Chap XIII

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Journal de Clarence

Local poubelle du repère Normand, un samedi soir

Salut vieille branche.

Fin du service, je suis vannée. Vivement le retour de l’été, ça paye mieux que maintenant. Je veux dormir, mais l’appart est à éviter si je ne veux pas déprimer.

Ah, j’ai oublié de te dire, pas beaucoup le temps d’écrire en ce moment. J’ai eu une relation. Yeeeeeeah !........

Tu sais, ce bar à lesbiennes que j’avais dégoté. Sans y avoir été retenue, j’y suis retournée une fois ou deux (9x pour être précise). Il y avait cette rousse... Mince ! Tu l’aurais vu, elle était à tomber ! L’alcool aidant, on s’est rapprochées, beaucoup même. Sa façon de m’embrasser, de me mordiller la lèvre inférieure, un régal. J’ai réussi à squatter son appartement, ça m’a économisé quelques douches, mais j’ai aidé aux courses ! Je suis pas radine non plus. Juste, économe.

Une belle histoire qui a tenu deux semaines, parmi les plus belles de ma vie. Pas de pression, ma vie à moi que je gérais sans personne pour me juger, avec en prime une beauté au bras.

Puis, tout a dérapé, à cause de moi.

Elle voulait tellement découvrir mon chez-moi. Je veux voir ta façon de vivre ! J’ai fini par céder, on s’est rendu à mon vieil immeuble un peu moisi, et sur le pas de la porte… maman. J’aurais dû me douter qu’ils n’allaient pas me laisser m’échapper aussi facilement.

Nous voir arriver, main dans la main, ça l’a mise hors d’elle. Comme d’hab.

Elle m’a prise pour une gamine, une inconsciente qui fait sa fugue, elle a exigé que je rentre à la maison et que je revienne sur le droit chemin. Quant à Mathilde… Elle s’est fait insulter, menacée. Maman lui a carrément craché au visage. Elle a pris la fuite, je ne peux lui en vouloir.

Maman a essayé de me prendre par le bras, je me suis reculée, elle m’a griffé. On a commencé à hurler toutes les deux. Le même disque rayé depuis deux ans. A l’écouter, je suis malade, MALADE ! J’en pleure rien qu’à te le confier.

Elle me dégoûte.

Le pire, c’est que papa et elle sont capables de me faire kidnapper par leurs amis de la paroisse. Je te jure, c’est honnêtement une situation que j’envisage.

Ça s’est fini sur moi lui claquant la porte au nez. J’étais tellement en rage que j’ai manqué d’avoir un malaise.

Évidemment, Mathilde n’a plus voulu m’approcher. Elle m’a bloqué par téléphone et sur les réseaux sociaux. J’ai essayé d’aller m’excuser au bar, mais l’histoire avait fait le tour des groupes. Après les meilleurs jours de ma vie, j’ai vécu le pire. J’ai passé la porte, toutes les têtes se sont tournées vers moi, les conversations se sont tues. Sur leurs regards, j’ai lu toutes les émotions. Colère, gêne, choc, incompréhension, pitié. Mathilde était au bar, c’était la seule à me tourner le dos.

Je me suis enfuie.

...

Sois fort.

C.

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