Rêve 22-23 décembre 2016 : Virée en jet-pack

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Debout, j’ouvre les yeux. Je sens mes pieds collés au bitume de la route, il fait nuit.
Je porte quelque chose de lourd dans mon dos, je sais que ce n’est pas un sac. Mes sens s’éveillent et je remarque que je tiens fermement en main deux tiges de métal recouvertes de cuir, des manettes.
Il fait froid. Le contact glacial du fer filtre à travers le tissu et engourdit mes mains.
Sans savoir pourquoi, je tire sur les manettes et le poids que je porte sur moi s’anime, se met à trembler et fait vibrer tout mon être. Le boitier métallique gronde dans mon dos.
Le vent qui se lève autour de moi se répercute en écho contre les arbres de la forêt qui m’entourent. Dans un frisson indescriptible, je sens à présent une force me pousser vers le haut, mes pieds finissent par se détacher du sol et je prends conscience que mon corps tout entier flotte au dessus du vide, que je vole.
Actionnant de nouveau les manettes, j’étudie les mouvements et réactions de la machine.
En peu de temps, j’en comprends l’essentiel et me sens progressivement capable de me déplacer librement. J’avance de plus en plus vite en survolant la route, toujours encadrée par ces grands arbres et ombres dansantes de la forêt.

Au fur et à mesure que je progresse, j’aperçois de plus en plus de voitures, filant dans mon sens et dans celui de la voie opposée.
Maintenant les manettes inclinées au maximum, je constate que l’engin derrière moi gagne peu à peu en puissance, libérant toujours plus de cette énergie qui me propulse vers l’avant.
Autour de moi, tout commence à se troubler avec la vitesse. Je ne différencie bientôt plus les couleurs des différentes carrosseries qui m’entourent, ces vrombissements de moteurs, l’écho lointain de leur klaxonnes. Cet ensemble multicolore fini par se mélanger d’une façon presque irréelle.
Malgré cela, je contrôle encore chacun de mes mouvements. J’en viens même à me demander si ce n’est pas le monde dans lequel j'évolue qui n’arrive pas à suivre le rythme que j’impose. J’éprouve à cet instant un immense sentiment de puissance et de liberté, comme si plus aucune entrave physique n’était en mesure de m’atteindre.

Devant moi, j’aperçois les voitures s’engouffrer dans un tunnel qui fini par m’avaler avec elles. Gardant mes distances avec la paroi toute proche de la voûte qui me surplombe, je vole à présent très vite et au plus près du ballet incessant des voitures. L’éclat des phares se répercute sur les parois où apparaissent de grandes et terrifiantes ombres.
Brusquement, le tunnel prend fin et la route entame une pente très forte dans la vallée qui s’étend devant moi. L’air frais de la nuit me fouette le visage. Les voitures qui m’accompagnaient jusqu’ici perdent peu à peu l’équilibre et décollent légèrement du sol, tellement la route est abrupte. J’entends des coffres et portières s’ouvrir et se rabattre dans une cacophonie infernale.

Entrainé dans la descente, je sens ma tête qui commence à tourner. Les lumières autour de moi sont plus vives et intenses que jamais. A tel point qu’elles m’aveuglent. Je ferme les yeux pour la première fois.
La seconde d’après, un crissement suraigu me déchire le tympan. Le flash blanc qui l’accompagne fini par me couper progressivement de la réalité. Tout s’effondre et disparait.

Quand j’ouvre de nouveau les yeux, je ne reconnais pas le nouveau décor qui m’entoure. Je me trouve cette fois ci à survoler un terrain complétement à découvert et ocre, en plein jour. Les voitures de la route sont toujours là mais je vole tellement haut au dessus que le tonnerre des moteurs et pots d’échappement peine à m’atteindre.
Zigzagant dans l’espace exiguë qui correspond à la largeur de la voie que je surplombe, je prends conscience que je ne m’en suis jamais écarté. Comme si je n’en avais finalement jamais ressenti le désir auparavant. J’ai l’intense conviction que rien au delà de cette barrière ne m’attends pour l’instant. Quelque part, je le regrette.

Le temps n’a pas d’emprise ici, j’ignore depuis combien de minutes, d’heures ou même de jours je vole.
Sur ces obscures pensées, mes articulations s’engourdissent une seconde fois. Mes sens s’embrouillent, vacillent et finissent par sombrer pour de bon dans les ténèbres. Tout s’effondre et disparait.

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