126.3 - Nash et Cerbère

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Elle haussa les épaules, puis posa ses yeux sur Nash. Le jeune homme et la jeune femme devaient avoir plus ou moins le même âge que les Sanders, mais leurs personnalités avaient plusieurs petites différences qui les définissaient bien. Apollon, par exemple, avait un caractère exubérant alors que sa sœur préférait ne parler qu’en cas d’urgence. Il était affectueux et social, elle était un peu froide et solitaire. Tous deux étaient bien éduqués, néanmoins et leur soutien moral avait été très important au roi et Cerbère.

— La science est un art, selon moi, car les meilleurs scientifiques peuvent changer la vision du monde avec leurs inventions et leurs outils ! s’exprima Apollon, admiratif. Ils mettent tellement de temps, d’énergie et de passion dans leurs projets que c’est pour moi un sujet fascinant à explorer !

— Oh misère… lui et ses débats… marmonna sa sœur.

— Bah, t’auras qu’à reprocher Tonton Socrate qui m’a tout appris.

Nash secoua la tête et essaya de garder son calme. Socrate... Voilà bien un nom qu’il n’avait pas entendu depuis des années. Il s’agissait du descendant d’un grand philosophe, qui avait choisi la même voie que son ancêtre. Il n’était pas dieu, mais occupait un poste important à l’académie des anges. Il leur enseignait à réfléchir sur le fonctionnement du cerveau et ce qui poussait certaines personnes à prendre certaines décisions. La plupart de ses cours se terminaient souvent par des débats entre ses élèves ou bien la plupart d’entre eux, endormis sur leurs pupitres...

— Veuillez disposer, ordonna le roi à ses pairs. Profitez du reste de cette journée pour vous reposer. Les renforts arriveront bientôt. Pour le moment, je veux que vous régliez vos différends, car je ne veux pas de ce comportement dans les premières lignes. Me suis-je fait comprendre ?

Artémis et Apollon s’échangèrent un regard et hochèrent leurs têtes, respectivement. Nash se sentit fier de son coup. Même si Artémis était gradée plus haut que lui, elle le considérait toujours comme son supérieur, puisqu’il était son roi.

Une fois que le binôme sortit de la tente, afin de se promener un peu autour du campement, le Roi de l’Olympe décida de consulter les notes et les lettres qu’on lui avait laissées près de sa couchette personnelle. Il n’y avait pas d’électricité, mais il pouvait facilement se servir de sa lampe à huile afin de mieux voir.

Une fois assis, il lut le premier rapport qu’on lui avait laissé.

— Les anges judéo-chrétiens ont lancé une contre-attaque dans l’aile ouest du château, expliqua celui-ci à son épée. Ils ont réussi à tuer plusieurs démons et récolté plusieurs objets magiques, cependant quelques-uns de leurs généraux sont tombés.

Le doberman quitta sa forme d’arme et se coucha auprès de son maître. Il posa son mufle près de la petite lampe qui éclairait la couchette.

— C’était une très mauvaise idée de combattre sans notre aide, soupira Nash. Nous leur avons pourtant dit d’attendre nos renforts.

— Ils sont probablement épuisés d’attendre que les choses changent.

— Le Saint Royaume est plus désuni que jamais… Vivement qu’Athéna vienne nous aider. Notre armée aurait grand besoin de revoir leur princesse. Le moral de nos troupes ne fait que diminuer à chaque jour. Les querelles d’Apollon et sa sœur ne nous aident pas.

— Mmm… Vous ne serez pas content, messire.

Le dieu examina son partenaire de combat, confus.

— Comment ça ?

— Perséphone et ses amis sont avec eux.

Dérouté, le Roi de l’Olympe ne comprenait pas pourquoi la Reine des Enfers se trouvait à bord du Célestia. Il était toujours surpris que les esprits pouvaient désormais communiquer avec Cerbère, même s’il ne faisait pas partie de leur fratrie. Avant qu’il ne puisse poser une question au chien, l’esprit élémentaire poursuivit :

— Il s’agit d’une alliance, d’après ce que me raconte Charlie, par télépathie. Et… Perséphone serait la sœur d’Athéna ? Comment se fait-il que j’ai oublié tout cela ?

