La cité de l'air

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Nous atteignons la cité de l'air en fin de soirée. Il s'agit d'une île flottante située au beau milieu du ciel, entourée et parcourue de nuages blancs. Les bâtiments qui la composent sont en marbre blanc sculpté. Adler se pose sur l'une des routes constituées du même matériau que les habitations. Elles sont longées par des champs de fleurs blanches, de pissenlits et de larges potagers et vergers.

Je suis la gardienne des lieux jusqu'à un grand bâtiment aux larges fenêtres arrondies. Elle gravit les trois marches du perron et pousse les deux portes en bois blanc qui permettent d'y accéder.

Nous nous retrouvons dans un large hall d'entrée. Le sol est recouvert d'un doux tapis blancs et les murs sont joliment sculptés. Un lustre en cristal pend au plafond. Mon hôtesse déclare :

- Il se fait tard. Vous devez dormir. Une longue journée d'entrainement t'attend, demain, ajoute-t-elle en s'adressant à moi. Zéphyr, va dans ta chambre. Quant à toi, Harmonia, suis-moi. Je vais te montrer où tu vas passer la nuit.

Le garçon obéit à sa tante et s'éloigne en nous souhaitant :

- Bonne nuit.

- Bonne nuit, lui répondons-nous en choeur.

Je suis ensuite la maitresse des lieux jusqu'à l'étage. Nous traversons un couloir au bout duquel se trouve une porte. Elle l'ouvre, révélant une chambre meublée d'un lit à baldaquins aux fins rideaux transparents, d'une table circulaire en verre, d'une armoire et de chaises blanches. Elle m'explique :

- C'est une chambre d'amis qui sert à héberger les visiteurs de marque. C'est ici que tu dormiras le temps de ton séjour chez nous.

- D'accord, je vous remercie pour votre hospitalité.

- Je t'en prie, dit-elle en souriant. Nous avons quelques domestiques. Ils sont à ta disposition, si tu as besoin de quoi que ce soit. Sur ce, passe une bonne nuit.

- Merci. Bonne nuit à vous aussi.

Elle hoche la tête et referme la porte, me laissant seule dans la chambre.

Je retire tous mes bijoux et les dépose sur la table en verre, puis ôte mes chaussures et ma robe, ne gardant que ma longue chemise et mes bas blancs.Je m'effondre ensuite sur le lit, épuisée par cette journée. Je me glisse sous les draps, ferme les yeux et ne tarde pas à sombrer dans le sommeil.

*

Une voix qui m'est inconnue me réveille :

- Votre Altesse ! Il est l'heure de vous lever, Votre Altesse !

J'ouvre les yeux, me redresse et regarde autour de moi. Une femme d'âge moyen aux cheveux blancs bouclés mi-longs rattachés en une queue de cheval se tient au pied de mon lit. Elle est vêtue d'une longue robe flottante blanche sans manches, serrée à la taille par une ceinture en coton claire. Elle poursuit :

- Son Honneur m'a chargée de vous aider à faire votre toilette. Si vous voulez bien me suivre . . .

Je pose mes pieds sur le doux tapis blanc qui recouvre le sol de la chambre et suis la domestique jusqu'à une porte qui conduit à la salle de bain attenante. Il y a là une grande baignoire en marbre, remplie d'eau chaude. La femme m'aide à retirer mes bas et ma chemise, puis je me glisse dans le bain parfumé au lys blanc.

J'en ressors quelques minutes plus tard, enveloppée dans une serviette. Nous retournons dans la chambre à coucher où la servante m'aide à m'habiller. Je suis sur le point de fouiller dans mes vêtements pour choisir une tenue quand la femme aux yeux bleus m'en présente une en m'expliquant :

- Son Honneur vous offre ces vêtements. Elle a pensé que vous habiller de notre façon vous aiderait peut-être à vous sentir plus proche de l'élément que vous cherchez à maitriser.

- C'est bien gentil à elle, je penserai à la remercier.

