XXI – Le Tyran

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Le Soleil.
Il est là, plongeant doucement dans les eaux noires de l’Ēridanós. Tu le sais, c’est une plongée définitive, un aller sans retour vers le noir néant des profondeurs.
Il est là, cuirassé d’airain ; des lances brunes tentant de perforer l’éther. Il darde vers toi ses brins d’une lumière sinistre.

Et tu es ici, au crépuscule du Monde, face à l’éclipse du Roi.
Alors proclame !

« Orbe d’Or ! Toi qui réchauffes ce bas-limon, qui éclaire de ton aura absolue chacun de ses recoins ! Dis-moi. Pourquoi es-tu ? Pour qui brilles-tu ?! Quelles sont les raisons du Monde !? »

Tu restes coi. Et l’Orbe continue de s’enfoncer dans l’Océan, ceinte de mutisme.
Et avant que tu n’invectives de nouveau l’immense Soleil, une main se pose sur ton épaule.

« Il ne parlera pas. Il n’a aucune réponse à te donner. »

L’Ombre, la mère du Noir. Elle t’a rejointe alors que tout touche à sa fin.
Elle poursuit, un voile de mansuétude dans la voix.

« Il sait qu’il est temps pour lui de retourner d’où Il vient. Cet instant, cette farce a déjà trop durée. Il est l’enfant qui se voulait phare entre deux vagues, maton malgré lui de toutes les âmes ; un seigneur aussi furieux qu’éphémère. Tu souhaitais des réponses ? Il est, car ce fut potentialité, un égarement fugace ; Il brille pour tout le monde, et personne, un accident malencontreux. Et des raisons… Il n’y en a aucune. Être, aimer, souffrir, tout cela n’a que le sens que tu lui as trouvé. »

Elle se tourne vers toi. T’embrassant un peu plus de sa présence.

« Maintenant que son règne s’achève, une à une, les étoiles vont s’éteindre, et il en sera fini des folies de la Terre.

Nous allons rentrer à la Maison. »

Elle te tend une main aimante. Mais tu fais un pas en arrière. Au fond de toi, entre tes deux poumons, au creux du cœur, brille une étincelle céladonne.

« Je vais devoir refuser. Il me reste encore à faire. M’excuseras-tu ? »

Tu ne décèles rien derrière son masque opaque. Mais tu sens un sourire.
Ainsi tu marches sur l’eau, tu passes l’Orbe d’Or qui achève alors son dernier jour. Et à la lumière de cet ultime crépuscule, tu marches vers la Myriade.

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