Chapitre 23

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Ecrit en écoutant notamment : Showtek – Rockchild [Hardstyle]



Les beaux yeux bleu marine de Morgan s’illuminent alors d’un coup. Cette fois-ci, je crois avoir deviné l’idée qu’il a eue, et un large sourire de ma part fait office d’assentiment.

D’accord, je sais, ça peut sembler malsain pour moi de faire semblant d’être en couple avec Morgan, mais j’estime que nos rapports sont maintenant suffisamment clairs pour éviter une confusion sentimentale malencontreuse, enfin je crois… Je sens qu’on va bien s’amuser à faire tourner mon cousin en bourrique ! J’espère juste qu’il ne va pas mal le prendre, il avait quand même déjà dû faire un petit effort quand je lui avais annoncé mon homosexualité, mais décidément, Morgan me donne envie de m’amuser... Il rayonne un enthousiasme bienveillant tout à fait délicieux.

Une petite demi-heure plus tard, la sonnette retentit dans la maison. Ma mère se précipite pour aller ouvrir, alors qu’avec Morgan, comme nous étions tranquillement installés sur mon lit à peaufiner notre blague, nous nous dirigeons d’un pas nonchalant vers l’escalier pour descendre. Heureusement que mon frère nous abandonne à nouveau ce soir, ça facilitera le déroulement de notre plan !

Nous allons accueillir Alexis et sa sœur Mia, et je fais les présentations d’usage, avant que nous nous installions tous au salon pour prendre l’apéritif.
Morgan et moi nous asseyons côte à côte sur le canapé avec une proximité peu conventionnelle, en face du siège dans lequel s’est affalé mon cousin, visiblement fatigué par sa semaine.

La discussion s’anime entre mes parents, ceux de Morgan, et ceux d’Alexis. Ils commencent naturellement par parler de leur boulot respectif, et heureusement, en bon diplomate, le père d’Alexis ne fait aucun commentaire sur l’épisode fâcheux des heures de colle qu'il m'a infligées suite à une altercation provoquée par la jalousie imaginaire quant à une non moins hypothétique copine que j’aurais piquée à Alexandre.

Les débats s’orientent ensuite sur la politique du gouvernement actuel, et provoquent quelques joyeuses enflammades où chacun tente de gueuler plus fort que ses voisins. La palme revient à ma cousine Mia, qui surclasse ses adversaires quatre fois plus âgés aussi bien grâce à sa voix perçante que par ses arguments d’une justesse remarquable pour une enfant de 12 ans.

Avec mes deux acolytes, nous en profitons pour aller chercher à la cave les bouteilles qui accompagneront le repas, mais surtout pour mettre le plan concocté avec Morgan à exécution. Il m’entraîne rapidement en avant, laissant Alexis derrière nous, et me tripote ostensiblement les fesses, sachant pertinemment que nous sommes en plein milieu du champ de vision d’Alexis. Une fois arrivés en bas de l'escalier de la cave, comme espéré, ce dernier demande d’un air gêné, les mains croisées derrière le dos :

— Euh, vous êtes ensemble, tous les deux ?

Morgan lui répond d’un air remarquablement détaché :

— Ah, oui, oui, ça se voit tant que ça ?

— Bah, pour moi, caresser les fesses de son mec, je veux dire, il y a plus discret !

— D’ailleurs, j’espère que vous repartez chez vous ce soir, dis à tes parents de boire avec modération, parce qu’avec Michaël, ça va être une nuit d’enfer, on ne voudrait pas te réveiller si t'es dans la chambre d'à côté. Hein, pas vrai, mon petit coquin ?

Je rougis, mais m’efforce de garder une certaine contenance pour ne pas tout de suite révéler notre petit jeu, et acquiesce en en rajoutant une couche, me moquant à mon tour gentiment de mon footballeur préféré :

— Ah ouais, c’est que Morgan, il a tendance à pas être hyper discret quand on… que je le… quand il se fait… Bah… Tu vois bien !

