Chapitre 5 (1/2)

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Ace se réveilla en pleurs au beau milieu de la nuit. Ses draps étaient complètement trempés : il transpirait par par tous les pores de sa peau. Il resta immobile durant de longues minutes, sans pouvoir arrêter les larmes qui dévalaient ses joues pour s'écraser sur l'oreiller. Il repoussa sa couverture au pied de son lit, qui lui donnaient froid au lieu de le réchauffer, et se blottit en position fœtale, les genoux repliés contre lui.

Il avait arrêté de compter les nuits où il s'était réveillé ainsi lorsqu'il était plus jeune, brisé et tremblant. Son père accourait dans sa chambre, alerté par les cris atroces de son fils et tentait par tous les moyens de la calmer. Il le rassurait, lui disait qu'il l'aimait et restait près de lui jusqu'à ce qu'il se rendorme. Au fur et à mesure, Ace était parvenu à se contrôler malgré les cauchemars horribles qui le hantaient toutes les nuits. Il ne criait plus dans son sommeil, et son père pensait à tort qu'Ace ne rêvait plus d'elle.

Cela avait duré presque un an après la mort de sa mère. « Le temps guérit toutes les blessures » à ce qu'on disait, mais pour Ace, c'était faux. Il lui arrivait encore de rêver de sa mère vivante, ou de la dernière fois qu'il l'avait vue, cinq ans auparavant, le corps pâle et froid dans son cercueil ouvert. Elle semblait dormir, un bouquet de roses blanches dans les mains. Mais cela faisait longtemps qu'Ace n'avait pas fait un cauchemar qui lui avait paru à ce point réel.

Ace avait été le plus touché par la mort de sa mère. Bien plus que sa sœur, Cassie. Bien sûr, cela l'avait gravement affectée elle aussi, mais ça avait été particulièrement douloureux pour Ace. Il avait toujours été très proche de sa mère, et elle seule semblait pouvoir le comprendre. Il n'avait pas la même complicité avec son père ou avec sa sœur, bien qu'il les adorait tout deux. Sa mère l'avait toujours pardonné lorsqu'il commettait connerie sur connerie. Elle le prenait dans ses bras et lui chuchotait qu'elle l'aimerait pour toujours. Il adorait se blottir contre sa poitrine et sentir son parfum si particulier qui l'apaisait. Il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne sourît, elle était la joie de vivre incarnée, même dans les derniers moments de sa vie, sur son lit d'hôpital. Ace puvait encore revoir le tuyau qui lui permettait de mieux respirer, la petite aiguille piquée dans son bras et le bruit ininterrompu des machines reliées à son corps.

Et même si son rire commençait à s'effacer dans la mémoire d'Ace, il parvenait encore à l'entendre quelques fois, comme si elle était près de lui.

Ses larmes finirent par se tarir et son corps cessa d'être secoué par les sanglots. Ace n'avait plus la force de pleurer, il était épuisé. Alors ses paupières se fermèrent d'elles-même et Ace sombra dans un sommeil lourd, dépourvu de rêves, qui lui permit de s'échapper enfin de la réalité.


Lorsque l'alarme de son téléphone sonna, Ace ouvrit les yeux et se sentit encore plus fatigué que lorsqu'il s'était couché la veille. Il pensa à la journée qui l'attendait et il en eût mal au crâne. Il allait faire la connaissance de son partenaire pour le programme et franchement, il s'en serait bien passé. Il ne se sentait pas capable d'affronter un étudiant qui ne comprendrait rien à ce qu'ils devraient faire.

Il sortit péniblement de son lit, plus par obligation que par choix, puis se rendit dans la cuisine, le cerveau encore embrumé par son cauchemar de la nuit et se servit machinalement une grande tasse de café, pour tenter de se réveiller. Andreï le rejoignit quelques minutes plus tard.

— Hey, bien dormi ?

— Non, répondit sèchement Ace. J'ai cauchemardé.

— Aïe, répondit simplement son ami

Il savait pertinemment ce que cela impliqué.

— Si ça peut te rassurer moi non plus. Je pense que c'est à cause de la pleine lune, tenta-t-il de plaisanter.

Ace haussa les épaules avant de s'affaler sur un des tabourets de l’îlot central. Ils sirotèrent en silence leur café avant de se préparer chacun de leur côté. Ace n'était pas d'humeur à faire la conversation, même avec Andreï. De son côté, le russe préférait laisser son ami tranquille, en sachant qu'il devait ressasser des idées noires.

— Bon courage, lança Andreï lorsqu'Ace fut prêt à partir.

— Merci, à toi aussi, répondit-il en essayant de sourire malgré tout.

Mais son sourire se transforma en grimace.


XXX


La matinée passa lentement. Ace n'avait pas du tout envie de blaguer avec ses amis ou même de parler, tout simplement. Même sa cigarette du matin ne parvint pas à le détendre un temps soit peu.

Abby leur avait annoncé que la personne avec qui elle travaillerait s'appelait Morgan, et qu'il était ami avec le binôme d'Ace. Elle en était plutôt contente, car lui aussi était « charmant, riche et hétéro » comme elle l’avait si bien fait remarquer, en leur faisant un clin d’œil des plus explicite. Ace était ravi pour elle : elle, au moins, allait peut-être pouvoir s'amuser un peu.

Lorsque l'heure de se rendre à la bibliothèque arriva finalement, Ace s'y rendit accompagné de ses amis, en traînant les pieds,. La vingtaine d'étudiants qui s'y trouvaient déjà étaient tous excités et essayaient de deviner à quoi ressembler leur partenaire de travail. Ace ne put résister à la tentation de chercher lui aussi, mais même avec l'aide d'Abby qui avait déjà vu Tyler, ils ne parvinrent pas à le trouver dans la foule d'élèves. Le professeur de droit constitutionnel arriva et les fit entrer avant de répartir les étudiants en petit groupes et de les disperser dans la salle.

— Bien, Mr. Cruz, votre partenaire est donc Mr. Scott. Tyler Scott ! appela-t-il.

Le vieux professeur réitéra son appel en haussant un peu plus la voix, et quelqu'un lui répondit finalement, à leur gauche.

— J'arrive, Mr. Johnson !

Quelques instants plus tard, un jeune homme vint à leur rencontre, un immense sourire aux lèvres.

Ace manqua d'éclater de rire. Il était l'archétype du gosse de riches qu'il s'était fait : chemise blanche d'une célèbre marque de luxe, pantalon marron bronze et mocassins, auxquels venait bien entendu s'ajouter une montre en cuir horriblement chère. C'en était ridicule.

— Excusez-moi, j'étais en train de finir ma cigarette. Vous savez ce que c'est, une fois qu'on y a goûté, on ne peut plus s'en passer ! s'exclama-t-il d'une voix chaleureuse.

Il passa la main dans ses cheveux d'un blond doré et lança un clin d’œil au professeur. En soupirant, l'enseignant fit les présentations.

— Mr. Scott, voici votre collègue, Mr. Cruz, avec qui vous rédigerez votre Mémoire cette année. Maintenant, je vous laisse faire connaissance : allez vous installer à cette table là-bas, dit-il en pointant du doigt, j'ai encore des groupes à constituer.

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