Samedi Écriture 18 Juillet 2020 Vous avez la capacité de voyager dans des mondes parallèles
Samedi Écriture 18 Juillet 2020
Vous avez la capacité de voyager dans des mondes parallèles
Quiblbibliblbi Quibliblbibi
L’alarme résonne dans les couloirs du QG. Si l’espace n’était pas vide le son strident et étrangement harmonieux de cette alarme se propagerait sur des années lumières. Une alarme sonnant un peu comme un son Disco, BeeGees peut être ? Mandarine, grande même sans ses talons, cheveux roux, visage fin et décoré de quelques tâches de rousseur, s’approche du poste de contrôle. Elle s’approche en dansant au rythme de l’alarme. Il y a des années, à son arrivé au QG de la surveillance dimensionnelle elle ne pouvait pas supporter le bruit de cette alarme, tant pas le son que par ce qu’elle représentait : un danger pour le multidim. Mais des années d’exercices lui ont appris que le danger n’est jamais aussi grave que ce qu’il laisse penser, et qu’il valait mieux apprendre à aimer cette alarme. Ainsi, Mandarine s’approche en dansant au rythme des BeeGees « stayin alive, ahahaahaha, quibliblbibli qubliblbii ». Mandarine chante mal, mais elle s’en fiche. Son sourire irradie la joie de vivre. L’alarme la met même en joie aujourd’hui, un peu d’action. Si cette alarme sonne si fort et si longtemps c’est que ce n’est pas une fausse alerte. Trop souvent elle a du se lancer dans des missions pour sauver des enfants de leur mauvais rêves (ou bons parfois) qui les emmenaient dans d’autres dimensions et d’où ils n’arrivaient pas à se réveiller. Trop souvent encore elle avait du plonger dans les dimensions étranges dans lesquelles s’étaient absorbés des consommateurs d’hallucinogènes. Il fallait à tout prix faire revenir les esprits dans leurs dimensions propres. Sans quoi les dimensions se rapprochaient trop, s’emmêlaient, et des catastrophes pouvaient arriver. Comme des galaxies qui s’entremêlent… C’était déjà arrivé, une fois pendant les années de service de Mandarine. Imaginez un peu deux mondes qui se télescopent… Non, n’imaginez pas ! Ou en tout cas pas trop fort et pas trop longtemps. Vous risqueriez de créer une autre dimension. Ca arrive aussi, souvent, mais autant éviter.
Comme un enfant qui déballe son cadeau, Mandarine lit le rapport sur l’écran holographique.
Un plongeur, comme prévu, l’alarme n’avait pas sonné en vain.
Un plongeur s’est quand quelqu’un s’immerge, intentionnellement ou non, dans une autre dimension. Comme lorsque vous lisez un livre, regardez un film, jouez à un jeu vidéo prenant, contemplez une peinture, une statue, ou encore quand vous rêvez. Le problème c’est quand le plongeons dure trop longtemps comme chez certains consommateurs d’hallucinogènes, ou certains patients atteints de coma. Mandarine avait su en sauver quelques-uns mais ce n’est jamais facile. Mais le plus compliqué c’est quand le plongeons dépasse un niveau de 3 Abymes. Et encore 3 abymes ça passe : vous jouez à Skyrim par exemple, vous y lisez un livre, celui sur la femme de chambre argonnienne tiens, on est à deux abymes. Si dans ce livre la femme de chambre parle d’un de ses rêves, et que vous vous immergez parce qu’elle décrit bien les choses, vous arrivez à 3 abymes. En général un plongeon de 3 abymes ne dure pas trop longtemps. Mais s’il dure… Bonjour le boulot : Un officier du QG de surveillance dimensionnel est dépêché sur la dimension d’origine, doit trouver une entrée vers la deuxième et ensuite vers la troisième… Il y a parfois des nœuds qui se créent en plus… Le pire ce sont les hallucinogènes, trouver la porte d’entrée s’avère difficile…
Au-dessus de 6 abymes, le plongeon n’est plus accidentel, c’est volontaire, quelqu’un cherche à naviguer dans le multidim, à des fins souvent dangereuses.
C’est le cas aujourd’hui, et cela met du peps et de l’énergie dans le déhanché de Mandarine.
6 Abymes, ça va être un sacré voyage.
Elle ne croyait pas si bien dire !
L’alarme ne s’arrête pas, elle s’amplifie, le rythme devient plus claire encore. Le plongeur est passé à 8 abymes ! Deux d’un coup.
Mandarine perds un peu son sourire et son envie de danser, mais pas son envie d’en démordre. Un petit malin qui croit pouvoir passer sous les radars ? Les vagues produites par les voyages dimensionnels sont comme des tsunami, les détecteurs du QG ne peuvent pas les louper !
