Volontés et promesses opposées

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Je me précipite devant lui pour lui barrer le passage et m'exclame :

- Attendez ! Je croyais que vous étiez d'accord pour discuter calmement !

- Oui, je l'étais, mais nous voyons tous que cela ne nous a mené nulle part. C'est une perte de temps !

- Peut-être, mais une guerre serait notre perte à tous. Pensez à votre peuple. Il ne mérite pas de mourir pour une ambition dont vous avez oublié les origines et la raison.

- Cette ambition, comme vous l'appelez, est sacrée pour notre famille. Il est de mon devoir de l'accomplir.

- Dîtes-moi, franchement : est-ce qu'avant que votre père ne vous fasse promettre de reprendre son flambeau, vous adhériez ou compreniez même cette volonté ?

Il se fige et plonge son regard doré dans le mien. Un silence s'installe, long, pesant. Il dure plusieurs secondes. Finalement, il répond :

- Non, je ne comprenais pas, mais je me devais de soutenir mon père et souverain. Je me disais qu'une fois que j'aurai le pouvoir en main, je mettrai fin à ces conflits incessants, mais il m'a fait promettre de continuer son combat avant de me laisser la couronne, me coinçant à tout jamais dans ce bain de sang . . . Enfin, peu importe ce que je pense. L'essentiel, c'est d'enfin tenir ma promesse et en finir avec cette histoire.

- Oh, mais vous n'êtes même pas d'accord avec cette idéologie de domination au fond de vous ! rétorqué-je.

- Et alors ? ! Qu'est-ce que cela peut bien faire ? ! Si vous croyez qu'être un monarque signifie faire ce que l'on veut, laissez-moi vous dire que vous vous trompez lourdement !

- Oui, c'est vrai, on ne peut pas faire ce que l'on veut juste parce que l'on est de sang royal ou impérial, dit ma mère en posant ses mains sur les épaules de son père. Seulement, qu'on soit un empereur ou un mendiant, on doit toujours rester fidèles à nos principes et à nos convictions. Vous ne devez pas laisser les autres dicter vos choix et vos décisions, sinon à quoi bon vivre ?

- Un vrai souverain se doit de toujours agir pour le bien de son peuple, dit le roi de l'eau en posant une main sur son coeur.

- Montrez-nous que vous en êtes un digne de ce nom, ajoute le roi de la terre Adam.

- Je ne peux pas trahir ma promesse . . . Un vrai souverain n'a qu'une parole.

- Vous parlez toujours du serment que vous avez fait à votre prédecesseur, mais vous oubliez l'autre . . .

- L'autre ? Quel autre ? me demande-t-il, intrigué.

- La promesse que vous vous êtes faite à vous-même, de mettre fin à cette guerre une fois que vous aurez le pouvoir. Accomplissons-la ensemble, si vous le voulez bien, dis-je d'une voix douce en prenant sa main.

- Qu'en est-il de celle que j'ai faite à mon père ?

- Vous savez, j'avais promis à ma mère de ne pas me rendre sur le champ de bataille sans son consentement, mais je n'ai pas tenu cette parole. Elle ne m'en veut pas pour autant, n'est-ce pas ? demandé-je en me tournant vers elle.

- Je ne t'en veux pas le moins du monde, confirme-t-elle. Je t'aime tout autant qu'avant et je le ferai pour toujours, quoique tu fasses.

- Je suis sûre que votre parent ne vous en voudra pas, lui aussi. Il comprendra que vous voulez seulement faire ce qu'il y a de mieux pour tout le monde.

- Cette guerre affaiblit grandement votre empire, de jour en jour. Si vous continuez à vous entêter, il risque de s'effondrer et vous perdrez tout, dit Éoline. Je vous en prie, montrez-vous raisonnable.

- Si nous faisons la paix et nous unissons, nous prospérerons tous ensemble et votre nation en tirera de plus grands avantages encore, déclare Zéphyr.

- Vous avez tout à gagner en mettant fin à ces hostilités : la paix, la prospérité et l'amour d'une famille. Je vous en prie, ne gâchez pas cette chance et, surtout, ne brisez pas le rêve de l'enfant que vous êtiez et qui sommeille encore en vous, je le sens, lui dis-je d'une vois douce et compatissante, mais sérieuse.

Il nous observe tous un à un, puis dit :

- J'ai besoin d'y réfléchir.

Nous hochons la tête, compréhensifs. Il fait signe à ses gardes de nous reconduire dans nos chambres et quitte la salle, bientôt suivi par son épouse.

Pendant que nous marchons dans les couloirs du palais, j'avoue à Zéphyr :

- J'appréhende beaucoup sa décision. Je sens qu'il veut lui aussi que cette guerre prenne fin, mais la promesse qu'il a faite l'en empêche.

- Sois confiante, dit-il en prenant ma main. Je suis sûr que tout se passera bien. Il est évident que tes paroles l'ont touché.

- Puisses-tu avoir raison, murmuré-je en la serrant en retour.

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