136.3 - La boîte de Pandore

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Apollon était sur le point de crier scandale, mais un autre dieu se leva à son tour, à la gauche de cette table. Il s’agissait d’un homme avec une peau de loup qui lui couvrait la tête, ainsi que le dos. Ce dernier représentait une faction mineure. Il avait bravement combattu aux côtés des olympiens, lors de cette guerre.

— Si briser jarre, il faut, moi d’accord, dit-il. Moi, vouloir paix.

Flint était surpris d’entendre cet homme parler avec ce genre de dialecte. Il ne semblait pas maîtriser leur langue, mais au moins il se rangeait de leur côté.

— Très bien Fenrir, déclara Artael. Ton vote est pris en considération.

— Fenrir ? formula alors le capitaine. N’était-ce pas un membre des dieux scandinaves ? Je croyais que les jumeaux Sanders étaient les derniers.

Apollon poussa un long soupir, suite aux paroles de Flint. Sa relation avec son neveu et sa nièce ne semblait pas s’améliorer. Il refusait absolument de s’en approcher depuis qu’ils étaient revenus au Saint Royaume.

D’ailleurs, le capitaine de la Septième Brigade avait appris qu’il était le jeune frère du jumeau d’Artémis, l’Appolon précédent qui avait été un modèle pour lui. Alors que Flint repensait à tout cela, la déesse chasseuse reprocha à son frère d’être impoli envers le Conseil et lui donna d’un coup de poing sur le bras. Il gémit de douleur.

L’homme à la peau de loup sur la tête se tourna vers Flint et répondit :

— Effectivement. Moi avoir nom de dieu scandinave. Mais moi, pas dieu scandinave.

Flint cligna des yeux. Il était curieux d’en apprendre plus sur cet homme mystérieux, mais il vit bientôt d’autres dieux et déesses, qui se levèrent afin de manifester leur décision. Finalement, de tous les vingt conseillers présents dans cette pièce, seulement quatre votèrent contre la destruction de la jarre. Les autres avaient tous décidé de la briser.

— C’est un très grand manque de respect envers nos ancêtres ! s’exclama Apollon, indigné. Mais bon… puisque la majorité a voté pour ce crime contre l’art, je vais m’en remettre à votre décision…

Il se rassit et frotta le bras que sa sœur avait frappé, un instant plus tôt. Il boudait. Artémis ne semblait pas plus offensée que ça. Elle haussa les épaules et dit :

— De mon côté, bien que ça ne me mette pas à l’aise, je vais me fier à votre instinct, Artael. J’espère au moins que vous savez ce que vous faites.

— Ce n’est pas à moi qu’il faut dire ça, mais à mon fils, rétorqua le président.

Il se tourna vers Flint et le montra d’un geste de la main.

— N’est-ce pas, Capitaine Markios ? dit-il.

Flint opina du chef et posa son regard sur la jarre.

— Voilà ce que je propose, conseillers, formula ce dernier. Je vais ouvrir cette jarre loin du château, près d’une surface plate. Nul ne sait ce qu’il en sortira, s’il y a effectivement un noyau de création ou non. Tout ce que je sais, c’est qu’il y a une petite voix dans ma tête, qu’on appelle l’instinct. Elle me dit qu’il faut absolument découvrir ce qu’il s’y cache.

Il se racla la gorge avant de poursuivre :

— Je compte emmener avec moi, tous les membres de la Septième Brigade, mon oncle Nash ainsi que mon père. Mon frère et ma sœur seront aussi de la partie. Est-ce que ça vous va, Mesdames ? Messieurs ?

Les divinités s’échangèrent tous des regards afin de hocher leurs têtes, respectivement.

