136.1 - La boîte de Pandore

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Quelques minutes après avoir cherché son fils, le président retrouva Flint dans la salle des archives de la bibliothèque. Le jeune homme recherchait des informations. Curieux, le mage s’approcha de ce dernier.

— Tu es parti très vite des cachots, dit ce dernier. Que cherches-tu ?

— L’objet dont Satan nous a parlé, la boîte de Pandore. Je crois qu’elle est quelque part dans ce château. J’ai entendu parler de cette légende à bord du Célestia. Maman en discutait avec Thanatos et Hypnos. Je m’en souviens très bien parce qu’ils parlaient de ce truc, le jour où Perséphone lui a avoué que nos pertes de mémoires dans la simulation étaient entièrement de sa faute.

— Et c’est quoi le lien entre la simulation et la boîte de Pandore ?

— Ils ont fait un parallèle au moment où les démons et le chaos a attaqué la ville virtuelle et Thanatos a mentionné la fameuse boîte, parce qu’elle contenait autrefois les maux de l’humanité. Moi, j’étais assis dans un coin du réfectoire et je mangeais une pointe de tarte. Je n’ai pas voulu intervenir dans leur conversation.

— Ce n’est qu’un mythe, tu sais ? Il y a de fortes chances que c’était une métaphore, ce qu’a dit Satan. Mais j’imagine que…

Flint plaça un lourd manuscrit devant son père et pointa son doigt sur l’image d’une jarre. À côté de celle-ci, on pouvait lire les mots : Boîte de Pandore. Artael, incrédule, vérifia la couverture du livre. Il était inscrit : Reliques Olympiennes, Volume IV – Encyclopédie.

— Tu disais ? répliqua son fils avec un sourire en coin.

— Eh bah… Nous allons devoir attendre que le diable se réveille pour en avoir le cœur net, parce je m’attendais à tout sauf ça.

Flint traîna le livre vers lui et lut à voix haute :

D’après le poète Hésiode, la boîte de Pandore était un présent du tout premier Zeus qui voulut se venger quand le titan Prométhée vola les flammes sacrées du Saint Royaume, afin de les offrir aux mortels. Le Roi de l’Olympe envoya une jeune demoiselle, Pandore, créé par Héphaïstos – 1er du nom – chez Épiméthée, le frère de Prométhée. Pandore ouvrit la jarre qu’on lui avait reléguée et de celle-ci sortit la mort, la maladie et de nombreuses calamités qui se sont répandues dans le monde des Hommes. Bien qu’elle ait refermée cette dernière rapidement, un élément important resta coincée à l’intérieur : l’espérance, aussi connu sous le nom d’espoir. On raconte que la jarre a été enterrée avec Pandore, à sa mort, dans les Champs Élysées. L’objet que vous voyez sur cette photo est une jarre ressemblant étrangement à une boîte, ce qui lui a valu son nom.

— Les Champs Élysées, c’est le vieux nom que l’on donnait à Élysia, déclara Nash, qui venait d’entrer dans la pièce. C’était, il y a de cela, de nombreux siècles.

Le capitaine lâcha le manuscrit et se tourna vers son oncle.

— Je sais que c’est tiré par les cheveux, comme requête, mais j’aimerais pouvoir déterrer cette fameuse boîte de Pandore.

— D’abord, il faudrait trouver la tombe de cette femme. Je ne sais pas si ses ossements ont été déplacés au Jardin d’Éden… Il faudra vérifier avec ceux et celles qui s’occupent de veiller sur les défunts.

Artael claqua des doigts devant son fils afin d’attirer l’attention vers lui.

— Flint, j’ai conscience que tu essaies de nous rendre service, mais explique-moi en quoi cette boîte pourrait nous aider. Qu’espères-tu y trouver ?

— L’espérance, bien sûr ! Je ne saurais vous dire pourquoi, mais je crois que cette jarre serait aussi un noyau de création. Sinon, comment expliquez-vous ce qu’elle a été capable d’infliger, contre les ennemis des premiers dieux ?

