Bagarres de rue
Le décor s'expatriait régulièrement , terrains vagues, usines désaffectées, garages souterrains parfois même des lieux publics peu fréquentés mais c'était plus rare. Les spectateurs quasi inexistants comme à chaque fois n'étaient pas le but premier de ces combats.
Les adversaires eux ne se diversifiaient pas. Quelques nouvelles têtes faisaient leur apparition de temps à autre. Ce n'était pas sans me déplaire et ça pimentait les affrontements.
C'était un cercle fermé et ça n'était pas plus mal. Nous nous connaissions tous, nos points forts comme nos points faibles n'avaient plus de secret. Tout résidait dans la forme physique du moment, dans la concentration, dans l'effet de surprise, bref, l'entraînement régulier comptait énormément. Il fallait améliorer les tactiques de combats sans relâche , jamais de temps morts pour être le meilleur.
J'avais des heures de répétitions à mon actif. J'avais ressassé je ne sais combien de fois ma défaite antérieure qui m'avait bien marqué autant physiquement que moralement. Je n'aimais pas perdre.
Tout le monde était à l'heure excepté mon adversaire et le combat devait commencer.
Je portais mon kimono préféré , ceinture rouge soigneusement nouée, aucune mèche de cheveu rebelle en vue. Les conditions étaient parfaites.
Je sautillais , enchaînais quelques droites gauches avec moi même, attendant mon adversaire. Le stress et l'adrénaline faisaient palpiter mon cœur irrégulièrement. Je tentais de réguler mon souffle quand l'arrivée de mon concurrent le coupa net.
Une belle brune, élancée, vêtue d'un short et d'un débardeur s'avança et se posta en face de moi. Ses mains bandées soigneusement jusqu'à mi-bras répétaient les mêmes gestes dans le vent. En aucun cas je prétendis partir vainqueur à la vue de cette femme qui avait plus sa place, à mes yeux, sur un podium de mode que sur un ring. J'avais appris à me méfier des apparences.
Je respire, le décompte commence. C'est parti!
Sans que je m'y attende, celle qui me fait face m'assène une série de coups qui me couche par terre. Elle en profite pour remettre de la distance entre nous ce qui me laisse le temps de me relever et de pester. De rage je m'élance vers elle. Désorganisé je lui balance mes poings qu'elle esquive avec une souplesse et une rapidité surprenantes.
Mon énergie reste intacte et je décide de continuer à attaquer. Je multiplie mes directs, mes high kicks , mes coups de pieds retournés, et décide de sortir mon nouveau coup. C'est maintenant ou jamais. C'est efficace et la voilà au sol à son tour, inconsciente.
Victorieux et apaisé je brandis ma manette au dessus de ma tête et hurle : " youhouuuuuuu j'ai passé le dernier niveau!!!!"
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