139.4 - Troyd Markios

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— C’était notre petit secret… continua Troyd. À tous les dimanches, elle l’excitait et lui, fervent croyant qu’il était, n’osait pas se branler. Alors pour se soulager, il me prenait en cachette et je te laisse imaginer la suite. Pour acheter mon silence, il m’offrait tous les jouets que je désirais… Puis quand Agathielle est partie, il a continué à faire de moi son… esclave sexuel, prétendant qu’il avait développé une attirance pour moi. Je me suis tu. Durant tout ce temps. Tu n’as jamais rien remarqué, tu étais toujours occupé. Mais un soir, il m’a pris… je n’avais que douze ans… Je ne voulais pas… mais il m’a quand même fait des choses horribles et… c’est là que j’ai compris qu’Athéna ne viendrait jamais me sauver… Que cette salope pouvait crever autant de fois que je l’aurais souhaité ! J’ai craché sur votre foi et je me suis battu corps et âme pour faire revenir Perséphone. Je souhaitais me venger de notre père. Mais il était trop tard. Il est mort et vous ne l’avez jamais puni. Il est déjà réincarné, quelque part, grâce à votre système de cul. Ceci ne changera pas l’opinion que j’ai de vous, car je sais que ma mort n’aura servi à rien. Mais tant et aussi longtemps que des gens comme lui existeront, ce genre de crimes se répétera et le cercle continuera encore et encore. Tout ce que j’ai appris, je l’ai appris de lui…

— C’est connu, les criminels sexuels ont pour la plupart été victimes d’abus sexuels.

— Et comment… Nous passons des années à souffrir en silence, à ne jamais dévoiler ce qu’on a subi, pour enfin péter un câble ! Toutes les femmes que j’ai pénétrées étaient pour moi le plus grand soulagement !

— Tu es un monstre…

— Un monstre qui a été abusé par ton propre père, je te signale !

— Peu importe. Tu aurais pu m’en parler quand nous étions plus jeunes. Au lieu de cela, tu t’es renfermé et tu as tout gardé pour toi. J’aurais pu t’aider… j’aurais pu…

Troyd secoua la tête et continua à lui sourire.

— Tu n’en avais pas la force, ni moi. Mère Agathielle nous avait sauvés, cette pute, mais elle m’a condamné à une existence de victime pour notre père pédophile…

— Elle n’était pas une pute… C’était une sainte !

— Peu importe… Toutes les femmes… elles sont toutes les mêmes… Elles vous promettent le bonheur, la sécurité, l’amour et ensuite elles vous jettent comme des salopes. Elles ne mériteront jamais mon respect.

Artael secoua la tête. Il ne voulait pas écouter les paroles de son frère. Il le répugnait.

— Pffft… au moins, je suis reconnaissant d’une chose dans toute cette putain de vie, dit le prisonnier. Tu ne devineras jamais ce que c’est.

— Non quoi ? Raconte.

— Ton fils… Flint. Lui, au moins, il a profité de la bite. Et tu veux savoir le pire dans tout ça ? Papa a voulu s’essayer à une époque avec les quadruplés.

— Tu racontes des conneries ! Jamais il n’aurait touché à mes enfants, allons !

— Et pourquoi crois-tu qu’il a voulu le faire ? J’étais devenu trop vieux pour lui. Plus je grandissais et plus il me trouvait laid, il m’insultait et déversait toute sa colère sur moi, parce que je ne prenais pas assez soin de mon corps ! Alors un soir… il s’est approché de ton fils pendant qu’il dormait et a voulu le toucher…

— Ne dis pas ça… Je ne veux pas entendre tes mensonges.

— Et je l’ai assommé. Ton fils avait quatre ans et il était à un cheveu de se faire pénétrer par son propre grand-père. Et toi ? Tu bossais, ce soir-là, alors que Papy Vivi devait surveiller tes gosses ! Mais non, c’est moi qui étais leur gardien…

Artael déglutit. Son frère lui disait-il la vérité ? Virgile Knox avait-il vraiment abusé sexuellement de lui ? Cela expliquerait beaucoup de choses, mais il avait de la difficulté à le croire. C’était sa parole contre celle d’un supposé pédophile qui était passé entre les mailles du filet de leur système.