La domestique hoche la tête en souriant et m'aide à revêtir une longue robe flottante blanche aux manches amples, serrée sous la poitrine par un ruban clair. J'enfile ensuite des sandales en cuir blanc et m'installe sur une chaise pour me faire coiffer.

La servante peigne mes longs cheveux blonds avant de les laisser tomber librement sur mon dos. Elle n'ajoute à cette coiffure qu'un cercle de tête en cristal incrusté de diamants.

Elle m'orne ensuite d'un collier et de boucles d'oreilles aux pendantifs taillés dans la même pierre précieuse et passe autour de mes doigts des bagues assorties.

Les habitants de la cité de l'air ne se maquillant pas, aucun artifice n'est appliqué sur mon visage.

Je suis donc rapidement prête à rejoindre mon hôtesse.

La domestique me conduit jusqu'à la salle à manger où Éoline est assise à table avec son neveu. Je les salue en leur faisant la révérence :

- Bonjour.

- Bonjour, Harmonia ! me répondent-ils en choeur.

- Je tenais à vous remercier pour votre présent, dis-je à l'intention de la gardienne de la cité de l'air.

- Je t'en prie, ce n'est rien. Viens donc manger. Nous commencerons ton entrainement lorsque nous aurons fini de nous restaurer.

Je prends place sur une chaise en face de Zéphyr. Sur la table sont dosposés des petits pains, des tranches de melon et du jus de noix coco. Je fais honneur au repas et, une fois que nous terminons, nous nous rendons dans la cour. Éoline prend la parole :

- Bon, pour commencer, tu vas méditer. Tu dois sentir le vent et l'air qui t'entourent, écouter ce qu'ils soufflent. Tu ne dois plus faire qu'un avec ces derniers.

Je hoche la tête et ferme les yeux pour me concentrer. Je peux sentir la brise caresser mon visage et agiter ma longue chevelure blanche. Je tends l'oreille et entends le vent souffler. C'est comme une mélodie. Un chant sans paroles. Je reste ainsi de longues secondes, puis demande, sans rouvrir les yeux :

- Que dois-je faire, maintenant ?

- Continue. On ne médite pas en quelques secondes. Il faut une longue et profonde réflexion. Réfléchis à ce que l'air signifie et représente pour toi.

Pour moi, l'air représente la liberté. Il peut se déplacer où il veut, sans que rien, ni personne, ne puisse l'arrêter. Il est aussi un symbole de rêverie et de voyage. Si on se laisse porter par lui, on peut aller où l'on veut, découvrir du pays et faire de nouvelles connaissances. Il permet aussi la vie : sans air, on ne pourrait pas respirer et on mourrait tous. Il peut être doux et agréable, mais aussi dangereux et violent. Il est imprévisible et indomptable, mais apprivoisable. Il tout cela à la fois.

Je suis tirée de mes pensées par la voix d'Éoline, qui dit calmement :

- Bien, tu peux rouvrir les yeux.

J'obéis et constate avec stupeur que le soleil est déjà haut dans le ciel ! Je suis restée si longtemps que cela à méditer ? Je regarde mon hôtesse et son neveu avec étonnement. Ils me sourient. La femme déclare :

- Tu as fini ton temps de méditation. Tu es prête à maitriser l'air. Je le sens.

- D'accord, mais que dois-je faire exactement ?

- Il faut que tu saches que ce qui rend la maitrise de l'air différente de celle des autres éléments, c'est qu'on ne manipule pas le nôtre. On le guide. Tu ne dois pas saisir l'air pour en faire ce que tu veux, mais le guider pour lui faire faire ce que tu veux. Concentre-toi et essaye de voir l'air comme une entité et non comme un objet ou un outil. Il attend de toi que tu le guides, que tu lui montres quoi faire. Vas-y.

Je ferme à nouveau les yeux pour me concentrer, prends une grande inspiration et agite délicatement mes bras en tournant sur moi-même pour provoquer une bourrasque. Je réussis à le faire du premier coup et cela m'emplit de joie. Éoline et Zéphyr m'applaudissent.

Je passe le reste de la journée à m'entrainer et progresse vite grâce à leur aide et à leurs conseils.

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