Devoir & Justice

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Attention, ce texte comporte des scène et des propos qui peuvent choquer la sensibilité d'autrui. C'est un texte qui fut écrit dans le cadre d'une routine d'écriture, en avril 2025.

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Le message était clair : il fallait tout détruire, rien ni personne ne devait subsister. Le

policier sentit son sang se glacer. Dans la ruelle sombre où gisaient des tas d'ordures,

où des bennes à ordures dégorgeaient et où la puanteur empestait, il y avait des

enfants. Des enfants innocents. Leurs regards terrorisés étaient fixés sur le représentant

des forces de l'ordre et son unité. Habillés de guenilles, les cheveux gras et

désordonnés, faibles et maigres comme des fils de fer, leurs pauvres corps étaient

secoués de tremblements. Des gamins des rues, des orphelins. Il y en avait tellement.

— Vous avez entendu les gars ? dit le sergent d'un air sombre. Rien ni personne ne doit

subsister.

À ces mots, l'un des mômes prit la main d'un autre et se mit à courir aussi vite que lui

permettaient ses petites jambes, espérant échapper aux policiers. Certains tentèrent la

même chose, mais c'était trop tard.

D'abord, il y eut des cliquetis, indiquant que ses collègues chargeaient leurs armes. Puis

il y eut des demandes fluettes.

— S'il... s'il vous pl-plait... murmura quelqu'un.

Et le carnage commença. Des tirs fusèrent dans tous les sens, des lance-flammes

crachèrent le feu et les enfants se mirent à hurler. Le policier était tétanisé, son cœur

battait furieusement dans sa poitrine.

"Des enfants..., pensa-t-il horrifié... ce ne sont que des enfants..."

Soudain, une voix bourdonna dans son casque, rauque, autoritaire.

— Agent Cooper, vos ordres sont pourtant clairs : rien ni personne ne doit subsister.

C'était le chef des opérations, le commandant Garnier.

— Monsieur, s'entendit répondre Cooper, il y a des enfants. Sa propre voix lui paraissait

lointaine, comme une musique diffusée dans les airs.

— Et alors ? répliqua son supérieur. Votre boulot, c'est de suivre les ordres, pas de

réfléchir !

Une balle arriva dans le crâne d'un enfant, projetant du sang sur la poubelle derrière lui.

Le gamin s'effondra tel une poupée de chiffon sur le sol, inerte. À cette vision, le ventre

de Cooper se tordit, son cœur s'accéléra de plus belle.

— Mais, Monsieur, tenta le policier, le programme Bio-Vie pourrait les—

— Ce sont des rebuts de la société, Cooper ! le coupa Garnier. Personne n'en voudra !

Vous agissez pour le bien du plus grand nombre.

Les yeux du représentant se posèrent sur un enfant hurlant sous la morsure des

flammes. Une sueur froide coula le long des tempes de l'agent, un frisson lui parcourut

le dos, ses yeux lui piquaient, mais ce n'était ni la fumée ni l'odeur de chair carbonisée

les coupables.

— Serait-ce un acte de rébellion, agent ? cracha le supérieur.

Sa voix devint soudain mielleuse.

— Je ne pense pas que vos parents seraient fiers en apprenant que leur fils est un mutin.

Et votre frère, que lui arrivera-t-il si son traitement prenait fin de façon prématurée ?

Cooper déglutit, la résignation s'empara de lui, réduisant au silence sa soif de justice.

Il sentit une pression sur ses jambes. Baissant la tête, Cooper aperçut un enfant,

pleurant et reniflant, suppliant de l'aide. Le désespoir dégoulinait par tous les pores de

sa peau. Un rescapé du théâtre macabre qui se jouait devant lui.

Aucun de ses collègues ne l'avait vu.

Un p'tit futé, agité par l'espoir fou de s'en sortir. Chose qu'il avait dû faire toute sa

misérable vie. Si courte.

Le policier se vit, tel un fantôme, resserrer sa poigne sur son arme. Il leva son arme, la

colla sur le dessus de la tête du gamin, le doigt sur la détente. Le doute s'empara de lui,

un instant.

Son désir de justice lui enserra le cœur.

Le visage de l'enfant se releva vers lui, ses yeux rencontrant le canon de son arme.

La crasse s'était accumulée sur son visage, il était impossible de deviner s'il s'agissait

d'un garçon ou d'une fille.

Le môme trembla de plus belle.

Cooper le saisit par le col, l'empêchant de bouger.

Le petit être se débattit comme il put, mais la poigne de l'agent était plus forte.

"Ce ne sont que des rebuts de la société ! Personne n'en voudra !"

Ces mots le hanteraient toute sa vie. Ses actes modèleraient ses cauchemars.

Le représentant de l'ordre s'entendit dire d'une voix blanche :

— Je suis désolé.

Et il rendit son verdict, son devoir l'emportant sur la justice.

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