— Puisqu’on en est aux révélations… autant te dire que je me suis vengé sur lui, ce soir-là, reprit Troyd. Je l’ai dopé avec toutes les drogues inimaginables que j’ai récoltées au marché noir et je lui ai fait boire plein d’alcool. Il a frôlé l’overdose. Ce n’est rien comparé à ce qui s’en venait. J’ai endommagé ses cellules nerveuses de manière permanente avec mon cocktail médical.

— C’était donc ça, sa tentative de suicide ratée ?

Le mage faisait un lien avait cette période de la vie du Président Knox, où celui-ci avait été retrouvé presque mort dans sa chambre, à moitié nu.

— Oui… et il n’a plus jamais été le même par après. Même qu’il a arrêté de me harceler sexuellement et qu’il n’a plus jamais osé s’approcher de tes morveux. Tu veux savoir pourquoi, cher frangin ? Parce que je lui plantais toujours un putain de couteau à la jugulaire à chaque fois qu’il osait s’approcher d’eux. En quelque sorte, j’ai été l’ange gardien de tes gamins pendant quelques années… pour ça, je crois que tu m’en dois une. Maintenant, je n’ai qu’une dernière requête avant de mourir.

— Et c’est quoi, cette requête ?

— Je veux que tu me fasses la promesse que plus jamais vous ne laisserez un pédophile se réincarner… compris ? Ils doivent tous payer.

— Je verrais ce que je peux faire…

— Non ! Tu dois faire mieux que ça pour tes enfants et tes petits-enfants !

Troyd tapa du pied et fit trembler un peu la vitre qui les séparait, ce qui mit l’un des gardes en alerte. Artael appuya sur son microphone et leur dit de ne rien faire, qu’il avait la situation sous contrôle.

— D’accord. Je t’en fais la promesse, Troyd. Au nom de tous les enfants abusés sexuellement par leurs parents ou d’autres adultes, nous ferons de notre mieux pour ne plus laisser passer ces derniers dans notre système.

Cela calma le tyran qui soupira de soulagement. L’homme qui avait autrefois porté une armure écarlate pouvait mourir en paix, sachant qu’il avait commis d’énormes crimes dans sa vie. Au moins, il aurait fait quelque chose de bien, dans tout ça.

— Une dernière chose, avant que je m’en aille, dit Artael.

Il se leva et fixa son frère dans les yeux.

— Athéna… tu l’as violée, n’est-ce pas ? Ça veut dire que l’un de nos enfants est le tien… Je lui dis quoi, dans ce cas ?

— Tu parles de l’ambassadeur ? Je n’ai jamais eu la fibre paternelle. C’est toi qui l’as élevé, donc parle lui en tant que père et non en tant que remplaçant. C’est un bon type… je suis heureux pour lui que vous ne l’ayez pas rejeté à sa naissance.

Cette remarque étonna le Président Markios, même qu’il était touché par les mots de son frère. Ainsi donc son jumeau était capable d’éprouver de la sympathie pour son fils trans. Dans des circonstances différentes, il aurait pu être un bon père. Artael soupira et se dit que cette conversation était terminée. Il osa quand même adresser un dernier regard à son frère, puis parti, enfin libre.

Ce soir-là, Troyd Markios fut exécuté à la chaise avec des injections. Tous les membres de sa famille étaient là, y compris Athéna qui tenait la main de son mari. Artael, n’osait pas se demander si son frère avait dit toute la vérité, mais il était prêt à lui pardonner, ne serait-ce que par bonté d’âme.

Enfin, l’ancien tyran de Baldt ferma les yeux et plus jamais ils n’entendirent parler de lui. Celle qui fut autrefois la princesse de la faction olympienne poussa un soupir de soulagement. Toutefois, personne n’avait remarqué la petite larme qui avait coulé le long de la joue du défunt.

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