Mandarine observe depuis le poste de contrôle, sur son écran, le voyage du plongeur. Il cherche à établir un record ou quoi ?
Mission spéciale, elle peut emprunter un véhicule dimensionnel qui la mènera directement sur la dernière dimension visitée par le plongeur. C’est un peu dangereux et hasardeux mais aux grands mots, les grands remèdes.
Mandarine saute dans sa combinaison, un genre de combi d’astronaute mais à l’épreuve de tous les éléments, une merveille de technologie !
Quel est le but de ce plongeur se demande-t-elle ? Modifier le cours des réalités ? Ca s’est déjà vu, trouver une dimension proche de la sienne, un peu dans le passé (grâce à un vieux film ou une photo d’époque souvent), changer un événement, et réussir à y rester sans revenir dans sa dimension originale. Certains plongeurs sont de vrais artistes !
Arrivée sur place, Mandarine jette un œil à sa minicarte, dans le coin droit de son champ de vision. Implantée directement dans le cerveau la Puce peut agir sur tous les sens, bien plus pratique qu’un appareil physique sur lequel il faudrait actionner des boutons, taper sur l’écran ou encore tenter de lui parler. Ici, la pensée suffit. D’ailleurs Mandarine pense : affiche-moi en superposition le chemin à suivre pour le retrouver.
Les radars du QG se centrent maintenant sur les vagues émises par le plongeur, en ce concentrant ainsi elles peuvent le suivre plus facilement.
Ici alors ! Elle se trouve dans un salon, 1990, la télévision est en route : un dessin animé. Mandarine examine : Toy Story. Elle regarde bien l’écran et dans un coin d’un pot de fleur près d’un escalier elle le voit, le plongeur. Un homme banal, taille moyenne, brun, pas de lunette, habillé d’un jean et d’un t-shirt noir. Pas le profil d’un rêveur perdu, pas celui non plus d’un dangereux criminel.
Mandarine fixe l’écran quelques secondes, et soudainement en un clin d’œil elle se retrouve dans le dessin animé. La course poursuite commence, elle dure, s’éternise. C’est finalement une fois arrivé au pizza planet que Mandarine retrouve le plongeur. Avant qu’elle ait pu lui mettre la main dessus, il sauta dans une autre dimension : à la tv du pizzaplanet se déroulait un match de basketball.
Mandarine soupire, le sport ce n’est pas son truc, plonger ne sera pas facile, il va prendre de l’avance. Elle se concentre sur l’écran, s’imprègne de l’esprit du sport, mais rien, elle continue de se concentrer et quand elle sent que ça vient, l’arbitre siffle et coupure pub.
Mandarine donne un coup de pied dans une borne d’arcade. Elle consulte une carte des mulitdim, elle peut le suivre à la trace mais c’est moins précis et ça utilise beaucoup de ressources des radars, quelqu’un pourrait profiter pour jouer un tour ni vu ni connu.
Alors, dimension KL7812. Elle appuie rageusement sur un bouton de sa combinaison. Une seconde après, la voilà dans un musée d’art contemporain expérimental. Cauchemars, grogne Mandarine. S’il plonge dans une peinture abstraite bon courage pour le retrouver… Elle avait déjà du s’y coller, pendant sa première semaine, un peu un genre de cadeau de bienvenu… Elle avait mis 3 jours à trouver une sortie.
Le voilà ! Devant un écran représentant des corps nu, de la danse. Elle s’approche, doucement d’abord telle une lionne à la chasse, puis estimant être assez proche et voyant le visage de l’homme se détendre (signe d’une téléportation dimensionnelle proche) elle se jeta sur lui ! Mais trop tard. En touchant son tshirt il disparut entre ses doigts. Mais Mandarine senti son corps léviter. Mince, piégée entre deux dimensions ?? Une mort lente : quelques milliards d’années d’un ennui mortel.
Mais elle se concentre sur ce qu’elle a vu sur l’écran, ce devait être un genre de reportage Arte sur la danse contemporaine, des gens presques nu, avec des béquilles partout sur le corps. Oui, elle connaissait cette vidéo, tout le monde l’avait vu au QG, intemporelle et multi dimensionnelle. Elle se concentre, ferme les yeux, forts. Puis elle les rouvre doucement, ouf ! Elle est dans cette salle de spectacle étrange, mais quelquechose cloche, les acteurs sont tous nu désormais.
Ou est le plongeur ? Mandarine scrute les acteurs nus, elle en reconnait un qui se fond dans le décor.
Il la remarque, pour donner le change il se prends pour un acteur danseur lui aussi. Comment trouver ce qui est vrai ou faux ici, dans cette dimension de fou, pense Mandarine ?
Les danseurs commencent à se déhancher et, ho non. Mandarine ne peut s’empêcher de regarder, l’esprit confus entre l’hilarité et l’horreur, elle rit, son cerveau ne sait pas comment interpréter ce qu’il voit. Comme si ces hommes étaient devenus éléphants, leur trompe tournoyait.
