M'entends-tu ?
Je ne suis pas croyante, loins de là. Pourtant, chaque jour je prie. Pour qui ? Pour quoi ? Pour ce qu’ils appellent une divinité. Mais je n’en crois pas un mot. Non, simplement, c’est resté.
Depuis toujours, on m’a vu comme un individu cloné par mes proches. Comme un simple miroir de mes parents. Alors, je fais ce qu’on me dit. Et quand ils me disent “prie”, je le fais. Parce que je l’ai toujours fait, j’ai toujours écouté, analysé puis reproduis ce qu’on me demandait de faire.
Mon silence est une vertu pour eux. Ils croient tous que je ne vaut que ça. Mais pourrais-je seulement les contredire ? Si j’étais à part, je ne me laisserais pas influencer d’une manière aussi stupide, à suivre ce que disent papa, maman. Non, je n’ai aucune identité, ça fait longtemps que je l’ai compris.
Ils vous diront que ce n’est jamais trop tard pour changer. Ces gens sont des rêveurs. Spoiler : ce n’est pas mon cas. Je suis réaliste, même si ça implique du pessimisme. C’est leur problème s'ils s’évertuent à espérer quelque chose d’impossible.
J'interdis à quiconque de dire que je me laisse porter par ce qu’ils appellent la “flemme”. Je me contente de la vérité si dure soit-elle. Je ne suis pas de ceux qui vont croire à un avenir ou une alternative impossible.
Alors, je prie. Parce que c’est tout ce qu’il y a à faire. Et, même si je ne crois en rien - et encore moins en leur Dieu -, j’ai le futile espoir de me dire que mes souhaits et mes pensées sont entendus. Je ne crois pas, j’espère. Et ça ne fait pas de moi une rêveuse. Je me qualifierais plutôt de personne désespérée, c’est différent.
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