Chapitre 34

4 minutes de lecture

Ecrit en écoutant notamment : Dr. Peacock – Naarayanaa [Frenchcore]


Je vais ensuite rejoindre Lilian après cette explication assez tendue, mais à l'issue finalement assez positive. Ce dernier me questionne d’un ton suspicieux:

— Pourquoi est-ce que j’ai l’impression que tu traînes de plus en plus souvent avant de sortir ?

A ce moment, il voit Alexandre franchir la porte par laquelle j’étais sorti quinze secondes avant, et se met aussitôt à fulminer :

— Non mais je rêve ! Ne me dis pas que t’étais avec lui ? Attends, je vais aller lui toucher deux mots. Les mecs de sa clique n’ont rien à faire avec nous !

Alors que j’aurais pu prétexter une simple coïncidence, je l’arrête dans son élan en le tirant par le bras:

— Il n’y a aucun problème, la situation est entièrement sous contrôle !

— La situation ? Quelle situation ?

— Euh… quelque chose… mais il n’y a vraiment plus aucune raison de s’inquiéter, je t’assure !

— Arrêtes, tu sais pertinemment que je déteste quand tu me caches des trucs. Là, maintenant, ça me rend nerveux !

Sachant que si je ne lui réponds pas franchement, il va me faire la gueule pendant une semaine, je consens à fournir une partie de la vérité:

— On vient de se « quitter », voilà, t’es content ?

— QUOI ?! Mais attends, ça suppose que vous étiez ensemble ! Attends, c’est quoi le délire ? Il est gay, lui aussi ??

— Euh non, pas vraiment, enfin je veux dire, je ne suis pas sûr…

Il me fixe avec une telle gravité que mes baskets semblent s’ancrer dans le béton de la cour :

— Alors là, il va falloir arrêter de me prendre pour un blaireau ! M. Hincker, je vous somme de me dire la vérité !

Déstabilisé par la colère bienveillante qu’il dégage, je bafouille quelques explications sommaires:

— Euh non… ce n’est pas ce que je voulais dire, je crois juste qu’il a quelques problèmes avec son orientation sexuelle, et je suppose qu’il voulait tester avec moi…

— Mais il n’aurait pas pu choisir quelqu’un d’autre, pour essayer, ce crétin ?

— Bah, je ne sais pas, moi en tout cas, je ne connais pas trop d’autres gays dans le lycée…

Il se radoucit enfin :

— Ok, moi non plus. Je vois, il a bien profité de la situation. Mais ce que je n’arrive toujours pas à saisir, c’est comment toi, t’as bien pu tomber de quelque manière sous son charme…

— C’est-à-dire que… c’est compliqué, mais…

— Ok, pas besoin d’aller plus loin, je crois que j’ai bien compris. T’es un peu bizarre, tu sais, on ne dirait pas en te voyant… finit-il en souriant.

Et forcément, il me demande avec un sourire en coin à moitié pervers :

— Et, est-ce que vous avez eu le temps de…

— Si c’est pour savoir si on a baisé, la réponse est non. Pff… vraiment, je ne te cache rien… je t’en pose, moi, des questions pareilles ? Ah non, c’est vrai, j’oublie que c’est ton kiff de me raconter tes exploits avec ta copine… terminé-je, faussement désespéré.

Lorsque nous remontons vers la salle de SVT, il s’amuse à me faire la morale :

— Je te l’avais bien dit, qu’il était louche ! Après, de là à imaginer ce scénario, j’avoue que t’as fait très fort !

*

**

En fin d’après-midi, nous quittons le lycée avec la motivation de savoir qu’il ne reste plus qu’une semaine de cours avant les vacances de la Toussaint. Deux semaines de vacances pour six de cours, on est quand même de sacrés branleurs… Je n’avais absolument rien prévu de particulier pour ces 15 jours, mais maintenant, le programme semble tout tracé !

Mon frère Nathan rentre lui d’excellente humeur, sûrement une soirée en perspective demain soir... Ma mère profite d’un moment de creux au cours du repas du soir – un excellent émincé de poulet, soit dit en passant, dont mon père tient le secret, et que nous savourions depuis de longues minutes dans un silence religieux – pour prendre la parole :

— Alors les garçons, vous savez que ce sont les vacances scolaires le week-end prochain, et avec votre père, nous avons réservé un petit gîte charmant pour samedi et dimanche à Schaffhausen en Suisse près des fameuses chutes du Rhin, qui, pour votre culture générale, font la renommée de la ville.

Dès que ces paroles furent prononcées, une guerre d’intimidation s’est déclarée entre Nathan et moi, chacun espérant avoir la maison pour lui tout seul samedi soir en virant son frère d’une quelconque manière.

Il faut dire que pendant que mes parents admirent leurs chutes du Rhin, ça me ferait plaisir de découvrir la chute de reins de mon amoureux ! Mais mon frère semble tout aussi décidé que moi à ne pas céder, lui ayant déjà sûrement sa liste d’invités prête pour une petite sauterie chez nous.

Ma mère, qui a l’air d’avoir compris dans les grandes lignes l’enjeu de nos regards durs dignes de deux agents du KGB, ajoute en souriant :

— On part aussi avec ma sœur et son mari, donc ils déposeront aux passage Alexis et Mia pour le week-end. Vous trouverez bien des occupations, j’imagine ? Par contre, je refuse catégoriquement de découvrir que les flics ont débarqué à 4 heures du matin parce que vous avez mis la musique à fond. Je ne vais pas terminer le laïus habituel, vous le connaissez, conclut-elle fermement tandis que mon père hoche la tête en signe d’approbation.

Je lis la déception dans les yeux de Nathan et suis moi-même assez frustré, car je ne pourrai pas profiter de ce week-end de début des vacances pour voir Morgan. Mais après tout, deux jours avec les cousins, ça ne peut être que sympathique, j’aurai le reste de la semaine et des vacances pour le voir ! Et si vraiment je ne peux pas me passer de lui, je peux toujours éventuellement le faire venir à la maison en tant qu’ami ; mes cousins le connaissent déjà, donc ça passera facilement.

Tradition oblige, nous nous installons ensuite au salon avec Nathan et mon père pour regarder le match de foot de notre équipe favorite. C’est toujours un moment très convivial où nous sortons écharpes et maillots de Strasbourg, poussons des hurlements bestiaux à chaque action, et maudissons l’arbitre de tous les noms lorsqu’il prend une décision désavantageant notre équipe, peu importe qu’elle soit justifiée ou non ; toujours dans la bonne humeur, bien-sûr !

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire lampertcity ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0