de mon corps !

Gabriel lâcha quelques toux avant de poursuivre.

— Peux plus respirer…

Il haleta comme un gros chien, essoufflé. Flint roula des yeux et caressa la tête du gros guerrier, lorsqu’il se trouva à proximité. Ce dernier avait fait beaucoup d’exercices pour eux, durant les dernières vingt-quatre heures. Cette mission entre hommes leur avait fait beaucoup de bien et cela leur avait permis de se rapprocher un peu. Cassandra, Luna et les autres étaient tous restés à bord du vaisseau, occupés à d’autres tâches. Lucas leur avait envoyé un message vocal, comme quoi il ne pouvait pas les suivre. Du coup, ils n’étaient que cinq.

— T’es sûres que tu ne fais pas de l’asthme ? commenta Wyatt.

Le mage observa son grand ami, bedonnant, inquiet.

— Mêmes les médecins ne comprennent pas comment le corps de Gab fonctionne, répliqua le capitaine qui haussa les épaules.

Shayne tourna son attention vers Flint et ajouta :

— En même temps, Cassandra m’a affirmé qu’elle le voit très rarement à l’infirmerie…

— Normal, je suis rarement malade ! s’exprima l’ex-golem.

Le gros barbu se tapa les joues et mit une main en visière, au-dessus de ses yeux. Il chercha pour le prochain site de campement, où ils passeraient les prochaines heures. Puisque Célestia serait en orbite autour de Dickens pour les jours suivants, les membres de l’équipage pourraient visiter ce monde autant qu’ils le souhaitaient.

— La faune me fait étrangement penser à celle d’Aeglys, en tout cas, reprit Gabriel.

— D’après Perséphone, les extra-terrestres se ressemblent beaucoup dans cette galaxie, puisqu’elle a été créée par les anciens représentants du Conclave, dit Shayne.

— Dans ce cas, nous nous rapprochons du Saint Royaume…

Flint fixa son mari qui venait de prononcer ces derniers mots. Cela lui donna quelques frissons dans le dos. Voilà des mois qu’il espérait que leurs recherches finiraient par aboutir. Sa sœur lui manquait et il s’inquiétait pour Kyran. Ces derniers étaient absents depuis l’invasion de Célestia et la destruction d’Aeglys. Il espérait qu’ils étaient toujours sains et saufs. Le seul problème, néanmoins, c’était que sa sœur avait probablement décidé de passer au camp ennemi. Les déchus, disait-on, méprisaient les forces de la lumière. Du moins, ce fut ce qu’Athéna et les autres dieux leur avaient raconté.

— Si nous sommes plus près de l’ennemi, il nous faudra bientôt redoubler de prudence, affirma le général. Gabriel ? J’suis désolé, mais nous devons repartir. Wyatt, continue à scanner les lieux.

Le mage opina du chef, tandis que le gros barbu lâcha un grognement similaire à celui d’un fauve. Ils se remirent tous en route et croisèrent Scottie en chemin. Ce dernier avait abattu plusieurs bêtes sauvages qui s’étaient montrées hostiles ; il dégoulinait de sang. Quand il le vit, son époux fit apparaître une brume magique qui entoura l’éclaireur. Le grand homme musclé fut lavé de la tête jusqu’aux orteils.

— Beurk ! Je déteste quand tu fais ça ! râla Scottie.

Il avait de l’eau qui lui sortait des oreilles.

— Nous forcerais-tu vraiment à supporter cette odeur nauséabonde ? gronda Wyatt.

Le jumeau lui fit une moue sévère. Gabriel esquissa un sourire. Il reconnaissait que le mage semblait avoir adopté une attitude similaire à la sienne, lorsqu’il était question de s’occuper de Flint. Le pauvre Scottie se gratta les tympans, pour essayer de faire tomber l’eau qui restait.

— On approche l’heure du dîner, fit le général. Nous allons prendre une courte pause au prochain campement, avant de poursuivre nos récoltes.

