Les pulsions règnent
Je suis aussi intelligent que riche et beau. Mais je ne suis malheureusement encore qu’un adolescent.
Ma richesse, je l’ai construite à partir d’un nouveau réseau social, basé sur les échanges entre humains et la cotation en bourse de ces derniers.
Je permets à la jeunesse du monde de se montrer, de se créer artificiellement de la reconnaissance et de l’envergure, sur des critères subjectifs comme la beauté et l’intelligence.
Vivre aujourd’hui, c’est vivre superficiellement, vivre connecté. Je l’ai compris bien avant tout le monde. Mon arrogance a fait fortune et des millions de femmes m’érigeant en sex-symbol sont à mes pieds. J’en fais ce que je veux.
J’ai d’ailleurs reçu dernièrement l’une d’entre elles. Dans la plus haute tour de Dubaï. Au dernier étage. Au sommet. Il ne pouvait avoir meilleure place pour ma grandeur. Celle du dominant. Toisant le monde des dominés.
Je l’avais invité pour profiter d’elle.
« Elle se pense unique en couchant avec moi mais ce n’est qu’un objet parmi d’autres. Autant jouir de sa naïveté. »
J’ai dû récemment recevoir un milliardaire philanthrope afin de conclure un accord pour aider les enfants atteints de maladies graves. Evidemment, c’est un coup de communication. Mon désintérêt envers ces enfants est au moins aussi élevé que mon intérêt pour la finance.
J’ai suffisamment d’argent pour aider cette cause et autant m’en servir pour abuser de mon influence envers les médias afin qu’ils ne ternissent pas mon image. Relations incestueuses qu’entretiennent les hommes comme moi et le monde médiatique.
Je suis un tyran mais je renvoie l’image d’un homme généreux, empathique et humaniste.
« Sommes-nous ce que nous sommes ou sommes-nous l’image que nous renvoyons ? »
L’accord conclu, j’ai filé dans un des plus grands clubs du monde m’enivrer de champagne et de cocaïne. Entouré des plus belles femmes du monde.
« Je ne fais rien mais je m’amuse, la vie est ainsi faite. L’humain étant le virus, le cancer du monde, mon objectif ultime est d’être celui qui le rendra le plus malade. »
Le pouvoir, la luxure, la cupidité, la manipulation règnent en maître. Il suffit d’en tirer profit.
Passé cette folle journée, je suis rentré chez moi, m’allongeant sur le lit, pensant à une nouvelle idée pouvant aliéner les êtres humains. Pour seul but, de les rendre docile à l’artificiel et au superficiel.
Le vrai, le naturel n’existe plus, la réalité devient fantasme. Les pulsions règnent.
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