— Très bien, déclara Artael avant de taper sur la table avec son maillet de juge. Puisque la décision sur la boîte de Pandore a été prise, je demanderais au Capitaine Markios de quitter l’audience, afin que nous puissions poursuivre à la sentence accélérée de Satan. Soldats ? Allez chercher l’accusé… mais n’oubliez pas de le restreindre. Il est imprévisible…

Flint s’inclina devant tout le monde et sortit de la pièce, avec la jarre. Il croisa le regard de deux gardes, complètement terrifiés. Il n’aurait pas aimé être à leur place. La simple idée de se retrouver dans la même pièce que Satan, lui donnait une nausée.

Une heure après le souper, le capitaine de la Septième Brigade et ses compagnons prirent des calèches pour se rendre à l’est du château. Finalement, ils arrivèrent près d’un vaste jardin de fleurs où Athéna avait l’habitude de se promener. Cette surface lui avait été recommandée par Nash, qui s’y était parfois rendu avec elle en tant que protecteur.

— Enfin venu l’heure de vérité… se dit Flint qui posa la jarre sur la plus grosse pierre qu’il trouva, dont la surface était aplatie. On procède comment, d’après vous ?

— As-tu besoin de ma hache ? proposa Gabriel.

— On doit briser la jarre, pas ce qu’elle contient… Avec ta puissance étonnante, on risque de briser le noyau.

Le colosse rougit et rigola, timidement. Il recula et voulu se cacher derrière les autres. Malgré cela, le capitaine était content de sa présence.

— Essayons avec de la magie, peut-être ? proposa Kyran. Quelques sorts mineurs devraient suffire. Un éclair par-ci, une onde de choc par là…

— On peut toujours essayer, ajouta Luna. Wyatt ? À toi l’honneur.

Le mage ne s’était pas du tout attendu à ce que sa collègue le nomme pour la tâche.

— Mais euh… Ce n’est même pas moi qui ai eu cette idée !

— J’aime mieux que tu nous serves de cobaye, mon pote.

Elle lui fit une petite tape amicale sur l’épaule, avant de le pousser en direction de la jarre. Scottie ne trouvait pas cela marrant, même si sa sœur riait aux éclats.

— Allons, Wyatt, râla Luna. Finissons-en qu’on puisse enfin passer à autre chose.

Pendant que son meilleur ami se débattait avec les autres pour ne pas passer en premier, Nash discutait avec Artael, un peu plus loin.

— Finalement, Satan ne nous a pas causé autant de problèmes que je l’aurais imaginé pour sa sentence, dit le châtain. Il a suivi les gardes sans leur faire de mal.

— Tu as bien fait de les suivre, répliqua le président. Encore une fois, merci de l’avoir exécuté. J’étais trop épuisé pour lancer un sort aussi puissant.

— Pas de quoi, grand frère. Bizarrement, il a accepté son châtiment. J’aurais cru qu’il aurait tenté de nous massacrer, à la dernière minute… Mais rien.

— Bah, en même temps, il était convaincu que ce monde est destiné à mourir… Peut-être était-ce une bonne chose ? Nous n’aurons plus à l’endurer pour les jours à venir.

Le châtain haussa les épaules, et se frotta le menton. Il détourna cependant son attention vers Wyatt. Le mage aux lunettes en demi-lunes venait de lancer un pic de glace dans la jarre. Il se recroquevilla en vitesse, car il avait peur d’avoir déclenché une bombe. À la grande surprise de tous, la boîte de Pandore était toujours intacte.

— Mais elle est construite avec quoi, cette jarre ? s’exprima Kylie qui s’en approcha.

Elle fit apparaître une épée dans sa main droite et prit une grande respiration avant de donner un coup sec avec le bout non tranchant de sa lame. Son épée lui échappa des mains, alors que l’objet magique roula sous ses pieds. Scottie Sanders tenta de le soulever dans les airs avec des ronces qu’il fit apparaître du sol, pour ensuite l’écraser dans la terre. Encore une fois, même résultat. Misaki fut la suivante avec une série de pics rocheux. Toujours, aucun résultat. Flint secoua la tête, déçu.

