Un drôle de câlin

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Nous nous rendons au niveau des lavabos. L'endroit est désert à cette heure de la matinée. Je dis à Mizuki :

- Bon, explique-moi ce qui s'est passé, maintenant.

Elle hoche la tête et commence son récit :

- C'était peu de temps après la sonnerie annonçant la fin des cours. Je me promenais dans les couloirs de l'école quand j'ai entendu quelqu'un dire : "Qu'est-ce que tu as entre les mains ?" Une autre voix lui a répondu : "C'est à Kizoku. Je l'ai vue griffonner dedans quand on était en classe. Je le lui ai piqué pour qu'on voit ce qu'il contient, ce sera peut-être quelque chose de marrant." En tournant la tête en direction des voix, j'ai remarqué trois garçons se diriger vers les toilettes en gloussant. Je me suis dit qu'il fallait absolument récupérer ce carnet avant qu'ils ne lisent ce qu'il contient, peu importe ce que c'était. Seulement, je suis incapable de toucher quoique ce soit de matériel puisque je ne suis qu'une âme. C'est alors qu'une idée m'est venue en tête : j'ai soudainement crié de toutes mes forces ! Les trois vilains ont sursauté en hurlant avant de prendre leurs jambes à leur cou, laissant au passage tomber ton carnet sur le sol. Je suis ensuite restée dans le couloir pour le surveiller afin de m'assurer que personne ne s'en empare à nouveau et je t'ai prévenue aussitôt que tu es arrivée.

- Merci infiniment, Mizuki ! m'exclamé-je en lui adressant mon plus beau sourire. Je ne sais comment te remercier.

- Oh, ce n'est la peine. J'ai juste fait ce que j'estimais juste.

- Toi qui déteste faire peur aux autres, tu as quand même effrayé ces garçons juste pour les empêcher de voir ce qu'il y a dans mon journal intime. Il y a quand même de quoi te remercier. Tu as sacrifié quelque chose d'important à tes yeux pour protéger une chose qui me tient à coeur, sans rien attendre de moi en retour. Je ne crois pas qu'il puisse y avoir meilleure amie que toi.

Elle me regarde avec des yeux à la fois étonnés et pleins d'espoir. Je lui souris chaleureusement pour lui annoncer :

- Oui, à partir de maintenant, tu es mon amie. Tu m'as prouvé que tu en es digne.

Son visage s'illumine de joie et elle se jette sur moi, bras tendus, mais passe à travers mon corps sans me toucher.

Je me retourne et elle m'explique :

- Je voulais te faire câlin tant que je suis heureuse, mais j'avais oublié que je ne pouvais pas toucher tout ce qui est matériel.

- Ce n'est pas grave, la rassuré-je. Tu n'as qu'à passer tes bras autour de moi comme cela, dis-je en l'entourant des miens sans la toucher pour autant. On n'a pas de contact physique, mais c'est symbolique.

Elle acquiesce et m'imite. C'est vraiment étrange de serrer quelqu'un dans ses bras sans même l'effleurer et c'est dommage de ne pas pouvoir sentir la chaleur de son corps contre soi, mais ce drôle de câlin n'en reste pas moins réconfortant et agréable.

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