L'empire d'Atlantide

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J'ouvre les yeux. Un plafond en pierre gris clair s'étend au-dessus de moi. J'ai la drôle impression d'être dans l'eau. Je me redresse et regarde autour de moi. Je constate alors que je suis dans une grande salle au sol recouvert d'un tapis d'algues. Les rideaux semblent faits à base de la même plante aquatique. Zéphyr repose dans un lit qui n'est en réalité autre qu'un coquillage géant, sur un matelas de mousse, exactement comme moi. Il ouvre lentement les yeux et se redresse. Nos regards se croisent. Il semble tout aussi interloqué que moi.

Je n'ai pas le temps de me demander où nous sommes que la porte s'ouvre, laissant apparaitre trois sirènes à la longue chevelure d'un beau bleu verdâtre et aux yeux clairs. La plus jeune d'entre elles s'exclame :

- Ah, vous êtes enfin réveillés !

- Qui êtes-vous ? demandé-je.

- Je suis Morgane, déclare la plus âgée. Et voici mes petites soeurs Océane et Marina.

- Et vous ? Comment vous appelez-vous ? nous interroge celle du milieu.

- Je m'appelle Harmonia. Et lui, c'est mon ami : Zéphyr.

Le garçon esquisse un hochement de tête en guise de salutation. Morgane demande :

- Harmonia ? N'est-ce pas le nom de la princesse du royaume de l'eau ?

- Si, c'est moi.

- Oh ! Alors, vous êtes la fille d'Oriane ! s'écrie Marina en tapant des mains, toute excitée.

- Oui, confirmé-je. Vous connaissez ma mère ?

- Nous l'avons sauvée quelques mois avant ta naissance, nous explique Océane. Elle était accompagnée de la gardienne de la cité de l'air et d'un aigle géant.

- Ce sont ma tante et Adler !

- Ah, quelle drôle de coïncidence que de rencontrer des membres des familles de ces deux personnes dans les mêmes conditions ! remarque Morgane.

- D'ailleurs, où sommes-nous ? demandé-je.

- Vous êtes à Atlantide, nous annoncent-elles en choeur.

- Atlantide ? ! L'empire sous-marin ? ! nous exclamons-nous.

Elles hochent la tête. Je secoue la mienne :

- C'est impossible ! Comment pourrions-nous respirer sous l'eau ?

- Nous vous avons fait boire un liquide à base d'algues de Gorgona. Ces plantes magiques permettent à n'importe quel individu qui les avale de respirer sous l'eau. Cet effet ne s'estompe que si la personne sort de l'eau, les algues considérant qu'étant à nouveau à l'air libre, il n'a plus besoin de ce pouvoir.

- C'est fascinant . . . murmure Zéphyr.

- Oui, mais nous n'avons pas le temps d'en discuter, rétorqué-je. Merci infiniment pour votre aide, dis-je aux trois soeurs, mais nous devons partir au plus vite !

- Pourquoi tant de précipitation ? demande Morgane.

- Je dois absolument rejoindre le front pour mettre fin à la guerre ! Je suis l'Isorropia !

Elles échangent un regard, puis hochent la tête et l'ainée déclare :

- C'est d'accord. Nous voulons bien vous aider à rejoindre le front. Il est grand temps que ce conflit ancestral cesse et nous croyons en ta capacité à y parvenir. Cependant, ne comptez pas sur nous pour prendre part au combat. Nous ne nous sommes jamais mêlés des ennuis des hommes et ce n'est pas aujourd'hui que cela changera.

Je hoche la tête pour leur exprimer mon accord. Elles quittent la salle en lançant :

- Suivez-nous !

Je prends la main de Zéphyr et nage pour les rejoindre. Nous traversons un couloir, descendons un grand escalier et quittons le bâtiment. Nous nous retrouvons alors dans les rues d'une grande ville aux habitations en pierre grises de tailles et de formes diverses. Les façades sont ornées de sculptures représentant des sirènes, des poissons et autres créatures marines. Les rues de sable sont quant à elles décorées d'algues et de coraux aux couleurs vives. Il y a beaucoup d'animation.

