Sonnet des sonnets

3 minutes de lecture

 Le plus beau des sonnets.

Sonnet 1

(L’amant venu d’Orient)

 Regarde-moi de tes yeux bleus mon bien-aimé,

 des saphirs forment les fenêtres de ton âme ;

 plus que dans l’océan, je pourrais m’y noyer,

 alors que s’embraserait encore ma flamme !

(L’amant venu d’Occident)

 Tes cheveux : semblables à un tapis d’ébène,

 ma main y passe comme la lune en la nuit ;

 et ton regard, plus intense que l’obsidienne,

 tels deux vitraux en amande où ton ardeur luit.

(Le Chœur)

 Votre idylle : plus éternelle qu’un phénix,

 et vos cœurs : plus légers que le vol d’un bombyx.

 Oh amants ! Vivez votre amour, noble et puissant !

(L’amant venu d’Orient)

 Tu es beau comme un ange, et doux comme un agneau,

 je m’enivre de tes caresses sur ma peau.

 Toi, moi : l’hymen de l’Orient et de l’Occident !

Sonnet 2

(L’amant venu d’Occident)

 Enlace-moi de tes bras, je m’y réfugie

 pour couvrir de baisers ton corps au teint de miel ;

 et mes mains contre tes flancs, ainsi tu frémis.

 Je t’aime, ô mon amour, merveille sous le ciel !

(L’amant venu d’Orient)

 Tu es agréable au toucher, plus que la soie ;

 ta chair : pâle, immaculée, autant que le lait.

 Oh ! Tu es grand, pur, bien plus que le sang des rois,

 comme un chevalier, embrasse-moi sans arrêt !

(Le Chœur)

 Clamez votre affection sous le cèdre et le chêne,

 chantez votre passion en odes par douzaines,

 tendres amants venus des deux bouts de la Terre !

(L’amant venu d’Occident)

 Tes pommettes : vermeilles, tel un bois d’automne.

 Étreins-moi, que j’en oublie ces hommes atones ;

 exprimons ce désir que nous ne pouvons taire !

Sonnet 3

(L’amant venu d’Orient)

 Tel un diadème en or, tu m’as volé mon cœur,

 tu m’as dérobé plus brûlant que le zénith ;

 tes lèvres rosées sont un fruit à cent saveurs.

 À tes côtés je ne connais plus mes limites.

(L’amant venu d’Occident)

 Tu es délicieux, plus que le nard, le safran,

 face à toi, le goût de la cannelle se fane ;

 je hume ton parfum, ta bonne odeur d’encens :

 mystique, plus que les plus grands plaisirs profanes.

(Le Chœur)

 As-tu vu ton prince ? Alors, Perle de l’Asie ?

 Contemple-le, c’est le Joyau de la Francie !

 Regardez-vous, hommes qui êtes amoureux.

(L’amant venu d’Orient)

 Tes membres sont comme des colonnes en marbre ;

 au milieu de moi, tu m’abrites du macabre,

 tu me couves, tel l’oiseau protégeant ses œufs.

Sonnet 4

(L’amant venu d’Orient)

 Ta voix, rassurante : une mélodie de lyre,

 j’en entends ton soupir au creux de mon oreille

 tel un son de cithare ; et résonne ton rire,

 incandescent, bien plus que le cœur du soleil.

(Le Chœur)

 Cachez-vous, loin, dans l’extrémité de la Terre,

 à l’ombre, assis, derrière les haies de troène ;

 aucun diable ne vous voit dans ce carré vert :

 au-dessus de vous, nul sabre de la géhenne.

(L’amant venu d’Orient)

 Tous deux, en cette attrayante promiscuité,

 nous nous effleurons jusque nous faire trembler

 par nos doigts délicats, bien plus que le velours.

(L’amant venu d’Occident)

 Je suis malade, car la fièvre me consume ;

 quand je pense à toi, un brasier en moi s’allume.

 Mes rêves t’appartiennent : des songes d’amour !

Sonnet 5

(L’amant venu d’Occident)

 Viens, atteins ma hauteur, beauté venue des steppes,

 ta majesté ternit les plus précieux trésors,

 les journées t’ont hâlé tel le chapeau des cèpes ;

 trône à ma droite, plus fier que le sycomore.

(Le Chœur)

 Votre fougue : plus exquise que la grenade,

 votre union sent comme le henné et la myrrhe !

 Vous, qui êtes plus scintillants que les Pléiades,

 protégez-vous des flèches de feu qu’on vous tire !

(L’amant venu d’Orient)

 La turcique cavalerie est arrivée,

 elle t’a emmené loin, loin de ma contrée ;

 au-delà de la Grande Muraille de Chine !

(L’amant venu d’Occident)

 Ses barbares m’ont séparés de toi ; j’ai fui

 de l’autre côté de l’horizon ; je m’ennuie,

 comme un arbuste sans eau : sans toi je décline.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 7 versions.

Vous aimez lire Rodolphe Ménereuilt ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0