130.1 - La décision de Flint

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Le matin du 3 novembre 3918 AD, alors que la plupart des membres de la Septième Brigade étaient déjà réveillés, plusieurs chevaux et des calèches arrivèrent au nouveau site de campement de la résistance. Flint reconnut deux tignasses blondes parmi les gens qui sortirent de ces véhicules. Il mangeait un bol de gruau à l’érable, en compagnie de son mari, lorsqu’il les vit. Il lâcha le tout, se leva d’un bond et se précipita vers les deux individus en courant.

Kyran et Sarah furent sous le choc de voir que leur petit frère était à ce point heureux de les voir, mais tous deux avaient une terrible nouvelle à lui annoncer.

— Oh par tous les dieux, les quadruplés Markios vont bientôt être tous réunis ! Quel bonheur ! pleura-t-il. Lucas est avec vous ?

Le visage du mage blanchit comme un drap, alors que sa sœur sanglota. La bonne humeur de Flint s’effaça rapidement. Ces retrouvailles auraient dû être heureuses, mais à voir leurs expressions, le capitaine de la Septième Brigade comprit qu’il leur était arrivé quelque chose de grave. Instinctivement, il prit la main de Kyran.

— Dis-moi que ce n’est pas vrai…

Le conseiller, dont les vitres de ses lunettes avaient été réparées par magie, se mordilla la lèvre inférieure. Il hocha tristement la tête, pour confirmer à Flint que leur frère avait été tué. Le capitaine, lâcha la dextre de son frère, fit volte-face, et fixa ses pieds.

— Connaissant notre frère, il est parti de manière magistrale, soupira-t-il.

— Tu serais fier de lui, avoua Kyran. Grâce à son sacrifice, nous avons pu nous échapper du château et il a grandement blessé Satan.

— Dans ce cas, il ne sera pas mort en vain.

Kyran s’était attendu à ce que son cadet explose ou bien lui lance plusieurs insultes. À sa grande surprise, Flint était calme et compréhensif. Ce dernier essuya quelques larmes avant de se tourner vers sa sœur. Cette dernière avait besoin d’être réconfortée davantage que lui. Il la serra dans ses bras, elle lui rendit ce câlin.

— Bon retour parmi nous, Sarah, dit-il.

— Oh Flint… Où est papa… ?

— Il n’est pas au camp, si c’est ce que tu veux savoir. Il est parti hier, à l’ouest, en compagnie de quelques hommes. Ils ont détecté un village où des survivants ont besoin d’être rapatriés. Toutefois… notre mère est ici.

La nonne cessa subitement de pleurer. Elle semblait troublée par cette révélation.

— Kyran m’a tout expliqué… dit cette dernière. De la destruction d’Aeglys, jusqu’à maintenant… Cependant, je n’ai aucun souvenir de tout cela. Tout est si flou dans ma tête… C’est comme si j’avais été plongée dans un profond sommeil.

— Il y a plusieurs choses que vous ignorez sûrement. Tout cela, c’est à cause de Satan. Mais ne vous en faites pas ; nous allons tout vous raconter, dans les moindres détails.

— Je sais par contre… que maman est… Oh Athéna !

Sarah avait terminé cette phrase comme une affirmation religieuse, ce qui surprit son frère. Flint n’avait pas réalisé que derrière lui, leur mère était sortie de sa tente. La princesse portait sa robe de chambre. Elle vit trois de ses enfants ensemble et compris que ses espions avaient accompli leur tâche. Elle sortit ses mains de ses poches et s’approcha d’eux, à pas de course. Cependant, elle réalisa qu’ils ne la connaissaient pas tous et s’arrêta promptement.

— Est-ce bien qui je crois… ? fit Sarah. Pardonne-moi, Flint, mais certains souvenirs sont encore flous dans ma mémoire.

Le capitaine se tourna pour voir sa mère, à deux mètres de lui, qui recouvrait son visage nerveusement. Elle s’approcha de ses enfants et mit une main sur l’épaule du plus jeune des quadruplés. Émue, la Princesse de l’Olympe n’arrivait pas à prononcer le moindre mot. Cette femme avait attendu de voir ses enfants depuis si longtemps, qu’elle en perdait tous les moyens. Kyran fut le premier à parler, afin de rompre le silence.

— Notre mère…

Il était bouche-bée, comme s’il avait vu un fantôme. Les espions lui avaient mentionné que cette dernière était bel et bien vivante et qu’elle était aux côtés de son père et de Flint. Jamais il n’aurait imaginé, dans ses rêves les plus fous, que sa propre mère était sa déesse. Pendant plusieurs années, on lui avait caché ce secret, afin de le protéger. Puisqu’il était désormais un citoyen de l’au-delà, on pouvait tout lui dire. Comme sa sœur, il se souvenait à peine du jour fatidique où sa planète avait été détruite, car ses souvenirs avaient, pour la plupart, été remplacés par ceux d’un ange déchu.

— Notre mère ? répéta Sarah. Mais… je… ?

Athéna fondit en larmes, à travers son sourire. Elle s’approcha de la nonne, qui rencontrait sa mère pour la toute première fois de toute son existence. Cette dernière comprenait qui elle était réellement, mais tout ceci semblait si irréel.

