138.3 - Une sensation de déjà-vu

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Aucune réponse. L’albinos haussa des épaules, puis commença à se retourner vers le capitaine et le colosse lorsque Flint sursauta. Le blond prit une grande respiration et regarda autour de lui, désorienté. Il empoignait le gazon et cligna des yeux. À côté de lui, l’esprit de la lumière secoua la tête.

— Flint ! lança Gabriel avant de courir vers lui.

— Mais que s’est-il passé ? demanda Nash, une fois qu’il arriva près d’eux.

— Ouah, pas si vite, vous deux. J’ai la tête qui tourne.

Flint essaya de se relever, mais il s’était réveillé à une telle vitesse que les images bougeaient dans tous les sens, dans sa tête. Toutefois, il avait compris pourquoi il avait des visions depuis quelque temps. S’il parlait devant les autres, à cet instant, il risquait de provoquer la panique générale dans son état. Il prit une grande respiration et demanda à Gabriel, d’une main, de l’aider à se redresser.

Une fois debout, il dut faire quelques pas afin de retrouver son équilibre. Il trébucha sur un caillou, sans faire attention et tomba dans les bras de son oncle.

— Tout doux, Flint. Prends ton temps.

— Mm… gémit le blond.

— As-tu besoin qu’on te porte jusqu’à la calèche ?

— Ça ne sera pas nécessaire.

— Es-tu capable de nous expliquer ce qu’il t’est arrivé ?

Flint déglutit et opina du chef avant de se tenir droit. Il s’appuya sur le bras de Gabriel et regarda ses trois autres compagnons à tour de rôle. Comment leur expliquer que ce qu’il venait d’apprendre allait sûrement changer la perception de ce qui les entourait ? Il ne pouvait plus reculer.

— Rien de tout ceci n’est réel, déclara-t-il, avec un ton grave. Nous sommes coincés dans un programme de réalité virtuelle. Quelqu’un a bousillé nos souvenirs, nos traits de personnalités et nous a emprisonné dans un univers qui n’existe pas.

Le silence fut la seule réponse de ses compagnons.

Nash était bouche-bée, Misaki avait les yeux grands. Gabriel trembla légèrement. Toutefois, la louve était calme. Flint posa son regard sur l’animal, comme si elle faisait tache dans le décor.

— Qui es-tu vraiment ? demanda le blond à l’intruse.

— Je suis Dia, voyons… ! protesta la louve.

— Tu n’es pas celle que je connais réellement, mais une usurpatrice ! Avoue ! La véritable Dia est un bout-en-train, n’arrête pas de faire des blagues et n’est pas aussi calme. Tu n’es pas ma Dia. Alors qui es-tu ?

L’esprit élémentaire soupira et se transforma aussitôt en sphère lumineuse, sous les regards ébahis de Nash, Gabriel et Misaki.

— Il est clair qu’on ne pourra jamais remplacer les véritables relations, dit l’étrange boule de lumière. Toutefois ce fut une expérience intéressante. Je me présente, DIA-X12. Je suis une intelligence artificielle chargée à veiller à ce qu’il ne vous arrive rien de grave dans cette simulation. Je dois veiller sur vos signes vitaux et psychologiques. Présentement, le battement de cœur du sujet Flint Markios est très élevé. Je vous prie de rester calme, Monsieur.

— Une simulation ? exprima Nash qui cligna des yeux. Mais de quoi parlez-vous ?

— Ça serait plus simple, si tes souvenirs n’étaient pas trafiqués, mon oncle, soupira Flint. Mais bon, voilà, quelqu’un s’est amusé avec eux et nous voilà coincés ici. La chose qui se tient devant nous n’est pas l’esprit élémentaire de la lumière.

Il pointait la sphère lumineuse sans même la regarder.

— C’est une machine ou plutôt, l’esprit d’une machine. Ce monde n’est pas le nôtre, mais un ensemble de données informatiques récoltées par des experts. Ce gazon sous nos pieds est composé de codes binaires, tout comme le poisson dans cette assiette.

— Codes binaires… ? formula le capitaine, confus. Données informatiques ?

Flint soupira et s’adressa alors à la boule de lumière.

— DIA-X12, pouvez-vous débloquer les souvenirs de mes compagnons ?

— Tout de suite, Monsieur Markios. Mais cela risque d’être violent.

— Minute, elle suit tes ordres ? commenta Misaki.

— Elle l’a dit elle-même, elle doit prendre soin de nos têtes.

— Oui, mais sûrement… il y a quelqu’un qui tire les ficelles derrière tout ça, non ?

Le blond n’avait pas le temps de lui répondre que déjà, l’intelligence artificielle flotta au-dessus de la tête de la guerrière albinos. Celle-ci gémit de douleur lorsqu’un rayon de lumière lui toucha le front. Cela ne dura que quelques secondes. Ensuite, DIA-X12 fit la même chose avec Gabriel, puis Nash.

Alors que Misaki se frotta les tempes, elle vit que l’apparence de Flint commençait déjà à changer sous ses yeux. Il avait grandi de quelques centimètres, avait une coupe de cheveux différente et semblait beaucoup plus musclé que dans ses souvenirs. Le rythme cardiaque de l’albinos s’accéléra alors que sa mémoire revenait lentement. Finalement, elle se souvenait de tout.

Gabriel n’avait pas tellement changé, quant à lui, outre le fait que son tour de taille avait beaucoup augmenté. Sa barbe était taillée différemment et ses cheveux aussi. Le changement le plus radical fut celui de Nash, dont le corps avait l’air beaucoup plus en santé que sa version précédente.

— Ah, voilà qui est mieux, soupira Flint de soulagement. Ça, c’est le corps dont je me souvenais. Beaucoup plus à mon aise avec ça.

— Ouf, tu es plus grand, marmonna Misaki qui cligna des yeux. C’est étrange…

— Ça va te prendre un peu de temps avant que tu t’y habitues.

Le blond se tourna alors vers la sphère lumineuse et mit une main sur sa hanche. Nash était étonné de voir à quel point son neveu avait pris de l’assurance en si peu de temps. Ses souvenirs revenaient graduellement, mais il avait l’impression de vivre de tous nouveaux sentiments. Il ne le reconnaissait plus.

— DIA-X12, dit Flint. Je suis le Capitaine Markios du Célestia II et comme l’exige le protocole à bord de mon vaisseau, tu dois m’obéir. Quel est l’état de mon équipage ?

— Vous êtes sains et saufs, Monsieur. Seulement, huit d’entre vous ont été plongés dans un profond sommeil dans la salle réservée aux casques de réalité virtuelle. L’un d’entre vous a par contre trafiqué le programme et vous ne pouvez plus en sortir.

— Oui, mais vous étiez complice avec lui, n’est-ce pas ?

— Pas nécessairement, Monsieur. Je ne suis pas programmée pour cela. Vous le savez déjà que je ne ferais jamais de mal à personne.

— Mais de quoi parlez-vous ? s’interposa Nash, confus.

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