128.3 - L'heure de la bête

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Votre Altesse, dit la forme holographique, à Athéna. Nous avons retrouvé les soldats manquants. Ils se trouvent tous au château.

— Très bien. Avez-vous d’autres informations ? demanda-t-elle.

Non, madame. Mais je vous tiendrais au courant du moindre changement.

— Merci pour tout. Vous pouvez disposer.

L’image de l’homme disparut.

Ne comprenant pas trop ce qui s’était passé, Nash se tourna vers son frère aîné.

— Il s’agit d’une équipe d’espions et d’infiltration, répondit Artael. Ils sont chargés de nous rapporter tout ce qui se passe au château des dieux, durant notre absence.

— N’est-ce pas dangereux, tout ça ?

— Nous prenons tous des risques, c’est la guerre qui veut ça.

— Oui, mais elle l’a fait, sans même m’en parler.

— Ce n’est pas à moi que tu devrais en discuter, mais avec elle.

Le Roi de l’Olympe était un peu déçu par la remarque de son frère, mais devait admettre qu’il avait raison. Il décida donc d’aller interroger la déesse et laissa le mage.

Artael, quant à lui, se leva afin d’aller se servir au buffet où tout le monde avait préparé quelques mets différents. Il en profita afin de jeter un coup d’œil, du côté de Flint et Gabriel qui se bécotaient ouvertement, aux côtés de leurs amis.

— Encore ces deux tarlouzes, qu’on voit partout, remarqua un soldat qui passait près du mage. J’en ai marre de les voir partout, ils n’ont aucun respect pour personne.

L’ex-président le prit par le collet de sa chemise et le fusilla droit dans les yeux.

— Qu’avez-vous dit de mon fils et mon beau-fils ?

Nerveusement, le soldat reconnut les traits de l’homme qui avait autrefois été le dirigeant de sa nation. Son visage blêmit de honte, puis il recula nerveusement, tout en essayant de s’échapper. Vexé, Artael lança l’homme dans la table du buffet.

Cela eut un effet domino. Rapidement, une bagarre générale éclata à travers tout le campement et partout, les gens s’échangeaient des baffes ou bien se lançaient des morceaux de nourriture. Luna et Cassandra durent se cacher sous une table, afin d’éviter de se faire éclabousser par des morceaux de tartes qui volaient dans leur direction. Personne ne comprit vraiment comment tout cela avait commencé, sauf Artael qui finit par ligoter le soldat avec plusieurs saucissons. Il abandonna celui-ci au milieu d’une table et s’essuya les mains, alors que les autres soldats continuaient à se lancer de la nourriture.

Lorsqu’il revint vers la table de la Septième Brigade, avec un sourire satisfait, Flint l’observa et se demanda ce qui s’était passé. Cependant, le capitaine de la Septième Brigade reçut une part de gâteau dans la tronche. Fou de rage, il contourna son père et sauta dans la mêlée. Gabriel secoua la tête et suivit celui-ci, comme toujours.

— Ça lui apprendra à se moquer de ma famille, ricana Artael, fier de son coup.

Estelle avait tout vu. Bouche-bée, elle suivit son grand-père du regard.

Lucas avançait le long d’un couloir et suivait une servante succube qui avait reçu l’ordre de le conduire à son appartement personnel. Le château était divisé en plusieurs secteurs pour chaque faction divine ; on lui avait assigné une chambre dans l’un des étages qui avaient appartenu aux olympiens.

Éclipse dormait sous sa cape, sous son apparence animale, le jeune homme écoutait les directives de la monstrueuse servante.

— Je dois d’abord vous rappeler que votre place n’est pas permanente, alors tâchez de garder votre chambre propre. Nous sommes des démons, pas des porcs. Lorsque vous mourrez aux champs de batailles, ce qui risque forcément d’arriver, quelqu’un d’autre occupera la pièce. Alors évitez de foutre le bordel et tout devrait bien aller.

— J’imagine que je ne suis pas le premier locataire ? questionna celui-ci.

— Le treizième, ce mois-ci, pour être exacte. Décevez Satan et vous finirez comme casse-croûte. Il adore manger ses sujets, comme vous le savez déjà.

Ils s’arrêtèrent devant une chambre sombre, au fond du vaste couloir d’ivoire. Les murs tombaient, pour la plupart, en ruines, mais la pièce à laquelle ils s’étaient arrêtés, semblait propre et sans souci apparent pour le blond. Alors qu’il entra dans cette chambre, une sensation familière lui chatouilla l’esprit. Il venait de voir un pot avec des fleurs de lys séchées, posées près d’une commode.