Morgane s'approche d'un dauphin et se met à converser avec lui dans sa langue. Elle se tourne ensuite vers nous pour nous dire :

- Venez ! Le front se trouve au nord de l'empire du feu !

Marina prend ma main pour m'aider à nager plus rapidement, tandis que je ne lâche pas celle de mon ami.

Nous traversons les profondeurs marines en nous aidant des courants pour avancer encore plus vite. Nous croisons sur notre route bon nombre de créatures différentes, heureusement toutes innofensives pour nous, jusqu'à ce que . . .

L'eau devient de plus en plus froide au fur et à mesure que nous avançons. C'est tout à fait normal, puisque nous nous dirigeons vers le nord, mais je remarque que nos guides sont de plus en plus anxieuses. Je leur demande donc :

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- Nous entrons dans les eaux du nord . . . m'informe Marina.

- Et alors ?

- Et alors, c'est là que vivent nos cousines . . .

Elle n'a pas le temps d'en dire plus qu'une affreuse créature fonce sur nous ! Elle a la peau verdâtre et les cheveux gris. Son expression menaçante est marquée par un rictus qui laisse voir ses dents tout aussi pointues et aiguisées que ses longues griffes.

Je pousse un cri d'horreur. Marina nous tire sur le côté pour nous faire esquiver l'attaque. Zéphyr demande, affolé :

- Qu'est-ce que c'est que ça ? !

- C'est l'une de nos cousines ! lui répond Océane.

- Et elle n'est pas venue seule . . . nous informe Morgane.

C'est alors que nous remarquons que notre affreuse agresseuse est accompagnée par ses semblables. Elles sont toutes plus monstrueuses les unes que les autres !

Nous restons immobiles pendant quelques secondes, qui nous paraissent une éternité, à attendre que quelque chose se produise, fixant nos adversaires droit dans les yeux, n'osant pas les quitter du regard, quand soudain, elles se jettent toutes sur nous en même temps ! Je réagis aussitôt en me servant de ma maitrise de l'eau pour les repousser !

Elles lâchent des cris de rage et se lancent à nouveau à l'assaut ! Morgane nous attrape par la main, Zéphyr et moi, pour nous entrainer avec elle en criant :

- Nous devons les semer !

- Comment ? !

- En nageant le plus loin possible ! Avec un peu de chance, elles nous perdront de vue ou finiront par laisser tomber !

Hélas, nous avons beau nager encore et encore, ces sales créatures ne lâchent pas l'affaire ! Une idée me vient en tête et je nage en direction du sol. Je me sers ensuite de ma maitrise de la terre pour envoyer un rocher sur nos poursuivantes. L'énorme projectile atteint sa cible et en touche plus d'une, déstabilisant les autres. Nous en profitons pour nous éloigner, mais celles parmi nos ennemies qui n'ont pas été blessées se remettent à notre poursuite avec encore plus de fureur et de détermination !

Au bout de quelques minutes, nous croisons le chemin d'une baleine. Morgane s'arrête à son niveau pour lui dire quelque chose et la baleine lui répond par un long chant. La sirène se tourne vers nous pour déclarer :

- C'est bon ! Elle accepte de nous aider !

- Et comment compte-t-elle s'y prendre ?

- Elle va vous faire sortir de l'eau, puis elle reviendra nous débarrasser de nos poursuivantes en les faisant fuir. Dépêchez-vous de monter sur son dos ! Si je ne me trompe pas, le front n'est plus loin du tout !

Nous nous exécutons. Une fois que nous sommes installés sur la baleine, elle remonte à la surface et ouvre son évent, sur lequel nous nous trouvons, pour expirer. La puissance de son souffle nous projette en l'air ! Zéphyr se sert aussitôt de son pouvoir pour nous propulser en avant afin de nous faire atterrir sur la terre ferme. Il parvient heureusement à maitriser la chute, amortissant ainsi l'impact de nos corps sur le sol.

Je prends de grandes inspirations pour retrouver mon calme et regarde en direction de la mer. La baleine replonge sous l'eau, sans doute pour aller secourir les trois soeurs. Je prie pour qu'elles s'en sortent saines et sauves.

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