Lettre à papa

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Tu es le genre de personne qui s’applique à faire rimer, chaque jour de l’année, le mot « père » avec « expert » de mille et une manières. Chaque fois que je suis en galère, je peux compter sur toi. C'est précieux, et ce encore plus maintenant que je n'ai plus d'homme à la maison. J'ai pu compter sur ton soutien à chaque fois, je sais que tu appréciais et tu respectais Yves vers qui tu m'as accompagné le jour de notre mariage.

Tu sais, chaque fois que je prends ma guitare, y a une chanson que je joue très souvent , c'est Daddy's hands. Ça parle des mains d'un père, des années de dur travail qui y ont laissé des traces, mais aussi des mains du père qui viennent consoler, comme ce soir de janvier où tu m'as accompagné. En silence et avec pudeur, tu as été là et je sais que tu es là pour moi , pour les filles et pour Alexandre, pour le guider et lui montrer le chemin, comme un père le fait.

Guide , tu le fus, tu continues de l'être, ainsi que secouriste et pompier, je suis fière de le dire, car c'est le sens de l'altruisme poussé à son maximum. Même si tu étais souvent absent, je sais que tu partais pour les autres, vers les autres, pour déneiger ou pour sauver.

Et encore maintenant, tu nous dépannes à l'école, en randonnée ou sur les skis. Merci.

C'est chouette de dire , en tant que maîtresse, que c'est son père qui vient accomagner les enfants, quel exemple pour ces gamins, c'est génial.

==========================================Janvier 2018=========================

aujourd'hui, nous étions près de toi, papa. Tarespiration saccadée nous a inquiétés. L'infirmier nous a dit que c'était parce que tu prenais ta respiration. Cela nous a procuré une grande joie. Tu restes dans une phase critique mais ces petits sursauts de respiration, nous les prenons.

J'ai pris ma guitare et j'ai joué pour toi, près de toi, les chansons que tu aimes bien m'entendre jouer. J'y ai mis tout mon coeur, encore plus intensément que d'habitude, chaque mot était pour toi.

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Papa, où en es-tu de ton cheminement. Tu vas avoir bientôt 70 ans. Quand tu allais en avoir 35 ; tu as vu partir ta maman, celle qui t'a donné la vie, qui t'a mise au monde et qui t'a élevé, toute seule.

Ton père, que tu ne connais pas , est mort en février 1948, sans voir aucun de ses deux enfants, nés la même année.

Où en es-tu dans ta compréhension de tout cela. Nous avons cherché ensemble, tu as accepté ton histoire, sans en rougir ni en avoir honte. Tu as fait ton boulot de père, toi qui n'avait pas eu de modèle. Tu as eu des modèles masculins forts auprès de toi, tu as des valeurs formidables que tu m'as transmises.

Je t'aime Papa, et j'ai encore besoin de toi. Yves n'étant plus là, tu joues très bien ton rôle de papy, les enfants t'aiment tant, ils ont besoin de toi.

Je sais combien tu aimes la vie, les rencontres, le patois, passer du bon temps avec les autres. Tout cela c'est ta force de vie, elle est intacte en toi, je le sais, je le sens.

J'ai envie de te retrouver. J'ai peur de te perdre. Je te souhaite le meilleur.

Est-ce que ton papa te tend la main dans le tunnel ? Est-ce que tu souhaites aller le rejoindre , le connaître ? Je comprendrai cela.

Mr Revil, qui êtes mon grand-père, avez-vous envie de faire la connaissance de votre fils, maintenant ? Est-ce important pour vous ? Votre fils est mon père ; il a des petits-enfants, il a une femme qui l’aime. Nous avons besoin de lui ici, auprès de nous ; je suis sincère.

Nous avons cherché ensemble à en savoir un peu plus, afin que mon père ne vive pas dans la honte de ne pas avoir eu du père. Votre sang coule dans ses veines, il nous a transmis un peu de vous, j’avais besoin de savoir qui vous êtes. Je ne juge pas de façon négative ce qui s’est passé, j’accepte, car c’est mon histoire.

Je sais que mon père a accepté avec sérénité ce que nous avons trouvé ensemble, je redoutais sa réaction car il est pudique et peu réactif, mais nous avons pu nous rapprocher et communiquer encore davantage en faisant ses recherches ;

J’aime mon père, et je sais que je vous aurais aimé. Je n’ai connu aucun de mes grands-père. J’ai refusé d’écouter ceux qui disaient que vous n’étiez pas qqn de bien, je sais que c’est faux. Vous avez passé du temps avec ma grand-mère et vous lui avez fait un enfant, c’est mon père.

Je suis heureuse de cela car je suis fière de celui qui est mon père, j’aime ses beaux yeux bleus, et je les ai.

Je vous demande de parler à mon père et de le renvoyer vers nous, si cela est possible.

J’accepterai ce qui arrivera

Papa ; je ne savais pas que tu avais pleuré le jour de ma naissance. Je sais qu’il y a un lien particulier entre toi et moi, entre pudeur et silence, je te comprends, je m’agace parfois, mais j’ai tant d’indulgence. Je t’aime. Tout simplement. J’ai encore besoin de toi, je suis honnête, je le dis sincèrement. Je ne suis pas prête à ne plus voir tes yeux bleus.

Je t’aime Papa. J’ai écris ces mots à propos de toi et de ce monsieur qui est ton père, j’espère qu’il voudra bien te renvoyer vers nous.

==========================17janvier2018============================================

Oui, j'ai tes yeux bleus, papa. Oui, je porte ton nom. Mais je porte surtout le poids de ton absence. Tu me manques, tu nous manques. Cet oiseau noir est venu se poser sur notre balcon, là, il y a quelques instants. Il est resté quelques secondes et il est reparti. C'est un joli signe en ce jour particulier. Nous allons à l'hôpital, cet après-midi, papa, tu vas ouvrir tes ailes et t'envoler.

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