Hors contrôle

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Le visage d’Hedony se refermait, une lueur sombre passa dans ses yeux. Une chaleur naquit en elle sous l’effet de la colère et enfla jusqu’à parcourir tout son corps, comme pour répondre à l’attaque implicite de Connor. Une envie sourde s’insinuait en elle. L’envie de tout envoyer bouler, de casser, de blesser et tant d’autres choses.

Elle inspira lentement pour calmer ses ardeurs, sans cesser de fixer l’homme en costard cravate.


« Et qui vous dit que je vais exécuter les plans qu’il avait en tête à l’époque ? Sur quoi vous vous basez ? Sur des suppositions ? »


Sa voix devenait plus grave, plus insidieuse. Cette boule d’énergie au fond d’elle amplifiait encore et Hedony commençait à avoir du mal à la contenir alors qu’elle ne désirait que de la destruction.
Monsieur Lynch le sentit car il se redressa pour lui faire face. Il restait sur ses gardes, mais conservait son franc-parler.


« Je ne sais pas à quel point le Munin d’Abel peut avoir du contrôle sur toi. Si cette mémoire tendait à te faire pencher de l’autre côté de la balance, je n’ose imaginer ce que tu serais capable de faire. »


Hedony resta silencieuse mais son aura semblait prendre vie autour d’elle. Sa volonté – ou était-ce celle d’Abel ? – de faire plier et fléchir Connor rendait ce pouvoir étonnement vif au point qu’elle le sentit gagner toute la pièce comme un vent tiède et englober son interlocuteur.

Elle s’approcha, bien plus dangereuse qu’elle ne l’était avant. Cette source d’énergie émanait d’elle avec une force nouvelle et influait sur son assurance.

Son visage fut si proche du sien qu’il pouvait sentir son souffle sur lui.


« Libère-moi maintenant. »


Ils se défièrent du regard. Ils ne comptaient pas céder. Ni l'un, ni l'autre.

Elle réitéra sa demande et son pouvoir vibra au son de sa voix.


« Libérez-moi. »


Le patron frémit. Elle prit sa mâchoire dans sa main, darda un doigt sur la lèvre inférieure de Connor qui, décontenancé par la situation, resta immobile. Seul son regard osait encore l’affronter, mais elle avait discerné la brèche. Faible, très discrète, mais cette brèche existait bel et bien. Un point faible. Cela lui donnait plus de motivation à continuer sur cette voie, nourrie par cette hargne qui la consumait à grand feu.


« Ou je te montre déjà ce dont je suis capable. »


Monsieur Lynch avala sa salive, il feignait l’indifférence. Elle s’approcha jusqu’à se coller à lui et le bloquer contre le bureau. Elle sentit son érection à travers son pantalon. Hedony afficha un sourire victorieux. Ce contact même limité ravivait son manque. Elle voulait du pouvoir, mais elle voulait également le sexe, encore et toujours. Jamais rassasiée. Sa main descendit pour attraper sa cravate et le tira vers elle jusqu’à ce que leurs lèvres se frôlent.


« Ca ne fonctionnera qu’une seule fois, la prévint-il alors que ses yeux trahissaient la panique qui le gagnait.
—Mais il suffit d’une seule fois… »


Elle avait murmuré ses mots avec nonchalance, sa bouche au-dessus de la sienne. Le patron qui jusqu’alors avait réussi à garder ses distances et limiter le charme de la succube en simulant l’indifférence cédait. Le mur de protection qu’il avait construit se fissurait, se cassait, se dégradait sous l’assaut de ses capacités de persuasion. Des images de débauche viciaient son esprit et empêchaient toute pensée cohérente. Elle incarnait parfaitement la séduction, la tentation et la luxure. Tout son être appelait au sexe, aux pêchers et à la chaire.

Hedony posa ses lèvres sur les siennes. Elle brisait les limites et comptait bien assouvir ses besoins, aussi viles fussent-ils. Connor résistait. Il n’arrivait pas à la repousser, mais s’évertuait à cacher son émoi et contenir son excitation grandissante. Comment avait-il pu être si crédule ? Il regrettait de ne pas avoir pris plus de précautions avec la jeune femme. Elle était plus puissante qu’il ne s’était imaginé et il en subissait les conséquences avec un sentiment d’amère résignation.

Son corps gracile se pressait contre lui. Sa bouche insistante forçait la barrière de ses lèvres, mais ce fut la pression sourde de son aura pernicieuse qui eut raison de lui. Il s’abandonna aux désirs d’Hedony.

Sa perte de raison l’intimait de céder au moindre caprice de la jeune femme. Il entremêla sa langue avec la sienne et posa ses mains sur ses fesses avec avidité comme le suggéraient les mouvements lascifs qu'elle faisait collée à lui. Elle tourna la tête sur le côté et Connor embrassa sa gorge. Hedony lâcha un soupir de satisfaction et échangea sa place avec lui pour se retrouver contre le bureau.


« À genoux. » Chuchota-t-elle à l’oreille du patron.


Nouveau frémissement de sa part. Cet ordre réveillait en lui l’indignation dans un sursaut de clairvoyance, mais Hedony encadra son visage de ses mains pour l’obliger à la regarder, désireuse de garder le contrôle. Ses émeraudes balayèrent toutes ses contestations et il fléchit le genou.

Dès qu’elle se mordit les lèvres, il comprit ce qu’elle désirait. Connor baissa le pantalon et retira les chaussures de la sucucbe. Elle s’assit sur le bureau et il posa des baiser sur sa jambe pour remonter lentement jusqu’à l’intérieur de sa cuisse. Il s’arrêta à la naissance de son sous-vêtement. Il leva les yeux vers Hedony pour lui demander confirmation. Elle écarta ses jambes de manière suggestive.

D’une main, Connor arracha sa culotte et Hedony émit un cri aigu en sentant le tissu en coton se déchirer. La douleur fugace se mêla au plaisir lorsque le patron aventura sa langue sur les pourtours de sa féminité. Elle cambra le dos et tira la tête en arrière pour savourer la sensation délicate de sa bouche sur cette zone si sensible.

Les caresses buccales sur son clitoris lui arrachèrent un gémissement et la rendirent haletante.
Elle ferma sa main sur les courts cheveux de Connor pour l’inviter à aller plus loin, l’encourageant de quelques gémissements plaintifs supplémentaires. Des frissons parcouraient son échine sous l’effet du plaisir que procuraient ses coups de langue. Son pouvoir lui-même paraissait s’en abreuver et fluctuer au gré de ces sensations.

Quelqu’un toqua à la porte et Hedony vit le patron se raidir à ses pieds.


« Entrez ! » Répondit-elle avec un malin plaisir.


Monsieur Lynch la dévisagea d’un air inquiet, elle le rassura d’une caresse sur la joue.

Un jeune homme rentra avec des feuilles en main, il déblatérait quelques propos ennuyeux sur une affaire sans prendre conscience qu’une autre personne que Lynch lui avait répondu.


« J’ai regardé le dossier plusieurs fois et je… »


Il avait levé la tête de sa paperasse pour découvrir la scène surréaliste qui se jouait sous ses yeux ébahis. Cheveux châtains courts, yeux bruns, mâchoire proéminente et épaules larges, il était plaisant. Hedony sourit malicieusement et inconsciemment son pouvoir réagit. Un vent d’envoûtement cingla le visage du jeune homme et il en perdit ses feuilles.


« Ferme la porte et viens nous rejoindre. » Proposa-t-elle.


Il s'exécuta.

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