123.2 - Le premier assaut

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Gabriel se couvrit la bouche d’une main, surpris.

— Concentre-toi plutôt à protéger la porte, demanda Artael. Je dois réactiver les boucliers du Célestia. Peux-tu faire ça pour moi ?

Gabriel hocha la tête, puis fit apparaître sa grosse hache avant de se positionner devant l’unique entrée et sortie non-magique de cette salle. Il était entouré d’une dizaine de volontaires, tous armés et équipés d’armures solides. Gabriel remarqua que plusieurs démons de races mineures étaient apparus à bord de l’énorme véhicule.

— Ils ont employé les grands moyens pour nous retrouver, ma parole ! s’exclama celui-ci. Ça dure depuis combien de temps, tout ça ?

— L’alarme s’est déclenchée, il y a dix minutes ! dit un homme à sa droite.

— Faudrait peut-être contacter l’équipe sur Dickens, non ?

— Pas la peine, intervint Artael, depuis un ordinateur. Je leur ai déjà envoyé des messages avant que tu n’arrives.

— Dans ce cas, ils ne vont pas tarder à revenir, se dit le colosse pour lui-même.

À sa grande surprise, peu de temps après s’être placé au centre de la formation, la porte métallique qui les protégeait fut défoncée par un ogre vêtu d’une armure épaisse. Trop grand pour le vaisseau ce dernier devait pencher sa tête d’un côté. Il était équipé d’un lourd maillet solide que celui-ci secouait dans tous les sens.

— Non, mais comment sont-ils entrés ?! lâcha un soldat, près de Gabriel.

Le gros guerrier déglutit et recula. Il bloqua le coup de maillet, fonça dans l’ogre et lui trancha une main avec sa hache. Pendant ce temps, plusieurs gobelins, squelettes et chauves-souris cyclopes entraient dans la salle des machines. Gabriel comprit rapidement que leur objectif était de rejoindre le portail. Pourquoi ? Il n’en avait aucune idée, mais sa seule hypothèse fut que l’ennemi voulait ouvrir un passage vers leurs quartiers généraux. Dans un élan désespéré, le colosse revint sur ses pas et hurla son cri de guerre. Cela paralysa plusieurs de leurs ennemis, de peur.

— Ne les laissez pas traverser le portail ! ordonna-t-il aux soldats.

— À vos ordres, Monsieur Markios ! répondit une jeune femme.

Inutile de leur dire que je ne suis pas leur supérieur direct, se dit Gabriel. Ils ont besoin de quelqu’un pour les diriger, autant remplir ce poste.

Le gros barbu avait assez traîné avec des capitaines et des figures d’autorités qu’il se sentait d’attaque pour gérer un petit groupe de miliciens et de soldats. Celui-ci indiqua aux trois porteurs de boucliers et de lances de bloquer l’entrée alors qu’il ordonna aux archers et mages de se placer près du portail. Finalement, les gens armés d’épées et de dagues le rejoignirent derrière la barricade humaine.

Les monstres qui réussissaient à entrer dans la salle des machines se faisaient tous éliminer, un par un. Finalement, il ne restait plus rien. Curieux, Gabriel sortit au couloir et regarda à gauche, puis à droite.

— Le système de sécurité a verrouillé le passage ! héla celui-ci par-dessus son épaule.

— Logique ! répondit Artael, depuis son ordinateur. Le toit a été défoncé dans l’aile est du vaisseau. Nous allons devoir le réparer une fois le bouclier arrangé !

— Sommes-nous en confinement forcé ?

— Oui, mais au moins, nous pouvons veiller sur le réacteur, d’ici.

Le colosse hocha la tête et posa sa grosse hache à terre. Il prit une grande respiration et se frotta la barbe. Comment avait-on pu les repérer si facilement ? Quelqu’un les avaient-ils trahis ? Il ordonna aux soldats de soigner leurs blessures et se dirigea vers la pièce adjointe où se trouvait le noyau – leur réacteur. Ce dernier était toujours intact et il n’y avait aucune trace de l’ennemi, tout près. Toutefois, Gabriel se dit qu’il valait mieux rester vigilant, car il était fort possible que les monstres souhaitaient aussi détruire la source d’énergie de ce vaisseau.

Le Célestia se mit à pivoter dans tous les sens, Gabriel dû s’agripper à une rambarde afin de l’empêcher de tomber. La pièce du noyau était plus petite que celle du portail, mais le centre nerveux du vaisseau s’y trouvait. Sur le coup, le guerrier s’inquiéta pour l’équipage. Une fois la panique passée, il sortit la tête vers la salle des machines.

— Tout va bien !? lança-t-il à Artael.

— Ne vous en faites pas ! s’exclama l’ancien président. Le champ de force est de retour !

Tous poussèrent des soupirs de soulagements. Gabriel remarqua que la charrette remplie de légumes et de plantes sauvages avait été renversée par les secousses. Il grogna pour lui-même, puisqu’il devrait ramasser tout ça avant l’arrivée de Flint et du reste de son groupe. Il se pencha rapidement pour attraper une étrange courgette rouge, qui venait de rouler à ses pieds. Après quoi, il rangea sa hache dans sa bague magique.

— Les couloirs sont-ils sûrs ? demanda l’un d’entre eux.

— Pas encore, répondit Artael. Le réacteur est en train de réparer tout ça. D’ici quelques minutes, vous devriez pouvoir sortir d’ici.