— Euh ouais, j’ai un peu de mal à imaginer la chose…, dit-il d’un air on ne peut plus embarrassé, on n’était pas descendus chercher une bouteille de blanc par hasard ? Ils vont finir par se demander ce qu’on fabrique en bas…

Morgan ne tient pas compte de cette dernière remarque et renchérit en caressant le bras de mon cousin :

— Tu sais que t’es mignon, toi aussi, ça me donne envie !

Le pauvre ne sait plus où se mettre et n’ose rien dire de crainte de paraître intolérant, tentant seulement de bafouiller un « Heu… non merci… je ne suis pas… trop intéressé… » .

Cette fois-ci, je ne peux pas m’empêcher d’éclater de rire devant son embarras manifeste, et lui claque virilement l’omoplate :

— C’est bon, arrête de te faire des soucis, on se moquait de toi, Morgan n’est pas gay, et on n’est pas ensemble - même si ce n'est pas l'envie qui manque... - . D’ailleurs, tu ne m’as pas dit si t’avais une copine en ce moment, toi, dis-je en tournant la tête vers l’intéressé, qui se tord compulsivement de rire, et répond entre deux hoquets :

— Ah non, non, pas en ce moment, mais qu’est-ce que t’as bien marché Alexis, un pur régal ! On part en randonnée quand tu veux!

Alexis me chuchote, tout juste rassuré mais soupirant de n’avoir rien vu venir:

— Dis, il est toujours comme ça, lui ?

— Euh ouais, c’est le genre de trucs qui l’amuse beaucoup ! Et pour une fois que je n’en suis pas la cible, c’est absolument jouissif ! Par contre Morgan, là, t’as un peu abusé, regarde-moi ce pauvre gars désemparé !

Nous remontons avec le pinot blanc d’Alsace, Morgan se remettant difficilement de son fou rire. La soirée se poursuit dans une agréable convivialité jusqu’à tard dans la soirée, et je me lève difficilement vers midi le lendemain, n’ayant plus le cœur à quelconque ouvrage.



Ce week-end a été bien sympathique, mais du coup, finalement, je n’ai pas eu beaucoup le temps de réfléchir au message d’Alexandre – auquel je n’ai pas répondu pour l’instant –, et j’arrive donc au lycée le lundi matin avec une légère appréhension. Morgan m’a conseillé de tenter ma chance, mais je vais quand même procéder prudemment, étant donné que je ne suis pas complètement sûr des intentions d’Alexandre. Pourtant, je dois dire que le simple fait de l’apercevoir, et de savoir qu’il est intéressé, me donne d’ores et déjà envie de brûler quelques étapes...

Pendant les cours de la journée, je prends un malin plaisir à l’observer discrètement en me régalant de la vue de son beau torse à peine couvert par un t-shirt agréablement moulant. Je surprends quelques regards fuyants de sa part dans ma direction. Il a l’air terriblement gêné et peu sûr de lui, se demandant sûrement si j’ai lu son message. J’hésite de plus en plus à aller vers lui, mais finalement, je me résous à le laisser mariner encore un ou deux jours, pour bien lui faire comprendre que je ne lui pardonne pas tout de suite.



Le mardi midi, avec Lilian, nous sortons en ville pour déjeuner. Une fois installés sur les berges de l’Ill, notre sandwich à la main, il me demande, préoccupé :

— Mais qu’est-ce que vous avez à vous regarder comme ça tout le temps, avec Alexandre ?

Ne voulant pas l’entendre râler, je lui réponds vaguement :

— Ouais, ouais, j’ai remarqué ça, je ne comprends pas trop…

— Moi, je te dis qu’il te prépare un coup bas, je me méfierais !

Je lui confirme que je serai bien sur mes gardes, ce qui ne sera pas trop difficile, vu que je passe mon temps à l’examiner…

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