Tout aussi abasourdi que son animal de compagnie, Nash lâcha sa feuille de rapport.

Quelques minutes après avoir lu toutes les notes qu’on lui avait laissées, le châtain sortit de sa tente avec Cerbères sur ses talons. Le dieu s’inquiétait quant à la réaction qu’aurait l’armée, lorsqu’ils apprendraient que leur princesse avait fait alliance avec des ennemis du précédent Zeus. Il craignait déjà le pire, sachant qu’Artémis bouillait facilement de rage, en plus d’être une redoutable archère. Cette dernière avait toujours été la plus loyale envers son père.

Se souviennent-ils que Perséphone est leur sœur ? se dit Nash qui s’approcha du feu de camp. J’ai l’impression que leur faction avait si honte de ses actes qu’ils ont tous renié son existence… Pourtant, il est écrit dans notre bible qu’Athéna et elle avaient ce lien de parenté.

Cerbère préféra ne rien dire. Il admirait le fait que son maître ne perde pas son sang-froid, même s’il venait d’apprendre une nouvelle particulièrement étrange. Voilà quelques années de cela, ce dernier avait combattu contre le culte, qui visait à faire du mal aux esprits élémentaires. Jamais il ne se serait douté que la déesse de cette organisation malsaine se serait rangé de leur côté.

Le roi décida de ne pas divulguer cette information aux autres généraux, tant qu’ils seraient entourés de leurs soldats. Il se dit qu’il serait mieux de leur parler en privé, afin d’éviter de créer la panique générale dans leur camp. Il ne voulait pas que ses sujets pensent que leur princesse les avait trahis.

— Alors, quoi de neuf ? demanda Artémis, alors que Nash approcha les mains près du feu, afin de se réchauffer.

— Tout ce qui se raconte dans nos rangs, il n’y a rien que vous ignoriez. On va devoir jeter un coup d’œil au campement judéo-chrétien, par contre. Leurs troupes ont été grandement affectées par leur dernière mission.

— Il vaudrait mieux ne pas nous inquiéter pour eux, ils savaient à quoi s’attendre, en partant au château sans notre accord, répondit Apollon. Je sais que c’est cruel, venant de ma part, mais nous ne sommes pas en mesure de travailler séparément. Nous risquons de plus en plus de perdre cette planète, chaque jour qui passe.

Le roi était sur le point de lui répondre qu’il pensait la même chose, lorsqu’ils entendirent tous un bruit au-dessus d’eux. Un véhicule volant, qui venait du ciel, éclaira aussitôt leur camp. Artémis eut pour réflexe de préparer son arc avec une flèche qu’elle imbibait déjà de lumière divine, tandis que son frère allait lancer un sort puissant vers l’engin. Nash les interrompit aussitôt.

— Mais qu’est-ce que tu fais ?! grogna la chasseuse.

Le châtain secoua la tête et lui fit signe d’attendre, d’un doigt. Un instant plus tard, le bracelet du souverain s’illumina. Il pressa sur la gemme et activa l’accessoire.

Généraux de l’Olympe, ici la capitaine du Célestia, Athéna, Princesse de l’Olympe et fille de Zeus ! Nous demandons la permission d’atterrir près du campement.

— Permission accordée, répondit Nash.

— Nana !? s’exclamèrent Artémis et Apollon, en même temps.

Coucou ! reprit la déesse, qui avait retrouvé son ton amical et enjoué habituel. Vous m’avez manqué, dites donc ! Ne bougez pas ! Votre grande sœur arrive !

Nash ne savait pas s’il devait rire ou pleurer, quand il remarqua l’air hébété de ses amis. Ils venaient d’entendre leur sœur aînée, après tout. Cela faisait plusieurs mois qu’ils n’avaient plus eux de ses nouvelles.

— Toujours aussi puérile, cette femme, soupira le doberman.

