Malden - 6.3

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Malden fermait les yeux et baissait la tête à chaque projectile qui passait juste au-dessus de lui. Ses hommes envahissaient l’espace et au moment où l'officier impérial sentit les balles se dévier vers eux, il se leva du sol pour viser.

Il cala son bras contre la terre qui avait fait céder les murs des défenses et tira. À une telle distance, les chances de manquer sa cible étaient basses et l’arme de Malden trouva vite sa première victime. Il vida le barillet de son pistolet juste au moment où du plomb siffla proche de sa tête l'obligeant de se coucher à nouveau.

— Grenade ! s’écria l’un des soldats de Malden.

Il fut fauché dans sa lancée et l’explosif tomba à droite du lieutenant. Malden ne réfléchit pas plus et instinctivement plongea sur la grenade pour l’envoyer sur les positions adverses.

La détonation fit voler en éclats les caisses de bois comme les hommes.

La casquette de Malden avait bien vite disparu dans l’assaut. Une épaisse poussière le recouvrait. Ses cheveux en étaient remplis ainsi que sa tête en lui piquant les yeux, mais ce fut la terre qui envahit son nez et sa bouche qui le laissa réagir en toussant et crachant.

Les combattants de Malden chargèrent sans perdre de temps et s'opposèrent les unionistes encore hébétés par l'explosion. Le lieutenant Devràn suivit le mouvement général, son sabre à la main.

Une fois de plus, le sort de la lutte se jouait au corps-à-corps.

Les poings, baïonnettes et autres armes improvisées s’affrontèrent.

Malden se jeta sur un adversaire qui bloquait l'un de ses soldats. De son sabre perça le corps de l'homme en coupant avec la même facilité le tissu et la chair en ressortant dans le dos du malheureux. Il n’eut pas le temps de réfléchir à sa prochaine action qu’une personne plongea sur lui en utilisant son fusil telle une lance, la baïonnette en presque dard piquant d'un insecte. La lame d’acier harcelait Madlen qui évita les attaques comme il le pouvait.

Trop pressé, l’adversaire du lieutenant s’acharnait à donner des coups de plus en plus prévisibles et Malden dévia l’un d’eux en prolongeant son mouvement. Son sabre trancha le torse de l’homme. Son sang coula abondamment et Malden qui s'apprêtait à le mettre à mort, vit son crâne exploser sous l’impact d’une balle.

D’autres coloniaux firent leurs apparitions. Ce n’était plus une lutte à mort, mais un massacre qui commença. Les bêtes sauvages de l'Empire s'abattaient en nombre sur les unionistes qui reculaient toujours plus.

Malden avançait, sa respiration se trouvait saccadée, il toussait et reniflait avec rage.

Il n'utilisait plus seulement le fil de sa lame, mais la garde de son sabre dorée se parait de rouge tandis qu’il frappait les visages de celle-ci. La lutte avait à présent la même grâce que les affrontements de bar et ce n'était pas l'uniforme pourpre et marqué de Malden qui allait dire le contraire.

Un groupe important se forma, Malden courait avec eux. Les quelques résistants sur leur chemin étaient vite mis hors de combat. Un ouragan humain envahissait les tranchées en balayant tout sur son passage.

Les unionistes n'avaient pourtant pas baissé les bras.

Sur un embranchement, la dizaine de personnes qui menait le groupe fut fauchée en un instant. Ils s'écroulèrent dans la boue ensanglantée tandis que leurs camarades hébétés tiraient dans le vide face à eux.

Une petite arme automatique prenait place derrière des sacs de sable. Plusieurs unionistes tenaient la position et un officier, une hache entre les mains, haranguait ses soldats.

L’échange de tirs fut intense.

Malden, recroquevillé contre un mur de bois, réapprovisionnait son revolver en serrant les dents. Nombre de combattants s’effondraient de chaque côté. Le flot d’impériaux ne se tarissait pas.

À ce stade, les grenades manquaient, et une fois de plus la charge fut lancée quand la mitrailleuse tomba à court de projectiles. Malden voyait les unionistes hystériques avec leur baguette de munitions qui ne trouvait pas l’entrée de l’arme automatique. Les assaillants ne leur laissèrent pas un moment de répit en sautant sur l’occasion.

Malden suivit à nouveau le mouvement général et attaqua la position.

Le premier adversaire à droite de Malden fut projeté en arrière par plusieurs tirs, sur sa gauche, le lieutenant se débarrassa d’un autre soldat grâce à son pistolet. Mais il dut lâcher son arme de poing quand une hache s’abattit vers lui.

L’officier unioniste venait tester ses talents martiaux avec son homologue.

Son uniforme n’avait pas été épargné par le terrain. Des pièces noires et grises délavé composaient ses habits. Sur son torse se tenaient deux gros bandoliers croisés ou une collection de balles se suivaient. Son revolver reposait encore dans son holster, l’officier semblait être sûr de ses forces et commençait ses attaques.

Sa hache lui permettait de se dégager un passage dans la forêt de combattants, il abattait son arme sur ses ennemis et avançait vers le lieutenant Devràn qui reculait.