La combinaison senti les signaux cérébraux confus de Mandarine et tenta de la sauver, la ramener vers une dimension stable. La combinaison capta dans le cerveau de Mandarine l’image d’un éléphant et le bruit d’un hélicoptère. Mandarine se trouva quelques secondes plus tard à bord d’un hélicoptère survolant la savane.
Et merde, encore perdu. Satané plongeur.
Quiiblbiblb Quibliblbibi. L’alarme sonne dans le casque de Mandarine. Elle est rappelée d’urgence au QG. Elle devra affronter son échec, ce sont des choses qui arrivent, mais elle n’aime pas ça ! Elle le coincera !
Mandarine !
C’est Fernando qui l’appelle.
Il lui montre l’écran : l’ordinateur a analysé la trajectoire du plongeur, qui ne doit rien au hasard finalement. Il semble descendre (ou remonter, c’est selon, qui sait : ou débute une boucle ?) le plus possible.
Oh non, encore un timbré du ciboulot ?
Faut croire… Faut croire.
Nombreux sont ceux qui dans le passé, lors des temps sombres et religieux, avaient tenté de trouver la dimension originelle, à la rencontre de Dieu. Peu ont su aller si loin, aucun ne l’a rencontré. Au QG, le sentiment envers dieu est qu’il n’existe pas, ou plus. Et pour ce qui est de la dimension originelle, on pense que c’est une sacrée connerie, l’univers est comme ça, un point c’est tout, pourquoi se casser la tête avec la métadim ou la métaphy ?
L’écran s’affole !
Il a accéléré son plongeon, il passe à 70 abymes à la minute ! Comment fait-il ?! Un athlète cérébral à n’en pas douter !
Il continue encore quelques minutes, impossible de le suivre à ce rythme. Mais à cette vitesse il ne reste pas assez longtemps dans les dimensions pour y causer des dégâts. Dans la salle de contrôle Mandarine et Fernand contemplent l’écran qui les informe du niveau d’abymes du plongeur. Inutile de le suivre, juste le surveiller et le cueillir quand il aura fini de jouer.
Ce ne fut que 72h plus tard que l’alarme les informa qu’il avait fini de jouer.
Mandarine n’en croyait pas ses yeux, il avait atteint un niveau abyssal d’abymes ! Et maintenant qu’il en avait assez, il remontait, à une vitesse fulgurante ! Les dimensions ne devait être que des éclairs pour lui.
Mandarine comprit : comme un arc, il avait tiré la corde le plus loin possible, et une fois la corde lâchée, il était la flèche, ainsi il pouvait remonter, atteindre sa dimension originelle et remonter encore plus loin que ce qu’il n’avait descendu.
La vitesse de l’ascension était du jamais vu ! Si une dimension originelle existait il serait le seul à pouvoir l’atteindre. L’écran affichait les numéros des dimensions et bientôt il arriva à un nombre à trois chiffres, puis deux, puis… des chiffres théoriquement inaccessibles : dimension numéro 5, 4, 3…
Dimension 2, les radars du QG émettaient une radiation étrange, l’écran se stabilisa enfin. Le plongeur avait atteint un stade où il n’existait que 2 dimensions, au revoir la 3d. Mandarine le comprit, c’était une sensation étrange, comme se réveiller d’une sieste, lorsqu’on se demande si l’univers existe ou si on l’a simplement rêvé.
Puis les radars émirent un bruit, bien loin de la disco précédente, plutôt, un battement régulier, pas de changement de rythme. La dimension 1.
Mandarine n’existe plus en 2D, quelque chose que nous ne pouvons pas nous représenter. Elle pense simplement : l’enfoiré de plongeur, il détruit tout le multidim et on n’a rien pu faire ! L’enfoiré, il va rencontrer dieu s’il existe, la dimension 0riginelle.
La lumière clignote, le son également, le multivers et le multidim se plient, se contractent, comme une palais fait en origami qui serait déplié, aplati, froissé en une boule de papier.
Toute l’existence prit fin. Le plongeur avait atteint la dimension 0riginelle. S’il n’y avait pas de dieu, il avait sa place maintenant.
Un « son » se fit entendre dans toutes les dimensions : un son, un sentiment, une idée, un concept : Dieu existe, je suis dieu, je vais recréer l’existence à mon image, en mieux, vous verrez.
L’enfoiré pensa Mandarine. Ou plutôt, aurait pensé Mandarine si elle existait encore.
Puis elle ne pensa plus.
Une grande lumière, un grand flash, un grand bang.
« Au commencement fut (Re)créé l'Univers. La chose a considérablement irrité tout un tas de gens et bon nombre de personnes estiment même que ce fut une erreur. »

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