Discussion dans la montagne

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Je pleure, heureuse et soulagée d'avoir enfin retrouvé mon père ! Il est là, sain et sauf. Quelle joie ! Ce dernier se contente de me serrer dans ses bras en silence. Zéphyr et le roi Adam nous observent, visiblement émus par nos retrouvailles.

Hélas, ce petit moment d'émotions ne dure pas bien longtemps, car, bientôt, nous entendons des voix graves et menaçantes nous ordonner :

- Halte ! Plus un geste !

En regardant autour de nous, nous constatons avec effroi que des soldats de l'armée du feu nous encerclent. Ils nous pointent de leurs lances et épées. Ils ont réussi à passer nos lignes avant !

Nous nous fixons mutuellement du regard, en silence, pendant de longues secondes. La tension est à son comble. Des gouttes de sueur perlent sur tous les fronts, mais ce ne sont pas celles de l'effort. Je sens mon coeur battre la chamade ! Mes mains tremblent, trahissant mon inquiétude et ma peur.

Nos ennemis avancent dans notre direction, sans doute pour nous faire prisonniers et nous ramener devant leur chef, mais à peine ont-ils fait deux pas que je sens une main me saisir et me tirer vers le haut !

Je pousse un cri de surprise, tandis qu'on me hisse sur . . . le dos d'Adler ! Je me retourne pour découvrir l'identité de mon sauveur et reconnais aussitôt le visage de ma mère bien-aimée ! Je m'exclame :

- Mère !

- Harmonia ! lâche-t-elle à son tour en me serrant dans ses bras.

Je lui rends son étreinte, heureuse de la revoir. En me détachant d'elle, je remarque que la gardienne de la cité de l'air est là, elle aussi. Elle tient son neveu contre elle. Quant aux rois de l'eau et de la terre, ils se trouvent dans les serres du rapace géant.

Je demande aux deux femmes :

- Que faites-vous là ?

- N'est-ce pas évident ? me répond ma mère. Nous sommes venus vous sauver !

- Et comment nous avez-vous retrouvés ?

- Ce n'est pas bien compliqué. Nous connaissons tes intentions, m'explique Éoline. Je suis allée prévenir Oriane aussitôt que j'ai remarqué votre disparition et nous nous sommes aussitôt rendus au royaume de la terre, mais sans Adler, le voyage a été bien plus long . . . dit-elle en lançant un petit regard de reproche à son neveu.

- Nous nous sommes rendus au château du roi Adam, mais le capitaine Georges nous a expliqué qu'il était déjà parti au front avec son armée et que vous n'étiez plus sur place. Nous avons pu récupérer Adler et nous nous sommes aussitôt dirigés vers le front, en observant bien la mer sur notre chemin, au cas où vous ne seriez pas encore arrivés à l'empire du feu. Nous venons tout juste de vous retrouver.

- Je vois . . . Merci d'être venues et nous avoir sauvés !

Au même moment, l'aigle dépose les deux hommes sur la montagne avant de s'y poser à son tour. Nous descendons de son dos et ma génitrice m'adosse aussitôt à un rocher pour examiner ma blessure.

Elle extirpe la flèche de ma chaire, m'arrachant un autre cri de douleur, puis déchire sa cape pour bander mon bras avec le tissu bleu, en disant :

- On désinfectera cela une fois qu'on sera rentrés. Pour l'instant, le plus important et d'arrêter le saignement.

Je hoche la tête. Elle me regarde droit dans les yeux pour me demander :

- Qu'est-ce qui vous a pris de venir ici sans mon autorisation, sans même me prévenir ? ! Je vous avais pourtant dit de ne pas aller sur le champ de bataille sans mon consentement ! Est-ce que vous vous rendez compte que vous auriez pu mourir ? !

Les larmes lui montent aux yeux, tandis qu'elle me sermonne. Je baisse la tête et murmure :

- Oui, j'ai bien conscience que quiconque se trouve sur un champ de bataille peut mourir à tout instant, mais c'est justement pour cela que je suis venu : je voulais mettre fin à cette guerre avant que cela n'arrive à père . . .

Les yeux de ce dernier s'écarquillent. Il me serre dans ses bras et caresse mes longs cheveux blonds en disant :

- Je vous suis reconnaissant d'avoir pris autant de risques pour moi, mais sachez que c'est pour vous protéger que je suis prêt à mourir. Mon combat n'aurait plus aucun sens si vous vous sacrifiez.

- Je suis désolée . . . dis-je avec une voix tremblante de sanglots. Je voulais juste . . . sauver tout le monde, pour qu'on puisse enfin vivre heureux, ensemble . . .

- Nous savons bien, déclare mère en nous serrant tous les deux dans ses bras.

Les bruits du combat acharné qui se déroule au pied de la montagne et les cris de douleur et de rage des soldats me parviennent. Je serre les poings et lâche :

- C'est à cause de cette maudite guerre que nous souffrons tous ! Si seulement elle n'avait jamais existé ! Comment en sommes-nous arrivés là ?

- C'est l'empire du feu qui a ouvert ce conflit, il y a de cela de nombreuses années, m'explique le roi de la terre Adam. L'empereur voulait étendre sa domination sur le monde entier. Il a décidé de commencer par le royaume de l'eau. S'il parvenait à dominer ce territoire, il prendrait la cité de l'air et mon propre pays en sandwich, ce qui augmenterait grandement ses chances de nous vaincre rapidement. Heureusement, le roi de l'eau ne s'est pas laissé faire. Il a lutté juqu'à sa mort pour protéger son peuple et sa patrie. Depuis, ces deux pays sont en guerre. Il y a eu une trêve lorsque vos parents se sont mariés, dans le but de garantir la paix entre leurs nations, mais hélas, tout ne s'est pas passé comme prévu et les hostilités ont repris peu de temps avant votre naissance.

- Oh, mais pourquoi est-ce que l'empereur du feu tenait tant à dominer le monde ? Il a déjà un si vaste territoire !

- Certes, mais, malheureusement, beaucoup de gens ne se contentent pas de ce qu'ils ont. Ils en veulent toujours plus. Cela dit, personne ne sait vraiment pourquoi l'empereur du feu et ses descendants avaient et ont toujours une telle volonté de dominer le globe, mais quelle qu'en soit la raison, nous ne pouvons pas les laisser faire.

- Comment cela, vous ne savez pas ? Vous n'en avez jamais discuté avec eux ?

Tous les adultes présents secouent la tête. Je comprends, maintenant ! Je sais pourquoi cette maudite guerre ne cesse pas !

- Le voilà, le problème, dis-je en me relevant. On n'a jamais pris le temps de discuter . . .

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