Chapitre 11

4 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Seynox Déblotek – Provocateur De Toute Violence [Frenchcore]


Que faire ? Que va-t-il penser de moi, s’il ne peut pas me faire confiance pour l’aider ? Je me sentirais atrocement coupable en le revoyant à l’entraînement le lundi ! Mais surtout, j’ai tellement envie de le voir, chez lui, dans son intimité ! Si je veux me laisser une chance qu’on devienne de bons amis, c’est absolument indispensable. Et attendre au moins une semaine supplémentaire m’est absolument inconcevable. Je ne peux pas rater cette occasion. Et puis, je ne suis plus un gamin, qui serait obligé de suivre sa famille partout ! Mes grands-parents sont tout à fait adorables, mais quelle idée d’habiter aussi loin…

Alors d’accord, ce serait éventuellement un argument valable, mais quelle explication donner ? Le fait que je doive donner des cours particuliers à quelqu’un que je connais depuis seulement une semaine et demie ? Absolument pas sûr que ce soit suffisant pour échapper à cette réunion de famille, à laquelle j’avais promis d’assister !


Une seule solution me vient à l’esprit, simuler une bonne vieille gastro. Il me suffira d’avancer qu’une grande partie du week-end aura lieu à table… et je pourrais aussi m’appuyer sur la douleur que représentent 4 heures de voiture dans cet état. Excellent, tout ça !


Et puis, avec la quantité de viande qu’on a déjà avalée ce soir, ça pourra même sembler presque logique. En rentrant chez nous, je prépare déjà le terrain en me plaignant d’avoir probablement trop mangé, et suis presque satisfait de la réponse désabusée de ma mère qui me lance :

— Il faut manger moins vite que ça, tu sais ! Et le vin n’a sûrement pas aidé.


À 5h30 le lendemain, comme il sait si bien le faire, mon père débarque dans nos chambres en trimbalant une enceinte beuglant du hard-rock des années 80. « C’est censé nous réveiller et nous mettre en forme », dixit le principal intéressé. Pour une fois, j’étais déjà réveillé, prêt à mettre mon plan en action, et fut donc plus amusé que surpris par la méthode de réveil paternelle.

Ce fut plus facile que je ne l’eus cru, d’autant plus que Nathan insista sur le fait qu’il n’avait pas envie de côtoyer un malade toute la journée. Je sais bien qu’entre nous, ça relève du chambrage, mais mes parents ont semblé plus le prendre au premier degré, ce qui les a définitivement convaincus, et m’a permis de me remettre au lit le temps qu’ils partent enfin.


Pour fêter ça, je lance mes morceaux préférés à fond, après avoir bien-sûr attendu le quart d’heure réglementaire, destiné à s’assurer qu’ils ne repasseront pas à la maison, ayant oublié des affaires. Je suis censé être chez Morgan à 10h, ce qui me laisse donc deux bonnes heures pour bosser sur mon exposé d’anglais.


J’apprends pendant mes recherches que certains scientifiques pensent que l’homosexualité possède entre autres une explication génétique, et qu’elle perdurerait au fil des générations car certains gènes pouvant être impliqués dans le développement de cette orientation sexuelle participeraient en même temps au renforcement de certaines propriétés physiques et intellectuelles. Des personnes hétérosexuelles possédant ces allèles récessifs seraient donc à même d’avoir plus de descendance possédant ces gènes. Ce n’est qu’une théorie parmi d’autres, mais ça me plairait bien d’expliquer à la classe que les gays sont 'plus forts' !


Je ne vois pas le temps passer, tant le sujet est riche en théories aussi variées qu’intéressantes. Il est déjà 8h30, et il faut que je prenne une douche – puis que je ne roule pas trop vite en vélo pour que ça ait servi à quelque chose ! –, et que je me prépare.

Enfin, après m’être arrangé au mieux pour essayer de ressembler à quelque chose, même si je sais que le casque de vélo va détruire les efforts que j’ai consentis quant à ma coiffure, je quitte la maison.


Je démarre pour les vingt kilomètres qui me séparent de Morgan avec enthousiasme, espérant que ce sentiment ne laissera pas place à un stress non maîtrisé. Il fait une température parfaite pour rouler, le vent souffle très faiblement, et les voitures sont peu nombreuses sur les routes. C’est incroyablement agréable d’enchaîner les kilomètres dans des conditions aussi favorables, avec un objectif aussi motivant ! J’ai l’impression de planer sur l’asphalte, fendant avec délicatesse la douceur du mois de septembre.


Cependant, après une petite demi-heure, je commence alors à distinguer des nuages peu avenants qui s’étendent de plus en plus rapidement, jusqu’à ce qu’un flash intense suivi d’une détonation monstrueuse fracasse la campagne environnante. Je sursaute et manque de chuter…

Le signal est clair, il faut accélérer sous peine de devoir passer à la pratique de l’aquabiking ! Je sens l’air environnant se charger en humidité et la très légère brise qui m’accompagnait s’estompe pour laisser place à un calme oppressant, me prévenant qu’il me reste moins de dix minutes avant le déluge.


J’arrive dans le village alors que les premières gouttes obèses viennent s’écraser sur le sol chaud. Que m’avait-il dit ? Rue du Temple, il me semble. Je trouve celle-ci alors que de puissantes rafales viennent me secouer. Je n’ai pas besoin de chercher le bon numéro, car je repère à une cinquantaine de mètres un mec magnifique qui me fait de grands signes de bras.


— Ah bah mec, t’étais pas loin de te faire démonter ! me dit-il lorsqu’après avoir rangé mon vélo, nous arrivons dans le salon, et que la seule chose que nous puissions encore distinguer à l’extérieur soient de larges bourrasques de pluie obscurcissant le paysage. Cette expression résonne forcément de manière particulière dans mes oreilles…


Il me tire alors de ma contemplation de l’orage :


— Bon, on se met au taf ?


— Ah oui bien-sûr, allons-y !


— Plus vite on aura fini, plus on aura de temps pour faire autre chose !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire lampertcity ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0