— Par contre, les gars, ça serait bien que vous fassiez venir une autre charrette du vaisseau, soupira le colosse. Celle-ci déborde déjà et m’épuise…

— Attendons de voir ce que nous pourrions récolter de plus, jugea le capitaine.

Le blond observa le corps d’une bestiole, tout près. On aurait dit le croisement d’un sanglier et d’un loup. Il grinça des dents et se demanda comment réagirait Dia si elle voyait cette créature sauvage. La chose dégageait une odeur putride. Wyatt lança un deuxième sort aquatique et repoussa la dépouille à plusieurs mètres d’eux. L’arôme disparaissait déjà.

— Excellente initiative, remarqua Flint.

Il bailla et s’étira. Cette journée se faisait déjà longue et il avait très mal dormi, la nuit d’avant. Les ronflements de Gabriel avaient tenu réveillé, la plupart d’entre eux, longtemps. Sans sa machine, il ronflait si fort qu’il en réveillerait les morts. En plus, celui-ci parlait dans son sommeil de bercer un bébé. Rien que d’y repenser, le colosse étouffa un petit rire nerveux. Puis, son regard se posa sur Scottie et Wyatt.

L’autre couple leur avait proposé un ménage à quatre, quelques semaines plus tôt. Flint avait ignoré comment leur répondre, mais à sa grande surprise, Gabriel avait recouvert les oreilles de son bien-aimé et leur avait dit des mots que seuls ces derniers avaient pu comprendre. Apparemment, ces paroles leur avaient fait peur et ils avaient évité de venir les embêter pour quelques jours. Le blond n’avait jamais su ce qu’il leur avait dit, mais avait deviné que celui-ci ne souhaitait pas le partager.

— Dis, Gab… as-tu un peu de place pour moi, dans ce chariot ? bailla le capitaine.

Le guerrier bedonnant jeta un air froid à son mari et tourna son visage dans un autre sens. Il boudait. Flint pouffa de rire.

— Allons, c’était pour plaisanter.

— Développe tes muscles et on en reparlera, grommela le colosse.

Flint préféra ne pas en rajouter.

Au bout de quelques minutes, ils atteignirent enfin le campement mis en place par Luna, lors de sa toute première visite. Les cinq hommes purent enfin se reposer après avoir marché plus de trois heures. Il aurait été plus facile pour eux de conduire un véhicule, cependant ce monde était trop sauvage et remplis d’herbes hautes. Ils auraient eu de la difficulté à s’y aventurer avec un scooter, par exemple.

Scottie et Gabriel étaient les seuls à se souvenir un peu de la simulation de la base lunaire. Ils se remémoraient d’avoir conduit des automobiles. L’éclaireur avait un vague souvenir de sa cantine mobile, alors que le gros guerrier revoyait dans son esprit, des flashes de sa période de strip-teaseur. Gabriel avait souvent conduit ses collègues de travail, chez eux, après avoir fini de travailler. Il regrettait de ne pas avoir emmené de véhicule sur Dickens.

— Ça ne serait pas mieux d’appeler le Célestia pour vider tout ça dans le hangar ? proposa-t-il. Je reviendrais d’ici un quart d’heure.

— Bah, fais donc, répondit Shayne qui leva une main vers lui. Nous pouvons très bien nous débrouiller au cas où d’autres bêtes nous attaqueraient.

— Très bien ! Je reviens rapidement.

Gabriel appuya sur la gemme de sa bague et activa dans le menu holographique, l’option d’invoquer un portail. Un instant plus tard, il entra l’intérieur d’une grosse sphère énergétique, avec la charrette qu’il tirait avec lui. Pour le plus grand soulagement des brigadiers, les ingénieurs à bord du Célestia avaient enlevé le message automatisé qui les avertissait, chaque fois qu’on les rapatriait au vaisseau.

— Je ne l’ai jamais vu autant marcher de sa vie, gloussa le général qui se tourna vers Flint. C’est un miracle, pas vrai ?

— Tu parles, ouais. J’ai de la difficulté à le faire se lever de notre lit pour aller nous entraîner. Il est plus paresseux que d’habitude, depuis que nous vivons à bord du vaisseau.

