Le choix d'Akeïn (chapitre remanié)
Akeïn et Sayan échangent un regard, émus, leurs yeux brillants de victoire, exactement comme la première fois. Ils s’élancent vers le corps inanimé de Balsa. Akeïn prend doucement sa main, cherchant son pouls à l’intérieur de son poignet.
– Elle est en vie, soupire-t-elle.
– C’est évident. Dans le cas contraire, tu serais morte avec elle… Balsa est ton double, réplique le Prince.
Mais Akeïn écoute à peine ses paroles, préoccupée par les larges entailles laissées par les tentacules du monstre tout autour de son buste.
– Il faut vite la soigner. J’ai le nécessaire de secours ici, mais ce ne sera pas suffisant. Il faut désinfecter ses plaies maintenant, appliquer un cataplasme puis rentrer au royaume.
Sayan et les quelques soldats rescapés l’aident à panser la guerrière. Ils créent un brancard de fortune à l’aide d’une bande de tissu et de bouts de bois, puis les gardes la portent à tour de rôle.
Au bout de plusieurs semaines, Balsa se remet totalement de ses blessures, grâce aux onguents puissants d’Akeïn. L’application régulière des pommades a permis une cicatrisation complète.
Assise dans les jardins royaux, Akeïn cueille des plantes médicinales, songeuse. Sayan la rejoint.
– Je ne comprends pas… comment se fait-il que le monstre pouvait nous toucher, nous blesser, alors que nous étions impuissants contre lui, malgré mon sort, s’interroge l’herboriste.
– À cause de toute la violence des humains de ton monde. Sans le savoir, ils ont conçu le roi des ombres, avec leurs pensées négatives et leur cruauté. Chaque idée monstrueuse le rend plus fort, capable de nous détruire, mais il reste aussi volatile que les pensées de ses créateurs ! Pire : notre paix intérieure nous empêche de l’atteindre…
– Ah … Quel drôle de paradoxe ! C’est terrible : votre sagesse vous met en danger, au final !
– Oui… c’est la triste contrepartie d’un cœur pur. Ne pas pouvoir toucher l’ombre, ni réellement se défendre. Mais tu es venue, et grâce à toi, nous l’avons vaincu !
– Et si d’autres monstres apparaissent ? L’humanité est loin d’être éveillée et pacifiste !
Sayan la regarde intensément, l’expression sérieuse :
– C’est ce que nous craignons. Il nous faut un intercesseur entre les mondes… une Gardienne comme toi.
Il effleure la joue d’Akeïn d’un geste tendre, comme pour appuyer ses mots. Le visage de la protectrice s’éclaire, comblée. Elle ferme les paupières et incline légèrement la tête pour mieux ressentir la main de Sayan.
Le Prince plonge son regard dans le sien, saisit son visage entre ses paumes, puis se penche pour l’embrasser d’un baiser doux, patient, frôlant ses lèvres avec une délicatesse exquise.
Akeïn sent le désir monter en une vague enivrante. Elle pose ses bras autour des épaules de Sayan, se délecte de ses lèvres. Le Prince la pousse doucement et l’allonge dans les fleurs ; la jeune herboriste sourit de façon sensuelle, fascinée par la flamme brillant dans ses prunelles. Leurs visages sont si proches. Il contemple ses yeux comme des joyaux précieux. Sa bouche se pose sur ses lèvres rosées, et il attrape tendrement sa lèvre inférieure pour la goûter. Akeïn fond sous cette nouvelle ivresse. Sayan s’incline en la mordillant avec passion, ses mains parcourant sa peau, éveillant en elle des frissons intenses. Sa langue taquine explore sa bouche.
Alors que les amoureux reprennent leur souffle, il lui murmure à l’oreille :
– De toute façon, je veux te garder ici, avec moi… Je n’ai pas envie que tu retournes dans ton monde.
Akeïn lève les yeux au ciel, malicieuse :
– Mmmh… je crois que je n’ai pas très envie de partir, « de toute façon ».
– Tu nous protégeras de tous les monstres et tu deviendras mon épouse… Grâce à la Pierre d’étoile, notre descendance sera invincible, lui souffle le Prince, amusé.
Akeïn éclate de rire.
– Ah oui, je vois… un vrai Prince possessif qui commande tout ? Non merci !
Face au regard faussement vexé de Sayan, elle ajoute :
– Mais oui, je serai ta petite Gardienne, promis. Et ce… pour toute la vie !
Akeïn passa son existence dans ce monde incroyable, aux côtés de Sayan. Leur amour rayonna si fort qu’aucune entité du Chaos ne put se matérialiser. Balsa n’eut plus besoin de combattre et devint la conseillère attitrée du Royaume.
La Gardienne repensait parfois à son existence sur Terre, une pointe de nostalgie au cœur. Mais elle se sentait à sa juste place ici, pleinement comblée par sa destinée auprès de son bien-aimé.

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