ENTRE OMBRES ET LUMIERES

Hésitantes, les lumières naissent aux lampes des réverbères

Et remplacent peu à peu celle rougeoyante d'un soleil fatigué.

La mer presque étale propose une douce mesure aux chuintements espacés.

Sur la promenade, deux silhouettes ondulent comme posées sur une ligne de fuite.

J'entends, diminuant sous leur pas, ce sable qui crisse et égrène le temps qui passe.

Depuis un banc de pierre, j'observe anonyme et presque transparent,

Tout ce qu'il se passe autour de moi profitant de l'éphémère,

À cette heure estivale où l'on vient profiter d'un air plus frais.

Sur mes cuisses s'endort l'un de mes livres de poésie préféré

Encore agité que je suis à la lecture des maux dont il m'a soulagé.

Je pense encore à toi, aux longues promenades que nous faisions

Et la brise du soir me murmure de ses caresses délicates,

Combien il serait vain et illusoire de s'attacher aux relents du passé.

Sur l'horizon scintillent les lueurs de villes aux charmes balnéaires

Comme un collier de perles allongé dans son écrin de velours noir.

Doucement la nuit s'avance et le faisceau des phares de la côte entre en scène.

Les ombres s'étirent et se déforment aux aléas des pas abandonnés sur le sable.

Une larme roule et se glisse sur ma joue révélant à mes lèvres le sel des embruns.

Une famille de gravelots répète une savante chorégraphie au bord de l'océan.

J'aimerais comme eux avoir cette douce insouciance et cette joyeuse légèreté.

Je peine à me détacher de mon assise encore tiède, de la magie de l'instant,

De ce temps suspendu où tout à l'intérieur me bouleverse.

Il faudra dès ce soir, à la pleine lune, que je reprenne la plume

Et poursuive avec mon journal, nos belles et longues conversations,

À la douce lumière de ma bougie, comme souvent, éplorée.

=O=

#JMP 2025/03