— Ah merde, je ne peux pas endurer cette odeur… ! se plaignit l’une des guerrières, près de l’ogre qu’on avait réussi à tuer avec un puissant sortilège. Auriez-vous une bonbonne de parfum, les gars ?

Ses compagnons haussèrent des épaules alors que Gabriel roula les yeux. Quant au père des quadruplés, il tapotait encore sur son clavier. Peu à peu, l’énergie fut rétablie à travers tout le vaisseau et les confinements furent levés à chaque étage. Cependant, il restait encore plusieurs bestioles à tuer.

Le colosse se fraya un chemin vers l’aile ouest du Célestia, lorsque les ouvertures des couloirs s’ouvrirent. Il trouva une dizaine de gobelins qui s’en prenaient à Cassandra et quelques infirmières. Il sortit sa hache à nouveau et fonça vers ses adversaires. Il en tua plusieurs sur son passage.

— Ça va Cassie ?! fit ce dernier. Rien de cassé !?

— Ouais ! Ne t’en fais pas pour moi, Gab. Il s’est passé quoi ?!

Elle se trouvait à quelques mètres de lui, alors ils durent élever la voix, un peu et il leur expliqua tout ce qu’il savait rapidement. Aux côtés de la soigneuse, Luna Kelly brûla vif un mort-vivant dont la tête roula près des pieds de sa partenaire de combat. Pour la première fois depuis un bail, ils avaient ressenti les forces du mal. Tous trois savaient que cela ne présageait rien de bon.

— T’as des nouvelles de Flint ? demanda la magicienne qui sortait de l’infirmerie.

— Négatif, répliqua Gabriel, qui s’approcha davantage de ses amies.

— Nous devrions fouiller le deuxième étage et le rez-de-chaussée, dans ce cas.

— Bonne idée, je viens avec toi !

Le colosse jeta ensuite un coup d’œil rapide à la guérisseuse.

— Ça ira, avec tes patients ? demanda-t-il.

— Ne vous en faites pas pour moi. Estelle et Kylie sont avec nous.

Gabriel songea alors à son fils, il se demandait s’il était en sécurité. Comme si elle avait deviné la question de son collègue, Cassandra ajouta :

— Randell est avec Lucas et Misaki. Ne t’en fais pas pour lui.

— T… très bien, dans ce cas !

Gabriel et Luna s’enfoncèrent aussitôt plus loin dans l’aile ouest et montèrent au deuxième étage, qui était éloigné et plus petit qu’au premier. Là-bas, on pouvait y retrouver les chambres des membres les plus hauts gradés de tout l’équipage, mais ces dernières étaient vides. Toutefois, les deux brigadiers détectèrent des démons mineurs sur place et combattirent ceux-ci.

À leur grande surprise, ils furent attaqués par une figure encapuchonnée. L’individu pointait son épée en direction du colosse. Gabriel fronça des yeux ; cette grandeur, cette largeur et cette mèche dorée lui étaient étrangement familières. Lorsque l’ennemi tenta de lui planter son arme dans son armure, il fut arrêté par les grosses mains du brigadier. Luna s’empressa d’ôter la capuche qui recouvrait le visage de leur agresseur et sursauta. L’adversaire profita de cette opportunité pour enfoncer son arme dans le ventre de la magicienne.

Un filet de sang sortit de la bouche de Luna, qui n’avait pas compris ce qui s’était passé. Elle leva les yeux dans les airs, avant de s’effondrer sous le regard horrifié de Gabriel. Celui-ci, fou de rage, empoigna la tête de l’ennemi blond et lui brisa la nuque. Ce fut lorsqu’il vit le corps de l’ennemi lui adresser un regard vide qu’il poussa un cri, horrifié.

¤*¤*¤

Estelle et Kylie, qui patrouillaient au couloir d’en dessous, entendirent le hurlement strident de Gabriel. La première réaction de sa fille fut de se tourner en direction des escaliers du deuxième étage, mais son épouse lui mit une main sur l’épaule, afin de l’empêcher de bouger. De petites créatures aux regards globuleux sortaient des ombres afin de les entourer. Elles étaient encerclées.

— Fais chier ! Le bouclier n’a pas fonctionné ! râla la punk.

— Au contraire, dit Artael qui sortait de la salle des machines. L’ennemi est seulement plus rusé. Il se sert d’une vielle tactique de portails magiques pour transférer ses hommes.

Le puissant mage fit apparaître plusieurs chaînes lumineuses qu’il fit claquer de chaque côté des jeunes femmes. Il élimina presque une dizaine de ces créatures aux yeux fluorescents, tandis que sa petite-fille planta une dague dans le ventre de celle qui bondit dans sa direction. Kylie n’eut aucune difficulté à tuer la plupart d’entre elles.

— Dans ce cas, il y a un traître parmi nous, s’ils ont accès à ce vaisseau ! grogna-t-elle.

— Sûrement, mais pour le moment, nous devons trouver la source de leurs apparitions. Rendons-nous au rez-de-chaussée. J’ai des doutes que le hangar soit bien protégé.

— À vos ordres, chef !

Estelle hésita un moment, puis se tourna vers l’infirmerie. Cassandra lui fit signe de partir, d’une main. Des gardes étaient venus en renforts, alors elle ne s’inquiétait pas. La petite blonde accepta donc de s’éloigner en compagnie de son grand-père et de sa compagne. Ils descendirent rapidement les escaliers les plus près et se retrouvèrent près de l’entrée du hangar.

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