Une image lui revint dans la tête, alors qu’il s’arrêta net, en face de la servante succube. Il se revoyait en train d’arroser des plantes dans la serre du Célestia, il revoyait le visage d’une jeune femme blonde avec qui il discutait parfois avant de prendre le thé. Cette femme, il ne savait plus qui elle était, mais celui-ci savait que cette dernière devait être importante à ce qu’il avait été, autrefois.

— Quelque chose ne va pas, Monsieur Markios ? interrogea la domestique.

— Non, ça ira. Vous pouvez partir.

— Un souper vous attend au rez-de-chaussée. Je vous laisse la clé dans la serrure de l’entrée. Au revoir, mais ne faites pas trop comme chez vous… Vous risquez de crever à n’importe quel moment, de toute manière.

— Voilà qui n’est pas très rassurant.

— Hélas, ce sont les risques du métier, lorsqu’on est l’un des sbires de Satan.

Elle ne salua même pas Lucas et partit. La dame se fichait bien du niveau de confort du nouvel arrivant. Elle ne faisait que son travail.

Le blond soupira et enleva sa cape, avant d’aller refermer la porte derrière lui. Il se dirigea alors vers le lit et posa la chauve-souris sur la bordure du meuble. Éclipse dormait toujours paisiblement. Les yeux de l’homme s’attardèrent encore une fois sur les lys blancs séchés, qu’il décida de ramasser pour ensuite aller les jeter à la poubelle. Il avait toujours cette image de la demoiselle familière dans ses souvenirs.

Elle me fait étrangement penser à la jeune femme que j’ai vue dans la cage dorée, se dit-il avant de bailler. Et cet homme qui se dit être mon frère ? Je n’ai aucun souvenir de lui avoir adressé la parole, un jour. Pourtant, nous nous ressemblons beaucoup… D’ailleurs, je ne comprends pas pourquoi je lui ai fait un clin d’œil. J’imagine que je voulais faire bonne impression. Pffft… Tout ça m’est si étrange.

Lucas avait perdu la plupart de ses souvenirs, lors de sa transformation. Quelqu’un l’avait assommé au vaisseau et à son réveil, il ne se souvenait plus de grand-chose, à part son prénom et celui de la chauve-souris. Cette dernière ne lui parlait presque pas, elle ne mangeait que des fruits et dormait pratiquement tout le temps, même quand ils combattaient. Malgré le fait que leur relation était très étrange, il s’adaptait à sa présence. Elle semblait souffrir de narcolepsie, puisqu’elle tombait même endormi au beau milieu d’une conversation.

L’image de la dame blonde ne quitterait pas l’homme de sitôt, car il n’arrêtait plus de penser à elle. Un doux parfum de cannelle, un sourire angélique, une présence bienveillante : voilà des traits qu’il reconnaissait en elle.

Souviens-toi, murmura une voix dans son esprit.

Il secoua la tête. Il avait l’impression de perdre la raison. Il commençait à avoir faim et comptait suivre le conseil de la demoiselle succube. Il en profiterait pour préparer un bol de fruits afin de nourrir sa chauve-souris. Éclipse raffolait des fraises et des baies sauvages. Lucas avait remarqué que ces dernières poussaient en abondance au jardin qui avait autrefois appartenu au Roi Zeus. Il avait eu la chance de le visiter, un peu plus tôt dans la journée.

Ne sois pas un lâche, Lucas, continua la petite voix dans sa tête. Tu sais qui tu es…

Lucas réalisa que cette petite voix était en réalité son subconscient. Il se tapa la tête à quelques reprises, avec chaque main. Celui-ci croyait recevoir des hallucinations auditives. Ce qu’il ignorait, cependant, c’était que son hôte s’était grandement entraîné à repousser les possessions psychiques, ces derniers mois. La personnalité primaire de l’ange déchu tentait de communiquer avec lui.

Au bout d’un moment, la voix disparut. Le blond déglutit et finit par ramasser Éclipse, perché sur le lit. Celle-ci se transforma en faux, derrière son dos, et ils sortirent tous deux de cette chambre, où ils passeraient quelque temps. L’ange n’avait pas l’intention de revenir dans cette pièce, avant d’avoir dévoré tout ce qu’il y avait au menu. Cependant, il était loin de se douter que de loin, une silhouette obscure observait ses faits et gestes.

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