125.1 - Retrouvailles dans l'espace

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Flint ne comprenait pas comment leurs ennemis avaient réussi à découvrir leur position, puisqu’ils voyageaient en mode furtif – un mode qu’ils avaient ajouté au vaisseau après la dernière attaque. Cependant, il y eut une autre secousse, encore plus violente que la précédente. Le grand blond s’agrippa au comptoir le plus près ; Gabriel tomba sur le dos et roula au fond de la pièce. Le vaisseau pivotait de tous les côtés. Des objets volaient dans tous les sens : assiettes, ustensiles, verres. Il y avait des fracas de vitre sur des surfaces dures, le capitaine grogna et fit apparaître son épée avant de la planter dans le comptoir, afin de ne pas perdre l’équilibre.

Le Célestia avait fait une rotation de trois-cent-soixante degrés en l’espace d’une minute, mais reprit sa position normale rapidement. L’alarme du gigantesque véhicule se déclencha et les lumières virèrent rapidement au rouge.

Attention, je vous prie ! lança la voix d’Athéna à travers l’interphone. Nous sommes attaqués ! Rendez-vous à la salle des machines ! Le portail est attaqué !

— Le portail ? fit Gabriel qui se releva, déboussolé. On devrait penser à le désactiver, celui-là… oulalala… ça tourne autour de moi…

Le colosse se massa la tête et jeta un coup d’œil à sa gauche. Misaki tenait Randell dans ses bras. Cette dernière était soulagée d’avoir entâmé une manœuvre d’esquive à temps, alors que la table s’était presque fracassée sur l’enfant et elle. La souplesse naturelle de la guerrière étonnerait toujours Gabriel.

— Ça va vous deux ? Rien de cassé ? demanda l’albinos qui se tourna vers le couple.

— J’ai vu pire… soupira Flint, de soulagement. Mais ma côte me fait mal…

— Encore cette vieille blessure de guerre, hein ?

Misaki posa le fils des Markios à terre. Le garçon était déboussolé, il titubait sur place. Il secoua la tête et se tapa les joues.

— Je reconnais cette énergie… formula-t-il. Ce ne sont pas des démons.

Flint fronça des sourcils, rangea son arme qu’il venait de retirer de l’intérieur du comptoir et pencha la tête d’un côté.

— Comment ça ? Minute… Oh ! Je vois…

Le blond eut l’impression qu’une onde psychique familière avait frôlé son cerveau. Il ressentit un picotement, du bout de ses doigts et entendit un gloussement qu’il n’avait pas entendu depuis quelques mois. Il esquissa un sourire et fonça vers la porte de sortie.

Gabriel, surpris par la soudaine fuite de son mari, se gratta la tête.

— Mais qu’est-ce qui se passe ? mentionna-t-il.

— Il s’agit d’une amie que vous n’avez pas vue depuis longtemps, répondit son fils.

Sceptique, le gros guerrier décida de suivre son mari, afin de s’assurer qu’il ne courait aucun danger. Curieuse, Misaki fit de même. Elle prit la main du petit Randell et tous deux sortirent du réfectoire.

¤*¤*¤

Pendant ce temps, dans la salle des machines, plusieurs passagers du Célestia bloquaient la sortie tout en pointant leurs armes vers le grand portail. Le système d’alarme déclenché, tout le monde se frayait un chemin à cet endroit. Wyatt tentait de refermer la sphère d’énergie magique avec son ordinateur, mais n’y arrivait pas. Luna, de son côté, opta pour sceller une partie de la pièce avec un champ de force, afin de protéger les gens qui se trouvaient avec eux.

— Peu importe ce que c’est, ça ne passera pas ! s’exclama-t-elle.

— Essaie de maintenir ton pouvoir le plus longtemps que tu le pourras, répliqua Wyatt. Je vais tenter de pirater le serveur !

— Oh, je te le déconseille… Athéna n’aime pas qu’on touche au pare-feu.

Alors que les deux mages débattaient sur le pour et le contre de leurs actions, le portail prit une couleur bleutée et un instant plus tard, une louve au pelage blanc apparut de nulle part. Cette dernière était entourée de confettis et portait des verres fumés au-dessus de son museau. Gaiement, elle s’approcha du champ de force et remua la queue. Dans sa gueule, elle soufflait dans ce qui semblait être un sifflet festif. Elle recracha ce dernier et bondit de joie lorsqu’elle vit Luna.

— Salut la compagnie ! Je vous ai manqué ?! lança la louve, qui s’assit sur son arrière-train. Oulah, quelle ambiance… Vous avez vu une morte ?

La magicienne cligna des yeux. Elle ne s’était pas rendu compte qu’elle était bouche bée. Wyatt, aussi surpris que sa collègue de travail, contourna son pupitre afin de s’approcher du champ de force. Le sortilège de la magicienne était en train de disparaître.

— Dia… ? Est-ce vraiment toi ? fit Wyatt, avant de refermer la bouche de Luna.

— Bah ouais ! En chair et en os !

Luna recouvrit son visage, gênée. Elle n’avait jamais oublié la personnalité extravagante de la louve de la lumière. L’animal ne manquait jamais de faire une entrée remarquée, peu importe où elle passait.

