Chapitre 18 : Le Seigneur des Anneaux

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Gwendoline demande à son amie de lui raconter les dernières nouvelles de sa vie amoureuse, qui semble toujours aussi chaotique, mais dont les détails croustillants ont le mérite de la divertir. Manuella évoque sa dernière expérience au lit. Celle-ci l’a tellement traumatisée qu’elle se demande encore si elle ne va pas renoncer aux hommes.

— Raconte ! la supplie Gwendoline en pouffant de rire sous la couverture.

— Le mec avait pour habitude de glisser un anneau à la base de son sexe pour renforcer son érection, apparemment déficiente.

Tandis que son amie est prise de soubresauts incontrôlables qu’elle essaie en vain de contenir, Manuella poursuit son anecdote :

— Chaque fois qu’on baisait, il enfilait cet outil en plus de la capote. Ça ressemblait à une sorte de bracelet ethnique. C’était ridicule, je t’assure ! Du coup, tu sais comment je l’ai rebaptisé ce corniaud ?

— Nan !

— Le seigneur des anneaux.

En donnant le surnom de son dernier amant, Manuella se met à fredonner la célèbre musique d’un film.

— Tam, tam, tam, tam, tadam…

— C’est pas la musique du Seigneur des anneaux, ça, banane, se moque sa comparse. C’est celle de Star Wars.

Toutes les deux repartent dans un nouvel éclat de rire, dont elles étouffent le son en se cachant dans le plaid. Hilare, Gwendoline est pliée en deux sur le canapé, les bras noués autour du ventre. Elle se plaint de ses abdominaux qui, selon ses dires, n’ont pas autant travaillé depuis longtemps. Tout en se tenant les côtes, les yeux remplis de larmes de joie, elle supplie Manuella d’arrêter :

— Stop ! Je vais faire pipi dans ma culotte si tu continues !

— Mais t’en portes pas de toute façon, nounouille ! Pisse dans ton pyjama et qu’on en finisse.

Les voilà reparties dans une autre quinte joyeuse, au grand dam de Gwendoline qui craint pour son périnée. Manuella exulte, ravie de sa performance et de son one woman show. Toutes les deux sont secouées de spasmes euphoriques et libérateurs.

— Nan mais sérieux, le gars avait à peine quarante piges, renchérit Manuella. Si à son âge, il bande déjà mou, t’imagine la suite. C’est quoi après ? Le viagra ? Oh non, j’ai mieux ! À quand le tuteur pour plantes enfoncé dans la bite jusqu’à la garde, on se le demande !

— Ah mais moi j’ai eu ça.

— Hein ?

— J’te jure, j’ai eu un mec avec un tuteur dans le zgeg !

Son invitée la dévisage, stupéfaite, avant de s’enquérir :

— Pas Rambo, j’espère ? Ce serait le pompon !

— Naaaaan ! Erwann est parfait. Si tu voyais sa queue, hummm, elle est divine !

— J’aime autant pas, intervient Manuella en mimant un air dégoûté.

Mais Gwendoline n’en a cure et poursuit son exposé avec délectation.

— Elle est... parfaitement proportionnée, droite comme un I, bien plaquée contre son ventre quand il bande. Je ne connais pas le diamètre exact de sa teub mais je t’assure que sa circonférence est idéale, ni trop, ni trop peu. Juste ce qu’il faut de toison pour le rendre viril mais des couilles bien rondes et lisses qui le décorent comme un joli sapin de Noël. Je te jure, son service trois pièces, c’est une œuvre d’art !

Manuella se bidonne sur le sofa en entendant cette description. Énoncée avec une telle gourmandise, celle-ci dit long sur la frustration qui habite son amie depuis que son homme est en prison. C’est en essuyant ses yeux bleus qu’elle s’exclame :

— Mais t’es complètement folle, sérieux ! Une œuvre d’art en parlant d’une bite, je l’aurais pas tenté celle-là. Enfin, s’il sait s’en servir de sa belle queue, c’est déjà ça.

— Il sait se servir de tout ce qu’il possède. Ce mec, c’est un vrai couteau suisse. Ses doigts, sa langue, son dix-huit centimètres et demi... tout fonctionne à merveille chez lui.

Un rictus au coin des lèvres et les yeux réduits à deux fentes, Manuella scrute son amie, jaugeant de la pertinence de ses propos. Si elle ne connaissait pas la répugnance de Gwendoline pour l’alcool, elle pourrait douter que celle-ci soit sobre. De telles confidences aussi graveleuses ne sont guère dans ses habitudes. Néanmoins, Manuella est ravie de la retrouver de si bonne humeur après leur fâcherie. Dans cette ambiance légère et détendue, elle s’enquiert tout bas :

— Tu ne l’as pas mesuré avec un double décimètre quand même ?

Gwendoline, fière comme une version féminine d’Artaban, déclare en chuchotant :

— Nannnnn, juste avec mon corps ! Tu sais bien que je peux déterminer la taille d’un sexe d’homme rien qu’en le prenant en moi. On a les aptitudes qu’on mérite ! pavoise-t-elle en haussant les épaules. Quoi qu’il en soit, c’est pas Erwann qui aurait besoin de cachetons ou d’instruments de torture pour être en érection, crois-moi, il est toujours au top.

— Putain, mais ça fait combien de temps que vous n’avez pas baisé pour que tu sois dans un état pareil ? On dirait une pucelle à la veille de sa nuit de noces ! Non pas que je m’en plaigne, hein, ajoute-t-elle avec un clin d’œil. Tant que j’en profite...

— Ah ah... À vue de nez, je dirais que cela fait... beaucoup trop longtemps ! assène Gwendoline, le visage rêveur à moitié enfoui sous la couverture. Une éternité, il me semble... mais, en réalité, plutôt deux mois à peu près, et crois-moi, c’est déjà de trop ! Putain, il va prendre cher quand il va sortir, c’est moi qui te le dis.

Toutes les deux se gaussent de concert à l’idée du pauvre détenu qui ne sait pas encore à quelle sauce il va être dévoré dès qu’il aura mis un pied dehors.

— Et pour en revenir à ton histoire de tuteur dans la bite, s’esclaffe Manuella, si ce n’était pas ton Apollon monté comme un âne, qui était l’heureux élu alors ?

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