Chapitre 1

3 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Nils van Zandt – The Riddle [EDM]


Mercredi 31 août 2015


Cette année, je rentre en Terminale, et cette perspective me déprime depuis plusieurs jours. Sûrement pas parce que les épreuves du baccalauréat commencent lentement à se profiler ; pour ça, je ne suis pas spécialement inquiet, j’ai l’habitude d’avoir des bonnes notes. Plutôt parce que… je suis d’un naturel peu sociable. Je n’ose même pas fantasmer sur la trop incertaine perspective de me trouver un amoureux… Qui plus est quand on est un mec. Ironie du sort, il a fallu que Michaël soit gay. Mise à part la question affective, je ne m’en accommode pour l'instant pas trop mal.


J’adore le sport. D’un naturel solitaire, j’ai naturellement été attiré vers la course à pied, appréciant particulièrement l’été pour ça. La chaleur pesante ne me dérange pas, au contraire, les températures élevées m’aident à ressentir une plénitude qui me fait oublier mes défauts.


Gamin, mes parents m’ont en plus incité à jouer au foot dans un club. Un bon moyen, selon eux, de me faire rencontrer du monde. Cependant, j’ai dû en changer depuis deux ans, suite à une mésaventure aussi stupide qu’embarrassante que j’ai subie dans mon ancien club. Il faut bien admettre que c’est une mauvaise idée de stocker sur son téléphone des photos de jolis jeunes hommes à moitié dénudés ! Car même avec des adolescents de 15 ans, les préjugés sur les gays sont déjà fortement ancrés, surtout dans le milieu du foot…

J’ai bien sûr élaboré un subtil mensonge à destination de mes parents, tellement j’avais honte de cette histoire. En aucun cas je ne voulais leur révéler mon orientation sexuelle, et cela n’a pas changé depuis. Après quelques semaines plutôt délicates à composer entre l’incompréhension de mes parents et les remarques graveleuses de mes partenaires du foot, ça a été une vraie délivrance de pouvoir repartir sur de nouvelles bases dans mon nouveau club. Je me suis désormais contraint à être beaucoup plus prudent, et jusque-là, aucun incident n’a été à signaler.


Ce n’est pas pour autant que mes relations se portent mieux. Mes nouveaux coéquipiers ne me manquent de respect d’aucune manière - ils me félicitent même régulièrement pour mes performances - , mais je me sens exclu de la fameuse complicité qui règne entre mes partenaires. Toujours mon cruel manque de sociabilité…


Après réflexion, il me semble que j’ai été plus ou moins accepté dans le groupe lorsque j’y suis arrivé, notamment parce qu’à l’époque, ils n’avaient plus de gardien de but dans l’équipe, et si je dois bien me reconnaître une qualité, ça serait d’être plutôt efficace à ce poste.


Bien que j’aie toujours continué à jouer depuis ma plus tendre enfance sous l’impulsion de mon père, j’ai récemment fini par me rendre compte que la chose qui m’intéressait encore le plus dans cette équipe était de pouvoir mater mes coéquipiers dans les vestiaires. Comment ne pas repenser à Marvin, toujours occupé à y exhiber ses beaux abdos… De nombreuses heures passées à la salle de musculation n’y étaient sûrement pas étrangères. Je me remémore des yeux foncés, doux, des traits avenants, des cheveux châtains toujours soigneusement coiffés...

Comble de mon malheur, il a dû déménager, trop loin pour qu’il puisse continuer à jouer avec nous. C’est le premier mec qui m'a vraiment beaucou plu, et ça m’avait déchiré le cœur, même si je savais pertinemment qu’il n’y avait aucune chance de rapprochement possible…


Ayant encore sûrement trop remué ces interrogations, la perspective de reprendre une nouvelle saison avec mon club me paraît soudainement assez terne.

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