— Enfin, je te retrouve ! pleura la princesse. J’ai eu si peur pour ton âme !

Confuse, dans l’étreinte de sa mère, la nonne la serra à son tour, comme si elle le faisait pour une bonne amie.

Ma déesse se prend pour ma mère, est tout ce qu’elle pouvait répéter dans sa tête. Non… Ma déesse est ma mère…

Sarah cligna des yeux à quelques reprises, avant de s’exprimer :

— Donc, je ne rêve pas. Vous êtes bel et bien… Athéna ?

Elle déglutit nerveusement. Elle ne savait pas si elle devait s’agenouiller devant sa créatrice ou bien s’adresser à sa mère. Mêlée, elle ressentit un étourdissement. Néanmoins, la religieuse avait conscience d’avoir jadis vu cette dame qui se tenait devant elle. Tout cela s’était produit le jour où on l’avait transformée en créature du mal. Elles ne s’étaient pas adressé la parole, toutefois.

— Je suis Athéna Minerva, fille adoptive de Zeus, aussi connue sous le nom de Diana en Aeglys. Oui… Je suis ta maman… votre maman.

— Oh bonté divine ! s’exclama la nonne.

— Tu as été, sans le savoir, ma plus grande admiratrice, mais aussi celle qui m’a toujours redonné foi en l’humanité, dans mes moments les plus sombres. Tu ne sais pas à quel point j’avais hâte d’enfin te rencontrer, ma rose blanche.

— Je suis la fille… de ma déesse… ? couina la nonne, en état de choc.

Flint soupira et s’approcha de celle-ci, avant de lui faire une pichenette sur le nez.

— Oh non, tu ne vas pas nous faire une crise comme la dernière fois.

Sarah secoua la tête et gloussa nerveusement. Cependant, elle prit rapidement les mains de sa mère, entre les siennes et s’agenouilla, de façon cérémonieuse.

— C’est pour moi un honneur de vous rencontrer, Athéna… ou devrais-je dire… maman, s’exprima-t-elle, nerveusement. Oh miséricorde… Comment dois-je m’adresser à vous ?

— Hé ho ! râla le capitaine de la Septième Brigade. T’as pas besoin d’être si moyenâgeuse avec elle. C’est notre mère, quoi ! Enfin bon… Fais comme tu veux.

Pouffant de rire, la princesse aida la nonne à se relever et l’embrassa sur la joue.

— Tu peux me tutoyer, ma rose blanche, dit-elle, à l’attention de sa robe nacrée. Je veux tout apprendre de toi ! Oh tu es si jolie ! L’image parfaite de ton père !

— Tu réalises qu’on se ressemble tous, quand même, bouda Flint, à l’écart.

Elle n’y fit pas attention et tourna son regard vers Kyran, avec qui elle n’avait jamais réellement eu de contact direct. La déesse tendit son bras vers lui pour l’inviter dans leur étreinte. Maladroitement, il s’approcha et la serra à son tour. Il ne s’était pas attendu à recevoir tant d’amour, de la part de cette dame.

— Mère… j’ai une horrible nouvelle à vous annoncer, couina Sarah.

La bonne humeur de la princesse s’estompa. Son visage s’assombrit.

— Je sais… je l’ai tout de suite deviné en vous voyant…

— Il est mort en héros, déclara Kyran.

— Ça, c’est bien notre Lucas. Mais ne vous en faites pas pour lui. Nous retrouverons son âme et nous le ramènerons, ou je ne m’appelle plus Athéna.

— Tâchons surtout de mettre fin à cette guerre.

— J’y compte bien, mon fils. J’y compte bien.

Flint entendit alors sa sœur qui récitait une prière à l’intention de sa déesse, ce qui le mit mal à l’aise, car leur mère était présente. La dame concernée, était flattée par cette douce attention, mais commençait à se sentir gênée.

Tandis que le capitaine allait faire demi-tour pour retourner en direction de son mari, il ressentit le sol vibrer sous ses pieds à une intensité hallucinante. Il entendit quelqu’un pleurer et crier de joie avant de foncer tout droit vers Athéna et Sarah. La princesse se tassa de justesse et laissa Gabriel serrer la nonne dans ses bras.

Flint cligna des yeux, abasourdi par cette scène. Puis, il se dit que tout cela était tout à fait normal, car le colosse avait grandi aux côtés des quadruplés. Celui-ci serra la religieuse contre lui et enfouit son nez dans les cheveux de cette dernière, pleurant de joie. La pauvre petite blonde pouffa de rire, mais rendit l’enlacement au nounours.

— Qu’il fait bon de tous vous retrouver, dit-elle, émue.

¤*¤*¤

Midi passé, tout le monde avait été mis au courant du sacrifice de Lucas. On avait accueilli les rescapés du château dans les rangs de l’armée. Le Roi de l’Olympe n’était pas revenu depuis une demi-journée de son expédition à l’est du campement. La Commandante Athéna était donc en charge du terrain, en compagnie des autres généraux. Au sud, Perséphone, Thanatos et Hypnos cherchaient pour d’autres survivants de cette guerre.

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