Nash était tout aussi surprise que son frère. Lui-même n’aurait pas réfléchi à une idée pareille. Si le noyau qu’il avait trouvé au centre du monde était sur le point de se briser, il leur restait peut-être une dernière chance de sauver le Saint Royaume. Celui-ci s’approcha un peu plus de Flint.

— Donc… si ta théorie tient la route, nous aurions un deuxième noyau inactif, toujours en état de fonctionner, sous nos yeux. C’est ce que tu es en train de nous dire, n’est-ce pas ?

— Bingo ! Fouille dans les souvenirs de Zeus, dans ta tête. Il saura sûrement te guider jusqu’à cette fameuse boîte.

— Tu parles d’un Deus Ex Machina… soupira le châtain. Si ce que tu dis est vrai, ça changerait tout. Satan aura perdu cette guerre…

Flint fit quelques pas vers son parrain, prit ses mains et le fixa avec détermination. Ensuite il prit une grande respiration et supplia :

— Grand-Papa Zeus, si t’es là-dedans, viens nous aider !

Nash cligna des yeux, éberlué. Il pencha la tête d’un côté.

— Je suis désolé Flint, mais ça ne fonctionne pas comme ça, formula-t-il.

— Ça valait la peine d’essayer, soupira Flint, avant de hausser les épaules.

Artael, découragé, se recouvrit le visage. Ils avaient besoin de repos, après cette longue matinée. Cependant, le capitaine ne comptait pas abandonner ses amis, ni sa famille, à une mort absolue. Il sortit rapidement de la salle des archives de la bibliothèque et fila en dehors du palais, avec une impatience hallucinante. Il faillit percuter un garde qui se tenait à l’entrée principale et se dirigea vers une grange où il ramassa une pelle.

Pendant ce temps, Nash continuait de discuter avec son frère.

— Pour en revenir à notre conversation du mois dernier, je commence de plus en plus à reconnaître Athéna, quand il nous parle, formula-t-il.

— C’est vrai, répondit le mage. Quand elle avait une idée derrière la tête, rien ne l’arrêtait. Il est pareil. J’ai l’impression qu’elle se manifeste à travers lui.

— Possible. Mais je me dis aussi qu’il était plus attaché à elle qu’il n’ose nous le dire.

— Il va parfois lui rendre visite à sa tombe, mais il passe beaucoup plus de temps à réciter des prières ou bien bavarder avec celle de Lucas.

Artael eut une pensée pour son défunt fils, il ressentit son cœur se serrer et se dit qu’il valait mieux changer de sujet. Il n’avait pas envie de pleurer. Il pleurait rarement en public et encore moins devant son frère, ni ses enfants.

— J’ai… j’ai besoin d’être seul, un moment, dit-il à Nash. J’espère que tu comprends.

Le blond contourna celui-ci, tête basse. Le châtain lui accorda cette requête. Lui-même était curieux d’en apprendre plus sur la fameuse boîte de Pandore, alors il décida de relire l’article que Flint avait déniché dans le manuscrit.

Mais où va-t-il chercher toutes ses idées, lui ? se demanda celui-ci. Il me surprendra toujours. Mmm… tiens donc… Voilà qui est intéressant…

En bas de la description, il vit un texte en petits caractères. Cette écriture à pattes de mouches, il l’avait souvent vu par le passé, car elle appartenait à Athéna.

Mm ? Je ne me souviens pas avoir vu ça, quelques minutes plus tôt, se dit Nash. Qu’est-ce que ça dit ? Ça me prendrait une loupe. Oh ! Je sais. Je vais demander de l’aide à Cassandra, puisque sa vision est excellente.

Il ramassa donc le tome ancien et l’emporta avec lui, à l’extérieur de la bibliothèque. Rares étaient les personnes qui y venaient, depuis la fin de la guerre, mais Luna s’en occupait pour passer le temps. La magicienne ne s’y trouvait pas en cet instant, mais si ce fut le cas, il aurait pu lui demander de déchiffrer ces lettres.