Le portail s’activa à nouveau et cette fois, un chien de prairie en sortit, suivi d’un tigre blanc, une belette, une crécerelle, un phénix, une chauve-souris et une panthère noire. L’espace restreint de la salle des machines ne faisait que rapetisser. Wyatt désactiva l’alarme du vaisseau et envoya un message à Athéna, comme quoi tout était sous contrôle.

Au bout d’une quinzaine de minutes, tous les membres de la Septième Brigade étaient présents, sur place. La princesse avait même décidé de s’y rendre, car elle avait ressenti la présence de ses créations. Chaque esprit élémentaire avait retrouvé son porteur respectif, mais quelqu’un manquait à l’appel.

— Où est Nash ? demanda Flint, qui venait de passé une bonne dizaine de minutes à caresser le dos de la louve. N’était-il pas censé vous protéger ?

— Il va bien, expliqua Dia. C’est lui-même qui nous a ouvert le passage jusqu’au vaisseau. Il tenait à vous faire comprendre que la résistance sait que vous êtes là. Nous sommes venus vous avertir que les choses vont de mal en pis, en bas.

— Oui, mais c’était quoi ces secousses au vaisseau ? questionna Athéna.

— Ça, c’était de ma faute, soupira Charlie, le tigre blanc.

Tous se tournèrent vers Gabriel et l’animal en question. Celui qui venait de leur adresser la parole s’allongea à terre avant de se passer une patte derrière l’oreille.

— Explique, s’il te plaît ? demanda sa créatrice.

— Disons que j’ai éternué au beau milieu du trajet et que je me suis matérialisé sur la coque du vaisseau. Je ne pouvais pas respirer sous cette apparence, alors je me suis transformé en dragon temporairement, avant de créer un nouveau portail.

La princesse soupira de soulagement.

— Ah, alors ce n’est que ça. Tu nous as fait peur, nigaud !

— Mes excuses, Votre Altesse.

Athéna fronça des sourcils. Elle ne s’habituerait jamais à ce titre ; surtout pas en présence de ses créations. Elle tenait dans ses mains, le petit chien de prairie qui gloussait à chaque fois qu’on lui chatouillait le bedon. Misaki finit par prendre celui-ci, afin de retrouver son ami. Elle démontrait moins d’émotions que les autres, mais était heureuse de retrouver Lusso. Le petit mammifère profita de cette opportunité pour se laisser choir sur l’épaule de l’albinos, comme il en avait l’habitude de faire.

— Ouf, il y a trop de monde ici… remarqua la déesse. Je propose que vous alliez tous vous reposer pour l’heure qui suit. Nous allons bientôt arriver. Profitez de cet instant pour vous rattraper avec vos esprits élémentaires.

— Bonne idée, répondit Luna, à sa gauche.

Le phénix s’était déjà transformé en pendentif, au cou de la magicienne. Il était devenu trop grand sous sa forme animale pour se matérialiser à l’intérieur de cette salle. Toujours aussi timide qu’à sa naissance, il était heureux de retrouver celle qu’il considérait comme sa maman. Luna avait l’impression d’avoir retrouvé une partie de son âme qui lui avait été brutalement arrachée. Kelvin lui avait manqué.

Bella la loutre, de son côté, sermonnait déjà Wyatt, car elle ressentait qu’il avait négligé son entraînement magique. L’élémentaire de l’eau était toujours aussi acerbe dans ses paroles, mais Flint crut déceler un côté maternel dans sa voix.

— Non mais, il s’est passé quoi à ton mana ?! couina celle-ci. Je t’ai connu plus fort que ça, Silverwind !

— Bah crois-le ou non, il fallait bien nourrir le noyau de création pour maintenir l’état de ce vaisseau. Petite chipie. Tu n’aurais même pas levé le petit doigt pour nous aider.

— Mais pour qui me prends-tu ? Ma magie est excellente ! Beaucoup mieux que la tienne, en tout cas. Pfft… Tu me déçois. Je pensais que tu te serais amélioré depuis notre dernière rencontre, mais j’ai eu tort.

— Bon retour parmi nous, soupira le mage.

La loutre était debout sur ses deux pattes arrière et croisait celles d’en avant. Elle boudait son porteur, puisqu’elle le considérait comme son rival de la manipulation des eaux. Cependant, même si elle ne l’avouerait jamais, elle ressentait un profond respect pour lui. Elle s’était même surprise à glousser à sa dernière phrase.

— Pfft, tu vas me faire rougir, marmonna Bella.

— Comme toujours, petite diva.

Wyatt se pencha et prit l’animal marin dans ses bras. Elle faisait face aux autres esprits et porteurs. Cette ambiance chaleureuse ne durerait pas longtemps, malheureusement.

¤*¤*¤

Puisqu’ils étaient désormais trop nombreux pour tous se retrouver dans la même salle en même temps, il avait été décidé qu’Athéna, Flint, Dia, Shayne et Nox discuteraient dans une salle, à l’écart de tout le monde. Les esprits avaient un message important à transmettre aux dirigeants du Célestia et cela leur demandait un endroit plus calme. La princesse décida donc d’emmener les deux porteurs et leurs esprits dans sa propre chambre.

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