— C’est pour son bien. Vos entraînements ont beaucoup amélioré votre santé, d’après Cassandra. Même Hypnos reconnaît qu’il lui devient de plus en plus difficile de manipuler vos esprits.

Flint sourit. Il appréciait que son supérieur lui fasse suffisamment confiance pour lui dévoiler des secrets professionnels. En même temps, leur amie docteure était aussi leur collègue de travail. C’était sa tâche, en tant que guérisseuse attitrée, de veiller sur eux. En retour, les autres brigadiers l’avaient toujours protégé.

— Ah, qu’est-ce qu’on ferait sans Cassie ? se dit le blond.

— Vous crèveriez sûrement, plaisanta l’elfe au teint olive.

Il eut un petit rictus, ce qui ne surprit pas son collègue, car ce dernier s’était habitué à son sens de l’humour sordide. Il ne l’affichait pas souvent, mais Flint était l’une des rares personnes à reconnaître que Shayne Wolfe savait aussi blaguer.

— Brrr, ce que tu es sinistre, remarqua Scottie qui s’adressa à son supérieur.

— C’était de l’humour…

— Alors pourquoi ai-je froid dans le dos ?

L’éclaireur se cacha derrière son mari et observa Shayne d’un drôle d’air. Le général roula des yeux, tandis que Wyatt haussa des épaules.

Cependant, le mage ressentit un malaise et fit volte-face. Il leva la tête et vit trois figures encapuchonnées qui volaient dans les airs. Ces trois personnes étranges venaient d’apparaître de nulle part et l’une d’entre elles avait lancé un pic de glace magique à quelques mètres de Scottie.

— L’ennemi est là ! lâcha Shayne, qui matérialisa son épée.

Flint bondit dans les airs. Ses ailes se manifestèrent aussitôt. Il fonça vers l’étrange trio, entouré d’un mur de lumière. Il ne vit pas le général qui tentait de le retenir, mais le capitaine avait déjà pris pour cible celui du centre.

L’adversaire de gauche frappa le blond avec un long fouet enflammé. Le blond donna un coup d’ailes pour se retrouver au-dessus de celui qui venait de l’attaquer. Il invoqua une onde tranchante lumineuse qui détruisit aussitôt la cape de la personne. Ce qu’il vit, lui glaça le sang. Devant Flint Markios se tenait Estelle, ou plutôt, une copie de cette dernière. Sans la moindre expression au visage, elle dévisageait son père, avec un petit sourire mesquin. Elle ramena son fouet contre son torse.

— Mais… qu’est-ce que tu fais là ? Je ne comprends pas ! s’exclama le capitaine, confus. Estelle, c’est vraiment toi ?

La blonde passa une main dans ses cheveux et ne répondit rien. Un à un, les deux autres figures encapuchonnées ôtèrent leurs capes, dévoilant Wyatt Silverwind et Cassandra Appleseed. Flint comprit aussitôt qu’il y avait quelque chose d’anormal ici, car le véritable mage des eaux se trouvait en dessous de lui. Il comprit aussitôt qu’il s’agissait là de trois corps disparus de la Septième Brigade, ceux qu’ils avaient laissés derrière, avant de partir en mission pour la base lunaire.

Les yeux du capitaine s’écarquillèrent lorsqu’il ressentit une flèche se planter à travers son armure de cuir. Il poussa un cri de douleur et tomba dans le vide. L’attaque ne s’arrêta pas là, car le clone de Wyatt entoura le blond dans ce qui semblait être une glace de grande taille. L’épéiste perdit malheureusement connaissance, sous les cris apeurés de ses collègues. Shayne bondit dans les airs et se servit de son arme contre l’étrange iceberg, tandis que Scottie rattrapa son supérieur inconscient. Lorsque ce dernier retomba sur ses pieds, il leva son regard en l’air et remarqua que les trois clones avaient disparus.

— Où sont-ils ?! aboya Wyatt, à côté de l’éclaireur. Merde ! C’était quoi ça !? Scottie ! Allonge Flint par terre, tout de suite ! Je dois le soigner !

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