Une fois sorti au couloir, Nash croisa Gabriel qui remontait des donjons. Celui-ci avait passé les dernières minutes à veiller sur la cellule du diable, pendant qu’on était venu ramasser le corps de Jackman. De nouveaux gardes remplaçaient ceux d’avant, afin de s’assurer que leur ennemi ne sorte pas des cachots. Le gros barbu vit Nash et le salua d’un signe de tête. L’ancien brigadier le rejoignit à mi-chemin entre la porte d’entrée et un autre couloir qui menait aux cuisines du château.

— Où vas-tu avec ça ? demanda le colosse qui pointa le manuscrit.

— C’est pour Cassandra. Saurais-tu où elle se trouve ?

— Elle est retournée à l’infirmerie après les récentes nouvelles. Elle ne se sentait pas bien. Pourquoi ? De quoi avez-vous parlé… ?

Nash ne savait pas si c’était le bon moment pour lui révéler l’hypothèse de Flint, mais lui dit simplement :

— Je crois que tu devrais aller voir Flint au cimetière d’Élysia. Il te dira tout.

— Mais qu’est-ce qu’il fait là ?

Nash n’avait pas vraiment le temps de lui répondre. Pour lui, il était primordial de comprendre l’écriture d’Athéna. Il salua donc Gabriel, sans plus attendre, et partit en coup de vent. Éberlué, le gros bonhomme se gratta la tête.

— Tout le monde est à cran depuis tantôt… marmonna celui-ci pour lui-même.

En même temps, Gabriel ne pouvait blâmer personne, puisque dans sept jours, ils allaient tous disparaître. Il essayait néanmoins de garder son sang-froid. Il était sûr que tous ensemble, ils réussiraient à trouver une solution, à cet obstacle. Il avait foi en son équipe et en son mari. Au plus profond de lui, il n’y avait rien à leur épreuve.

Seulement, il y eut une pensée pour ses projets personnels. Il aurait cru, à la fin de cette guerre, qu’il aurait pu commencer à se préparer pour une éventuelle grossesse. Il s’était imaginé plusieurs fois aux côtés de Flint, en train de décorer la chambre de leur bébé à naître. Il passa une main en ce moment même, sur son bedon, alors qu’il imaginait un fils ou bien une fille, qui aurait commencé à grandir en lui. Une larme coula le long de sa joue, qu’il essuya aussitôt.

Bien qu’il ait commencé à perdre un peu de poids, comme le lui avait demandé Cassandra, il n’avait toujours pas eu le courage d’avouer à tous ses amis qu’il souhaitait renouer avec son incarnation du passé et se faire engrosser par Flint. La mort de Lucas ne l’avait pas aidé. Tout ça n’avait fait que l’enfoncer dans son mutisme. La petite voix dans sa tête ne s’arrêtait jamais. Elle lui disait à quel point il serait plus heureux, une fois qu’il aurait accompli son rêve.

— De toute façon, je peux très bien adopter des orphelins de guerre qui ont perdu leurs parents au néant… se dit-il tout bas.

Il n’aurait pas besoin de modifier le bas de son corps. Mais cela n’effaçait pas le désir profond qu’il avait de comprendre cet organe, normalement associé au sexe féminin et à l’ancien Gabriel. Peut-être était-ce mieux ainsi ? Non. Il secoua la tête. Il était déterminé, plus que jamais, à ce que Flint et lui donnent naissance à un petit poupon.

Il prit donc son courage à deux mains et sortit du château, pour ensuite se diriger vers le cimetière, où il espérait trouver Flint. Il vit ce dernier, en train de creuser près d’une vieille pierre tombale, alors que quelques villageois criaient scandale et hurlaient pour qu’il laisse celle-ci tranquille. Shayne Wolfe avait dû intervenir et empêcher ces derniers de s’en approcher. Le gros guerrier remarqua aussi que Misaki était sur place et qu’elle assistait le blond avec sa magie.

Finalement, ils découvrirent un vieux cercueil en bois, décomposé avec les années. Ils soulevèrent ce qui restait du couvercle et virent de vieux ossements, ceux d’une femme qui tenait entre ses mains, une jarre noire avec des symboles que ni Flint, ni Misaki ne reconnaissaient. Un citoyen se montra violent ; Shayne dut l’arrêter avec un coup sec dans le ventre, afin de lui couper son souffle.

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