Chapitre 4

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Après l'école, Sarah et Romane se rendirent donc vers chez les Marcotte. Tout comme Romane, ils habitaient en plein coeur du village, mais dans une maison beaucoup plus grosse. C'était l'une des nombreuses raisons qui poussaient Romane à détester Xavier.

Quelqu'un de plus observateur qu'elles aurait probablement fait demi-tour en voyant les volets fermés et la cour, habituellement occupée par les deux petits frères de Xavier, vide en cet après-midi. Certe, il ne faisait pas un grand soleil, mais la température était plus dégagée que le matin même, et deux gamins comme Étienne et Maxence ne faisaient pas grand cas de la météo, normalement, lorsqu'il s'agissait de jouer dehors.

Mais Romane et Sarah ne remarquèrent pas ces détails, ou peut-être les remarquèrent-elles et n'en eurent que plus envie de percer le mystère. Toujours est-il que Sarah cogna fermement à la grande porte à la peinture verte écaillée.

Ce fut la grande soeur de Xavier, Laura, qui vint leur ouvrir la porte. Son visage confirma les doutes que Romane avait eu dans l'avant-midi: quelque chose d'horrible s'était produit.

Les deux filles la connaissaient de loin. Pourtant, à ce moment, elles faillirent ne pas la reconnaitr. Ses cheveux châtain clair, habituellement tirés en arrière en chignon approximatif, étaient à ce moment lâchés sur ses épaules et emmêlés. Ses yeux noisettes étaient rougis et bombés par les larmes. Elle renifla et parvint à froncer les sourcils à la vue des deux filles.

— Vous voulez quoi ? marmonna-t-elle d'une voix rauque.

— On est dans la classe de Xavier, répondit Sarah, tremblante. Des... amies. On voulait juste voir s'il allait... bien.

Au vu de Laura, qui peinait à maintenir cette discussion tant elle était triste et exténuée, il était peu probable que Xavier aille bien.

— On peut repasser un autre jour, si c'est pas un bon moment, ajouta précipitamment Romane.

— Non non... C'est bon. Allez-y. Troisième chambre à droite, en haut. Mais gossez-le pas, please. Pis c'est bien parce que toi, t'es Sarah Bouchard, que j'vous laisse rentrer. Allez pas parler à toutes ces commères. C'est pas un ragot.

Si les deux jeunes filles étaient un peu troublées par la fin de la tirade de Laura, elles eurent la politesse de ne pas le montrer et de faire comme si ça allait de soi. Elles montèrent lentement l'escalier, sur la pointe des pieds, pour ne pas se faire remarquer davantage par le reste des habitants de la maison. Elles arrivèrent finalement devant la troisième porte à droite, dans le couloir de l'étage.

Le nom «Xavier» était inscrit sur la porte avec des lettres en bois coloré. Aucun doute, elles étaient au bon endroit. Après un échange de regards inquiets, Sarah se décida à cogner. Une voix morne leur répondit.

— Entrez.

Sarah tourna la poignée et poussa la porte. Xavier était assis sur son lit, le regard vide. Il parut tout de même se ressaisir en voyant les filles dans l'embrasure de la porte.

— Allô ? dit-il, perplexe, en voyant Sarah et Romane le fixer avec intensité.

— Salut Xavier, murmura Sarah.

Il avait les yeux rouges, tout comme sa soeur, mais avait en plus un hématome violacé sur la joue. Au moment où Romane remarqua ce détail, Xavier sembla en prendre conscience lui aussi et esquissa une grimace.

— Tu m'as pas raté...

Romane rougit fortement en prenant conscience que c'était elle qui àavait frappé à cet endroit. Elle baissa les yeux et évita le regard du garçon.

Pendant un long moment, aucun des trois enfants ne parlèrent. Romane n'était pas du genre à rester silencieuse, ainsi, ce fut elle qui rompit l'instant à la fois étrange et chargé.

— Bon, qu'est-ce qui se passe ici ? Qu'est-ce qui est arrivé ?

Xavier soupira. Sarah lança un regard agacé à Romane. Mais le garçon finit par répondre.

— Mon frère... Maxence. Il a... disparu.

— Disparu ? lança Romane, trop excitée. Comment ça ?

— Il était pas dans son lit ce matin, marmonna Xavier, retenant ses larmes avec peine. Disparu. Volatilisé.

Sarah s'assit sur le lit, à ses côtés, et l'étreignit, les larmes aux yeux elle aussi.

— Merde ! lança Romane. Ouais... C'est pas... habituel. Si tu veux en parler...

Elle se rendit compte que sa proposition était étrange. Si Xavier voulait parler à quelqu'un, il parlerait probablement à ses parents, à sa soeur, au pire à ses amis proches, voire même à Sarah, qui incitait à faire confiance. Pas à elle, la fille qui l'avait frappé dans la cour d'école pour une raison idiote.

Peut-être Xavier fut-il aussi surpris qu'elle de cette proposition, puisqu'il la fixa pendant un moment, l'air ahuri. Mais il se remit finalement.

— Ouais... Ben pour l'instant... J'ai envie de me changer les idées. Ç'a été une longue journée.

— Ah... Ben en faite, on était venues pour te parler du projet des légendes, lança soudainement Sarah.

— Ben ouais ! On est en équipe à trois...

Xavier soupira, puis se leva et Maria jusqu'à son bureau.

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