Avengers : Infinity War

Dune

One Piece, épisode 23

  Et si, la meilleure façon de réussir votre combat, c'était de ne pas le montrer ?

  Plus qu'une option de facilité, ce choix peut signifier à quel point un combat est déséquilibré. Voir deux excellents bretteurs s'affonter peut être impressionnant. Mais si l'un est le meilleur épéiste du monde et que l'autre touche une épée pour la première fois de sa vie, alors le combat est nettement moins intéressant à voir.

  Ne pas montrer un combat, lorsque c'est pertinent, dit cela : ce combat aurait pu vous être montré, mais cela n'avait pas d'intérêt. Alfonse à gagné sans la moindre difficulté, point. C'est par exemple le cas dans Avengers : Infinity war. Le film s'ouvre sur la fin de ce qui avait plus l'air d'un carnage que d'une bataille. Connaissant la force des superhéros présents à ce moment, on comprend à quel point celle de leurs adversaires est supérieure. Un petit combat à sens unique vient ensuite le confirmer.

  C'est aussi le cas dans le premier tome de la saga Dune. Parmi toutes les menaces qui plannent sur les Atréides, l'armée impériale des Sardaukars est l'une des plus concrètes. Ces forces d'élites assurent la stabilité du pouvoir impérial. Elles sont décrites comme étant les meilleures et l'auteur fait assez bien son travail pour que cela participe à créer une véritable tension. D'ailleurs, lorsqu'elles apparaissent, ces troupes font effectivements des ravages. Après la défaite, un groupe de survivants Atréides fuient dans le désert. Ils y rencontrent des Fremens, les guerriers locaux. Ceux-ci sont assez mal connus à ce moment du roman. On sait qu'ils sont fort, mais on ignore à quel point. Cela nous est alors dit : en discutant, un fremen révèle avoir vaincu peu avant un groupe de guerrier appartennant à une faction qu'il ne connaissait pas. Les Atréides médusés et le fremen amusé comprennent rapidement qu'il s'agissait d'une unité de Sardaukars que les guerriers du désert ont vaincu facilement. "C'est vrai qu'ils se battaient bien" concéde le Fremen.

  Il y a là deux astuces en une. La première est de ne pas montrer le combat, qui n'est que rapporté comme s'il s'agissait d'une banalité. La seconde, c'est de présenter un guerrier ou un groupe de guerrier comme invincible ou presque, de le faire bien, avant d'établir d'un coup que d'autres sont plus puissants. Mieux la première faction est présentée comme puissante, plus cette puissance imprégnera la seconde.

  Vous pouvez aussi faire cela d'une manière détournée, comme dans One Piece, par exemple. Après avoir été établi comme étant le meilleur épéiste du monde, particulièrement stylé et doté d'une puissance phénoménale (le type coupe un navire en deux sans difficulté), Dracule Mihawk rencontre une autre personnage secondaire : Shanks. On comprend vite que Mihawk le respecte beaucoup, et Shanks que l'on n'a jamais vu se battre acquiert immédiatement un peu de la badassitude de l'épéiste.

  Il est important, si vous choissisez de ne pas montrer le combat pour introduire la puissance d'un personnage, que son ou ses adversaires soient à priori avantagés. Parce qu'ils sont en surnombre, parce que c'est un héros qu'on sait très fort... les possibilités sont nombreuses.

  Si vous ne montrez pas le combat entre deux inconnus, c'est plutôt pour le mettre de côté, pour dire que seul importe le résultat. Par exemple si les duels sont interdits, que votre protagoniste vient d'en disputer un et de tuer son adversaire, et que votre histoire parle plutôt des problèmes qu'il aura avec la justice. Mais son talent d'escrimeur est alors secondaire.