137.2 - La fin d'une aventure

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Derrière eux, Gabriel Markios se trouvait en compagnie de son fils Randell. Le gros barbu avait délaissé les entraînements. À force de cuisiner pour tout le monde au palais présidentiel, il avait repris tous les kilos qu’il avait perdus au cours de la guerre, au grand dam de Cassandra qui n’avait pas cessé de s’en faire pour lui. Leur petit projet secret avait été repoussé.

Le colosse s’était dit qu’il attendrait le retour de Lucas avant de lui demander sa bénédiction. Sans quoi, il n’accepterait pas de faire des bébés avec Flint.

Pour le moment, il n’avait pas honte d’avoir engraissé un peu et cela faisait l’affaire de son mari qui l’encourageait toujours à suivre ses rêves. Leur garçon, de son côté, avait légèrement grandi entre-temps. Il semblait avoir dépassé Derek et Soren de quelques centimètres et jouait parfois avec eux. Il avait désormais le corps d’un enfant de onze ans, ce qui ne manquait jamais d’étonner sa famille.

— Tu n’as pas envie d’aller rejoindre tes amis ? demanda Gabriel à son fils.

— Non. Ça va. Je me demandais ce que nous allions faire, par la suite.

— Il nous reste toujours les esprits élémentaires à ramener et encore d’autres projets, pourquoi ? Quelque chose te tracasse ?

— Rien en particulier… mais ne trouves-tu pas ça étrange qu’il n’y ait plus rien pour nous faire peur… ? Nous faire du mal ? J’ai l’impression de n’avoir jamais connu cela de toute mon existence… Et je dois t’avouer que ça m’inquiète.

— Ce que tu décris, ça s’appelle la paix. Durant toute ta longue vie de sorcier, aux côtés de ton mentor, tu as connu une existence de guerres et de terreurs. C’est normal, d’après moi, que tu ne sois pas habitué à ce sentiment. Tu n’as jamais connu ça.

— Ah… je comprends mieux maintenant.

Randell observa son autre père, un peu plus loin, qui chatouillait les côtes de Lucas. Il esquissa un sourire et serra la main de Gabriel.

— Je crois que je pourrais m’y faire, à cette… paix, hésita le garçon.

— Le plus important, d’après moi, est nous assurer que les compagnons de Satan ne viennent pas nous déranger. Beaucoup d’entre eux ont pris la fuite, ce jour-là, mais je ne pense pas qu’ils reviendront combattre contre nous de sitôt.

— Je crois qu’on devrait essayer de les soigner.

Gabriel fronça des sourcils et puis observa son fils.

— Où veux-tu en venir ?

— Bah… les démons étaient autrefois des anges, non ? expliqua Randy qui leva son regard vers son gros père. Si c’est le cas, la plupart d’entre eux pourraient redevenir comme avant, avec notre aide.

— Pas bête, comme idée. Mais bon, je doute que les premiers démons soient encore en vie, après tout ce temps. Maintenant, il n’y a plus que leurs descendances.

— On peut toujours essayer. Après tout, nous avons de brillants mages avec nous.

Le colosse sourit en repensant à tous les événements de ces derniers mois. Encore une fois, son fils l’avait étonné avec son inépuisable sagesse. Il se demandait même si ce dernier n’allait pas encore vieillir très vite, bientôt. Il était étrange, après tout, que le petit Randell ait grandi de cinq ans environs, en l’espace d’une année. Gabriel devait-il vraiment s’en faire ? Après tout, il était lui-même une créature unique en son genre. Finalement, il décida qu’il n’avait aucune raison de s’inquiéter.

Toutefois, avant qu’ils ne sortent de la crypte, un peu plus tard, il prit Lucas à l’écart afin qu’ils puissent discuter en privé…

¤*¤*¤

Le mois d’avril était arrivé rapidement. Athéna occupait désormais une place importante au Conseil, aux côtés de son époux, Artael Markios. Quelques jours plus tôt, ils s’étaient mariés sur la place publique de Baldt, avec tous leurs amis comme témoins et la population de la ville grandissante.

Même la grande Gretta Doyle, de retour parmi eux, avait applaudi les nouveaux mariés et pleuré à chaudes larmes. Cette dernière avait décidé de redevenir fermière, aux côtés de son mari et de ses enfants qui l’avaient suivi sans hésiter. Il faisait encore trop froid pour planter certains produits, mais leur famille s’occupait déjà d’élever des poules, des cochons et des vaches pour la population.

Vives les mariés ! avait hurlé Scottie Sanders, fou de joie pour son président. Ça faisait si longtemps que j’attendais ce moment !

Le jeune homme, au cœur tendre, avait toujours été fan des histoires d’amours qui finissaient bien. Cela n’avait même pas étonné sa sœur, ni le reste de la Septième Brigade, d’ailleurs, lorsqu’il avait pleuré dans les bras de Gretta pour la consoler.

Le dixième jour d’avril, alors qu’Athéna assistait à sa première réunion du Conseil, le Dieu Apollon avait décidé qu’il était temps pour lui de s’absenter du gouvernement, pour quelques mois, car il avait décidé de construire un amphithéâtre dans la grande ville de Baldt. Il trouvait que la communauté méritait de voir des spectacles plus souvent. Artael lui accorda ce souhait et celui-ci sortit de la grande salle, la tête haute.

Artémis ne venait plus tellement aux rencontres, car elle avait décidé de devenir enseignante à l’académie militaire des anges que l’on avait fait reconstruire, tout près de la capitale. Cette dernière voulait apprendre aux plus jeunes à chasser pour leur nourriture et aussi à se défendre. Il n’y avait plus de menace à l’horizon, mais cette école était toujours très importante pour les dieux qui avaient participé à cette guerre. Des créatures hostiles rôdaient quand même dans la galaxie…

— Ah ! Il fait bon de retourner chez soi, se dit Athéna, qui mit ses mains derrière la tête. Ça m’a manqué, toutes ces paperasses et l’ambiance politique.

