Chapitre 2.1

4 minutes de lecture

Devant Sativa se dressait deux individus, elle reconnut aussitôt le premier : c’était le jeune humain qui l’avait sauvé à l’entrée du village. Il ne portait plus son casque, ses cheveux étaient noirs et ses yeux marron. Son visage, bien que juvénile, portait plusieurs cicatrices, dévoilant une grande détermination ainsi qu’un goût prononcé pour le combat.

Le deuxième interlocuteur était, lui aussi, un humain, mais comme son armure arborait l’emblème de Justiçator, le dieu de la justice, la pirate devina que c’était un paladin.

Ce qui étonnait le plus la jeune elfe noire était le fait que ses sauveurs connaissaient son prénom. Ce n’est qu’après avoir observé un court instant leurs visages, que ses souvenirs se réveillèrent. Sativa connaissait les deux guerriers. Elle se vit jouer avec eux alors qu’ils étaient plus jeunes, leurs noms surgirent enfin de sa mémoire.

— Léo Ny’das, Frederick ? c’est vous ?

— Salut Sati, dit Léo, le guerrier à la cape rouge.

— Bien le bonjour, ajouta Frederick le paladin.

— Mais qu’est-ce que vous fichez là ?

Les deux compères résumèrent les évènements à l’elfe noire. Tous deux avaient quitté Port-Bœuf, leur village natal, depuis près d’un an maintenant. Leur objectif était d’améliorer leurs compétences au combat, et plus précisément pour Frederick de devenir paladin de Justiçator. Il avait rejoint les rangs des aspirants depuis six mois environ. Léo et lui n’avaient plus rien à apprendre des maîtres de l’ordre du dieu de la justice, par conséquent ils avaient décidé de rentrer à Port-Bœuf afin de former un groupe d’aventuriers et ainsi accomplir des missions. C’était selon eux la meilleure manière de gagner en puissance et en expérience. Mais alors qu’ils arrivaient dans la première ville permettant de rallier le village par le fleuve, les orques avaient lancé l’assaut.

Léo, élevé dans la coutume des grands barbares des plaines, avait foncé dans le tas, lance et bouclier en main. Fred quant à lui suivit les préceptes de son dieu et défendit les citoyens de la bourgade. La situation n’était pas des plus reluisantes : les peaux-vertes en supériorité numérique menaçaient de déborder les quelques miliciens et d’entrer dans la ville. C’était là que Sativa était apparue et avait éliminé deux des assaillants avant de s'écrouler d’épuisement.

L’intervention de la pirate avait permis de repousser l’attaque. Pour remercier les trois baroudeurs de l’avoir aidée, la ville leur avait offert les soins aux blessés et le transport fluvial vers Port-Bœuf. La convalescence de Sativa avait duré six jours, le voyage quant à lui touchait à son terme.

— On sera au bercail demain à l’aube, conclut Léo Ny’das.

Sativa avait écouté sans dire un mot. Elle remercia ses vieux amis et leur demanda de la laisser seule. Peu après que la porte fut fermée, la jeune drow s’allongea sur sa couche. Alors seulement elle se mit à pleurer. Son esprit avait été si occupé depuis sa fuite de la plage qu’elle n’avait pas pleinement pris conscience de l’horreur qui s’était abattue sur elle.

Tous les « Tigres de Sel » étaient morts. Korra Malte la capitaine, Vozar son mari et timonier de la « griffe des mers », Jozzar le navigateur, Jassine la cartographe, Bazo le pisteur et Yava la canonnière. Tous étaient morts, partit pour toujours.

Ses camarades, ses amis. Ceux qui lui avaient enseigné le maniement des armes, la navigation et tant d'autres choses durant ces deux années, si courtes et si belles à la fois. Les journées étaient difficiles, mais enrichissantes. Et tout cela était terminé, à jamais. Sativa pleura encore et encore, jusqu’à s’endormir d’épuisement.

Lorsqu’elle s’éveilla à nouveau, une pâle lueur passait par le hublot de la cabine. Agacée de rester allongée, la jeune elfe noir se leva et quitta la chambre sans oublier sa sacoche et son équipement. Tout en montant les quelques marches, Sativa boucla son ceinturon où pendait son sabre d’abordage. En haut de l’escalier, elle ouvrit une seconde porte qui l’amena directement sur le pont du bateau. C’était un bateau sans voile, visiblement propulsé à la rame. Sans doute transportait-il diverses marchandises comme tant d’autres sur le fleuve.

Sativa remonta le pont, respirant une grande bouffée d'air matinal. Il était chargé d’humidité, la pirate sentit l’herbe et la viande séchée. Elle connaissait ces odeurs, c’étaient celles qui entouraient son village. Sativa les avaient respirées lorsqu’elle avait quitté Port-Bœuf deux ans auparavant. Deux ans, cela lui semblait si court. Rien de surprenant pour une elfe noire, quasiment immortelle. Et pourtant, ces deux petites années représentaient beaucoup pour elle. En si peu de temps, Sativa avait l’impression d’avoir appris bien plus de choses qu’en plusieurs siècles. Et elle ne comptait pas oublier les enseignements que les « Tigres de Sel » lui avaient transmis.

Alors qu’elle remontait le pont, Sativa remarqua une silhouette accoudée au ponton. Avec ses yeux verts, l'elfe noire voyait aussi bien de jour que de nuit, elle reconnut sans mal Léo Ny’das. Le jeune guerrier avait remis son casque et contemplait le fleuve sans rien dire. Sa lance et son bouclier étaient posés non loin de lui.

Annotations

Vous aimez lire Hunter of Shadow ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0