— Rien à faire, soupira l’albinos. Cette boîte est indestructible.

— Tu crois ça, hein ? grommela le colosse. Laisse-moi voir ça…

Gabriel retroussa ses manches de manteau et prit la place de son amie. Au lieu de faire apparaître sa hache, il prit l’objet et la lança de toutes ses forces, au sol. À la grande surprise de ses collègues de travail, il n’y avait pas la moindre égratignure sur celle-ci. Insulté, il sortit de sa bague magique, tout son arsenal. Étoile du matin, haches, épées lourdes, bombes. Il essaya tout ce qu’il avait sous la main ; rien ne fonctionna.

À bout de souffles, le gros guerrier s’avoua vaincu et se laissa tomber sur les fesses.

— Bon bah, les gars, j’abandonne, grogna celui-ci. Si même ma puissance ne peut rien y faire, nous sommes fichus.

— Et si on demandait à Héphaïstos de nous aider ? suggéra Luna. Est-il lié au premier dieu de ce nom ? Sûrement qu’il pourrait nous aider…

Ils se tournèrent tous vers Nash, qui avait beaucoup plus de connaissances qu’eux, en ce qui concerne les olympiens. Celui-ci secoua sa tête.

— La jarre a été fabriquée par le premier Zeus, souvenez-vous. Donc il serait naturel que la descendance de celui-ci soit capable de l’ouvrir.

— Ça n’a aucun sens, puisque Pandore a été créée par notre ami forgeron, répliqua la magicienne. Comment est-ce possible ?

— D’après les mythes qui entourent cette femme, il semblerait qu’elle ait été construite dans de l’argile magique, offerte par le tout premier Roi de l’Olympe… Du coup tout porte à croire que seule sa magie pourrait nous aider.

Kyran sursauta, quand il réalisa quelque chose d’important.

— Et nous ? fit celui-ci. Flint, ma sœur et moi, nous sommes des descendants directs des olympiens. Athéna, même si elle n’était pas la fille biologique du Zeus qui t’a précédé… elle était quand même une olympienne de sang pur. Se pourrait-il qu’on ait ce sang en nous ? Si c’est le cas, ça voudrait dire que l’un de nous trois pourrait…

Alors qu’ils écoutaient les paroles du diplomate, ils ne virent pas Flint qui s’était approché de la boîte de Pandore, pour y jeter un faisceau lumineux. Elle s’ouvrit, ce qui dévoila une sphère aux reflets arc-en-ciel. Kyran était bouche-bée.

— C’est bel et bien un noyau, répliqua le capitaine, mais il est inactif. Au moins, il n’est pas brisé. Je ressens beaucoup de magie en lui. Il doit être presque plein.

Flint se tourna vers ses camarades, tous ébahis.

— Bah quoi ? remarqua le blond. Kyran a dit que seul quelqu’un avec le sang de Zeus aurait pu détruire cette jarre, alors j’ai agi.

— Oui, mais ça aurait pu nous tuer ! gronda son aîné.

— Nous étions tous préparés à subir les conséquences de nos actes !

— Ce que tu peux être impulsif !

Les deux frères commencèrent à se quereller sous les regards de leurs pairs. Gabriel allait se lever pour intervenir, lorsque Nash se plaça entre les deux hommes. Il baissa alors leurs têtes vers les mains de Flint. Le noyau avait commencé à briller. Kyran cessa de se plaindre aussitôt.

— Je retire ce que j’ai dit, commenta le conseiller. Tu viens de nous sauver la peau !

Surpris, Flint avait en sa possession, un noyau de la création actif et prêt les protéger du fléau des anges, ainsi que la destruction de ce monde. Son cœur battait à la chamade. Était-ce vraiment la fin qu’il avait tant espérée ? Il tourna son regard vers ses amis et pour la première fois depuis des mois, il était fier de lui-même.

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