Artael gloussa en secoua la tête. La première dame avait rapidement démontré son autorité lors des premières heures et avait remis un conseiller à sa place, lorsqu’il lui avait manqué de respect. Celui-ci n’appréciait pas qu’elle fasse partie de leur équipe, sous prétexte qu’elle s’était mariée au président de la nouvelle république.

— Dois-je vous rappeler que j’étais autrefois votre princesse, Hercule ? avait-elle dit, avant de hausser le ton. Je ne suis peut-être plus votre supérieure de cette manière, mais je connais nos lois ! Les couples ont le droit de servir côte à côte au Conclave !

— Mais vous n’avez pas été élue ! répondit l’homme, indigné. Et ceci n’est pas un Conclave, mais un tout nouveau Conseil créé pour remplacer l’ancien gouvernement ! Non mais…

Elle s’était contentée de le foudroyer du regard. Cela l’avait intimidé et il s’était rassi pour ensuite baisser la tête. Cela n’avait pas plu à certains conseillers, mais d’autres avaient applaudi la jeune femme, qui n’avait pas froid aux yeux.

Le Général Hercule était venu la voir, durant le dîner, enfin présenter ses excuses à l’épouse d’Artael. Elle avait pardonné son vieil ami rapidement et ils s’étaient serrés la main. Il avait tendance à être un peu trop réglo, d’après elle. Ça lui rappelait Kyran, son propre fils, qui avait pris ses distances du Conseil.

— Au fait, maintenant que j’y pense, se dit Athéna. Kyran se demandait si tu accepterais de venir enseigner un cours avec lui. Ses élèves aimeraient voir leur président à l’œuvre.

— Je peux toujours me libérer, quelque temps, cette semaine, sourit son mari.

— Très bien, je vais glisser cela dans ton horaire.

L’ancien diplomate avait pris sa retraite politique, et opté pour devenir professeur de la magie à l’académie militaire. Il avait adopté une orpheline de guerre, dont les parents étaient des criminels endurcis. Il comptait faire en sorte que leur fille ne finisse pas comme eux, puisqu’on ne leur avait pas accordé leurs réincarnations.

Autrefois, il aurait voulu fonder sa propre famille avec son propre ADN, mais avait abandonné cette envie qu’il trouvait démodée, pour son nouveau style de vie. Kyran assumait pleinement son nouveau rôle de père par adoption, ainsi que celui d’enseignant. Toujours célibataire, il n’avait pas besoin de femme dans sa vie pour être heureux. Il se contentait d’élever sa petite Julia.

— Prête pour les prochaines heures ? demanda Artael à son épouse, quand elle vit les conseillers revenir de leur pause de dîner.

— Évidemment ! déclara Athéna.

Quelques minutes plus tard, le Conseil reprit ses activités et on y discuta des nouvelles nations qui se formaient de plus en plus, un peu partout, à travers cette nouvelle planète. Vers la fin de cette journée, Fenrir, le représentant des anciennes factions mineures, se leva afin de poser une question au couple.

— Moi, inquiet pour Monsieur Flint. Monsieur Flint et amis, absents depuis beaucoup semaines. Moi, aimerait savoir… Enfin… Je voudrais… savoir, ce que vous en pensez.

Artael et Athéna échangèrent un sourire complice. Effectivement, les membres de la Septième Brigade étaient absents. Mais Fenrir n’avait pas à s’inquiéter.

¤*¤*¤

Au nord de la nouvelle république de Baldt, Flint bondit d’un véhicule pour retomber sur ses pieds. Il courut en direction de son groupe pour se retourner face au tout nouveau vaisseau spatial, le Célestia II, qu’il avait fait construire grâce aux ingénieurs qui travaillaient en ville. Selon lui, il était trop tôt pour arrêter de rêver. Il souhaitait voir plus grand, aller encore plus loin, explorer de nouveaux horizons.

Puisque son fonction principale n’existait plus qu’en souvenirs, la Septième Brigade avait d’abord été dissoute temporairement, puis réaffectée au-delà des frontières du Saint Royaume. Désormais Flint et ses amis deviendraient des ambassadeurs du monde spirituel. Leur mission serait de tisser des nouveaux liens avec les âmes errantes, sauver les démons qu’ils pourraient épargner et servir de liens entre les mortels et les anges. Ceci serait pour eux une excellente façon de rendre service à leur nouvelle patrie. Toutefois, le jeune homme avait surtout le goût de partir en voyage, autour de l’univers, juste pour le plaisir. Pour cette raison, son père lui avait accordé son souhait de reconstruire le vaisseau dans lequel ils avaient voyagé pendant quelques mois.

— On va bientôt avoir une deuxième raison de t’appeler capitaine, gloussa Gabriel qui passa une main par-dessus l’épaule de son mari.

— Qui aurait crû, un jour, que je deviendrais un aventurier de l’espace ? commenta le blond. Ah… Gabriel, mon cher Gabriel… Tant d’options s’offrent à nous, désormais. Imagine le nombre de mondes que nous allons découvrir, tous ensemble…

— Je sais, Flint. J’ai aussi hâte de découvrir de nouvelles planètes, de nouvelles cultures et j’en passe. Mais il y a une chose que j’ai absolument hâte d’essayer !

Le plus petit des deux hommes observa le colosse et haussa un sourcil.

— De nouvelles recettes ? Pfft…

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