Le châtain ignora ces paroles, tandis que le Célestia s’éloigna un peu plus loin de leurs quartiers généraux. Lentement, il descendit du ciel. Au bout de six minutes, l’appareil fut posé à un kilomètre de leur fortification. Le roi, ainsi que la chasseuse et le mage, s’approchèrent du gigantesque vaisseau, alors qu’une porte s’ouvrait déjà, sous le véhicule. À la grande surprise de tous, Athéna en sortit et courut en direction de son frère et de sa sœur, avant de leur sauter aux cous. Ils tombèrent tous trois, à terre.

— Non mais, Nana ! Tu vas tout me décoiffer ! bouda Apollon.

— Je suis si heureuse d’enfin vous retrouver ! couina leur grande sœur. Comme vous m’avez manqué ! C’est moi ou vous avez grandi ?

— Ça ne fait que quelques mois, quand même… soupira Artémis.

— Et nous sommes déjà adultes ! tonna son frère.

Cerbère leva sa tête vers son porteur.

— Ne me dites pas qu’elle agit toujours ainsi avec eux, commenta celui-ci.

Nash haussa des épaules, puis tourna son attention vers l’ouverture du vaisseau. Plusieurs de ses passagers étaient déjà sortis. Toutefois, son regard se posa sur l’homme le plus grand, mais surtout le plus gros, de l’équipage. À ses côtés, un grand blond légèrement musclé tenait une épée lumineuse. Ils étaient entourés d’une magicienne aux cheveux mauves, des jumeaux, deux elfes et plus encore. Il se mit à rire.

— Enfin, la Septième Brigade est finalement complète, se dit-il, souriant.

Cerbères remarqua que les esprits élémentaires avaient déjà tous pris leurs formes d’armes et d’accessoires. Ils étaient tous prêts à combattre, contrairement à la plupart des soldats et des volontaires de leur armée. Tous étaient épuisés par cette guerre et dormaient rarement à leur aise. La présence d’Athéna et des autres allait leur apporter un réconfort, bien mérité.

Toutefois, le chien qui fut autrefois le gardien de l’enfer du Saint Royaume, remarqua trois individus, à l’écart des autres. Ces êtres dont les âmes étaient à la fois remplies de lumières et de ténèbres, il avait la sensation de résonner avec eux.

— Perséphone, Thanatos et Hypnos, marmonna le doberman, pour lui-même. Alors, ce sont eux, les fameux renégats. Ils n’ont pas l’air si effrayants que ça.

— Où ça ? demanda Nash, qui n’avait jamais vu le trio, personnellement.

Cerbère lui pointa les trois dieux, à gauche de la Septième Brigade, mais près d’Artael qui s’était approché d’eux. Il faisait noir, mais les lumières du vaisseau éclairaient suffisamment les plaines pour qu’ils puissent bien voir tout le monde.

Perséphone remarqua qu’on l’observait, puis se croisa les bras. Elle essayait de cacher son embarras. Nash, de son côté, vit qu’un homme à la longue chevelure noire, avait passé une main sur son épaule, afin de la réconforter.

— Il s’agit de Thanatos, son mari, expliqua Cerbère.

Le roi tourna son regard vers son partenaire de combat et le remercia mentalement. Cependant, il se demandait si la dame avait toujours des envies meurtrières, en ce qui concerne les olympiens. Il avait tellement entendu de rumeurs à son sujet, qu’il avait presque peur de lui adresser la parole.

— Athéna ? fit Nash qui observa la déesse, qui se relevait de terre. Il faut qu’on discute à propos de tu sais quoi…

La princesse se tourna vers lui et remarqua qu’il n’était pas de bonne humeur. L’expression de la demoiselle changea rapidement pour reprendre un air sérieux. Elle avait compris où il voulait en venir. Elle lui fit signe de la suivre. Ensemble, ils se dirigèrent vers Artael, ainsi que le fameux trio des divinités autrefois bannies du Saint Royaume. Cerbère les suivit en silence.

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