Les soldats s’affrontaient dans la plus grande confusion, Malden se préoccupait maintenant uniquement de son adversaire. Les cicatrices* qui couraient sur son visage concordaient aux récits qu’il avait lus et son papakha largement abîmé, informait Malden de l'expérience de son rival. L'esprit de Malden devenait affûté avec les récents échauffourées.

Sans plus de réflexion, le lieutenant Devràn attaqua.

Son sabre coupait l’air, Malden récitait ses gammes comme il l’avait appris à l'école d’officier. L’unioniste n’était pas en reste. Il combattait en étant digne de la triste réputation de ses pairs. Malgré son arme plus rudimentaire, l'adversaire paraît chacun des coups que lui lançait Malden.

Au fur et à mesure de l’échange, la fatigue mua les attaques en des tentatives plus brutales. En des offensives plus primales. La respiration de Malden se saccadait, son bras droit lui faisait mal, mais il ne pouvait ralentir.

Le lieutenant Devràn vit alors une ouverture dans la garde de son ennemi et pressa son attaque. Son sabre s'arrêta net face au visage de l'unioniste. Il appuyait de toutes ses forces, mais l’acier de la hache retenait sa lame. Les deux hommes étaient l’un contre l’autre lançant toute leur énergie dans la bataille. Tout se jouait maintenant sur le mental.

Les deux armes crissaient sous la tension qu'imposaient les des deux combattants.

L’unioniste voyait bien la force de la jeunesse prendre le pas sur lui. Dans un élan guerrier, il tomba de tout son poids contre Malden qui se trouva bloqué contre l’une des parois de la zone d’affrontement.

Le bois, dur contre son dos, l'empêchait de bouger. Malden luttait. Il bloqua la hache toujours en contact avec son sabre et obligea son rival à pivoter. Ce fut alors lui qui se retrouva coincé contre le mur.

Malden agissait machinalement et laissa son instinct dicter ses gestes.

Il donna un coup de genou qui fit plier l’adversaire, mais ce dernier n’abdiqua pas. Malden l'obligea à lâcher sa hache d’un nouveau choc qu’il porta au ventre de l’homme. Le sabre libre Malden frappa l'officier de son pommeau qui goûte à nouveau au sang.

Tandis qu’il s’acharnait sur l’unioniste, Malden ne sentit pas le danger venir et un coup frappa l’arrière de son crâne l'éteignant pendant un court instant. Il s’était écroulé sur son adversaire trop blessé pour tenter quoi que ce soit.

On le saisissait.

Lorsqu’il revenait à lui-même, Malden ressentit quelqu'un l’agripper. Un second ennemi semblait prêter main-forte à son officier. Malden réagit directement, il donna un coup de tête qui fit reculer le nouvel acteur de cette lutte.

L'officier, à nouveau conscient, se jeta à son tour sur Malden et les deux officiers échangèrent des attaques. L’unioniste criait, une rage qu’il n’avait que rarement connue embrasa le corps de Malden. Une colère, un feu intérieur, une pulsion mouvait les réponses du jeune officier qui se défendait.

Lorsqu’il prit enfin le meilleur sur son adversaire, ce dernier le projeta contre les planches qui parsemaient le sol. Malden qui s'écrasait à terre vit l’officier se jeter sur lui. Son camarade pas loin.

Malden donna un coup de pied qui renvoya l’officier en arrière. La main droite de Malden se posa alors sur la crosse de son pistolet qui gisait également dans la boue. Le saisissant, Malden actionna la détente et vida son arme sur les deux hommes face à lui en criant.

L'officier unioniste fut le premier à être touchée. Deux tirs l’atteignirent à l’épaule puis au cou. Il tomba en tentant d'arrêter la fontaine de sang qui coulait à présent de ses blessures. Le second agresseur se trouvait quant à lui stoppé dans sa course. Touché d’abord à la jambe puis deux fois au torse. Il s’écroula telle une masse inerte.

Malden, les yeux grands ouverts et le souffle court, pointait encore son pistolet là où ses deux adversaires s’étaient tenus. Le canon fumant et le barillet vide. Il abaissa l'arme, soulagé de sa propre survie.

Son cœur battait avec force comme s'il allait arracher sa cage thoracique.

Il rangea alors son revolver dans son holster et récupéra son sabre. Les impériaux finissaient de nettoyer la zone de tout ennemi. Le lieutenant Devràn calmait son corps, son esprit en observant la tranchée. Quelques unionistes souffrants étaient alignés, genoux à terre et mains croisées sur la tête. La victoire revenait à la cité nation. Malden regardait ensuite au loin, sur le point le plus haut des défenses, les drapeaux à l'aigle se voyaient hissés pour flotter fièrement au vent. La seule question restait maintenant à savoir le prix de ce combat. De cette victoire.

*

Les cicatrices : Avec les années, l'Union a créé une culture tout à fait unique et différente de l'Empire. Cela se reflète également dans son armée. Les officiers ont adopté comme tradition les duels d'honneur, des affrontements aux sabres menés face à face jusqu'au premier sang. Seul le visage est exempt de toute protection et devient la toile de nombreuses cicatrices montrant au fil des années l'expérience de l'officier qui les porte.

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