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Il fait nuit noire.

Plic.

L'air est dense. Lourd. Moite.

Ploc.

Sur la surface du bassin, plic, ploc, plickety ploc. Ça goutte, ça glisse, éclate. Entre les dalles juste à côté, dans le jardin qui luit déjà, détrempé, l'herbe frémit sous les aiguilles liquides.
Le long des branches du tamarinier, chaque rameau rameute un torrent qui dégringole au pied des fenêtres.

À l'abri pour l'instant, assis sous la véranda, nous parlons depuis des heures déjà. Tu m'invites d'un regard, je te réponds d'un sourire.
Tu prends ma main, nous voilà dehors. Le ciel se répand sur nous.

Mes vêtements me collent à la peau, sous cette chaude ondée d'été. Je frissonne de toi. De tes doigts contre les miens. Et cette pluie qui tombe sans relâche sur nos visages, tournés l'un vers l'autre dans cette pénombre humide. Tes yeux brillent et j'ai la poitrine en feu.

Ah ! cher monde, quel cadeau tu me fais. Celui d'exister ici, dans ce corps, dans ce coeur, d'avoir conscience que c'est le plus bel instant que je vis. Et qu'il y en aura d'autres. Tous ceux que je prendrai la peine de considérer, seront les plus beaux. Pas besoin d'extravagance pour vivre.

J'ai mal de bonheur et les gouttes se mélangent aux larmes. Je me noie et surnage dans ton regard, bel abysse que tu baisses pour biser le bout de mon nez.

Ce moment serait-il moins beau, moins fort, moins unique, s'il n'était pas éphémère ? Je le sais bien va, que chaque instant n'existe qu'une fois. Mais tu m'as comprise. Tu sais bien que je parle de l'interdit. De l'adrénaline. De l'illicite, du censuré, du proscrit. L'amour impossible qu'on se bat pour faire exister, pour s'en dévorer le coeur jusqu'aux miettes. Celui qui n'arrive à exister que dans les moments trouvés, créés, presque secrets.

Est-ce bien l'amour, ou l'amour de l'amour ?

Plic. La pluie se calme.

Le rire secoue nos corps heureux.
Ploc.

Ébouriffées, les feuilles se balancent lentement. Plic ploc.


Nous rentrons, trempés. Un baiser. D'un seul mouvement voilà nos vêtements à terre.

Tu éteins les lumières.

La pluie reprend.

Oh !...

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