Malden - 2.2

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Des transports bien particuliers survolaient ainsi la colonne de soldats. Les moteurs de ces impressionnants engins vrombissaient au-dessus de la rue. Les ballons d’air hermétique étaient reliés à des pontons de différents niveaux ou une foule de personnes observaient le spectacle qui prenait place en dessous. Les appareils prolongeaient ainsi l’allée en contrebas en dominant les bâtiments de chaque côté de l’avenue.

Les occupants des transports rivalisaient en habits plus ostentatoires les uns que les autres. Les familles étaient bien sûr rangées par ordre d’alliance sur chacune de ces tribunes volantes. Le plus gros de ces engins, celui floqué d’un imposant aigle doré sur son ballon, accueillait pourtant une délégation assez hétéroclite.

Il s’agissait de l'appareil de Sa Majesté Impériale.

Parmi les deux alignements de dirigeables, celui de l’Empereur sortait bien évidemment du lot. Contrairement aux autres, l’engin de Sa Majesté était composé d’une grande toile centrale incomparable face à ses homologues dans le ciel et était entouré de nombreux petits ballons déportés qui gravitaient juste en dessous. Des signes ostentatoires de richesse et de diversité aussi inutiles que coûteux.

Toutes ces poches étaient reliées à la barge-tribune par d’imposants câbles et cordes qui faisaient la jonction telle la création d'une araignée mêlant fils d’acier et de chanvres pour maintenir le majestueux transport dans les airs.

Contrairement au navire de la marine, les barges-tribune étaient d’un fond plat composé de fines plaques de tôle rivetées. Cette base venait soutenir les différents étages qui constituaient l’appareil. Les parties visibles avec les convives et les recoins plus cachés occultant la salle des machines, les cuisines et les innombrables autres quartiers occupés par les domestiques des nobles qui trimaient en coulisse pour leur bon plaisir durant cet événement.

Sa Majesté Impériale, d’un physique assez important quant à son poids, était dans l'endroit élevé et central de la barge entourée par des figures noires. Plusieurs sombres formes qui composaient son service d'ordre personnel. La garde d’Onyx même a cette hauteur maintenait une protection autour de l'Empereur.

Ses membres étaient triés sur le volet et portaient d’austères masques pour cacher leur identité. Ces masques effrayants s’approchaient de la seule organisation de la ville qui en arborait des comparables. La maison des Ombres, le culte le plus secret parmi les multiples religions de l’Empire. Enfin, l'unique homme à côté d’Ovidius, accepté dans ce cordon d’invulnérabilité, était Klüg. Son conseiller et l’individu le plus influant d'Aldius après Sa Majesté Impériale.

Divers invités venaient ensuite graviter autour de la tête couronnée. Chacune des familles était représentée par leurs dirigeants ainsi que les augustes membres des niveaux intermédiaires. Tous formaient des délégations officielles réparties sur toute la surface visible de l’appareil selon les allégeances de chacun. Hormis la garde d’Onyx, les seuls militaires présents sur cette barge étaient divisés en deux groupes à l’exact opposé l’un de l’autre. Se toisant à bonne distance du regard.

L’un était composé de soldats en bleu sombre qui constituaient les représentants de l’armée tandis que le second. En blanc intégral incarnait la marine. Ces deux contingents distincts non seulement par leur fonction et place dans le transport étaient cependant proches en un sens.

Chacun des hommes était d’un âge avancé, les cheveux ou la barbe grisonnant et le torse couvert de médaille et autres décorations. Tous fièrement présent dans cet événement pourtant bien loin du front nord. Tous ses individus, membres de leur état-major respectif, étaient ainsi occupés en ce jour à observer les combattants qu'ils allaient envoyer à la guerre pour suivre leurs plans et stratégies qui coûteraient bien sûr la vie à nombre de ces soldats sur le départ.

Malden qui avançait, porté par le défilé et les militaires qui l’entourait avait commencé à quitter du regard le ciel et ses dirigeables quand un nouveau son se fit entendre.

Pas celui de cris et des célébrations, mais un bruit bien différent de la vibration des barges-tribunes. Malden releva la tête et vit une foule de petits aéronefs passer en trombe dans l’allée formée entre les dirigeables. Ces appareils fins et distants fendaient l’air en composant divers essaims de créatures volantes serrés les unes contre les autres.

Ces groupes d’aéronef firent ainsi exulter à nouveau la population face à ce spectacle cette fois aérien qui ne manquait pas de grandiose. Mais ces engins ne furent pas laissés seuls bien longtemps. Lorsque la dernière unité fut passée, ce fut le bruit assourdissant d’une corne de brume qui balaya la ville.

Un navire de guerre de la marine apparut et le son qu’il avait émis était en accord avec sa taille. Malgré la distance, Malden était impressionné par la proportion juste imposante du bâtiment. Le croiseur, survolait ainsi la cité nation au-dessus des barges-tribune et couvrait par endroits le défilé de son ombre. Mais tout aussi éloigné qu’il fût, le bruit de l’engin se répercutait dans l’avenue d’Azur.

Ce croiseur de guerre tout en acier se voyait bardé de canons et autres armes et laissait une traînée de fumée dans son sillage de par ses cheminées invisibles depuis le sol. Des rampes de lancement étaient observables sur ses côtés et les essaims d’aéronefs allaient à la fin de cet étalage de force y retourner après avoir effectué la démonstration de leurs talents et agilités. Après avoir utilisé leur précieux carburant pour amuser la foule.

Mais tous ces engins, aussi souples ou imposants qu’ils soient, n’étaient pourtant pas un signe de dominations de l’Empire. Si la taille du bâtiment et le nombre de canons qu’il portait avaient de quoi faire frémir tout adversaire. Cela ne renversait pas la vapeur sur le terrain. L’Union avait durant les prémices de la guerre pallié à la faiblesse de sa marine en formant ce que les huiles de l’armée impériale avaient surnommé « le rideau de fer ».

Une installation d’artillerie antinavire pouvant facilement éventrer tout opposant aérien, même ces mastodontes d’acier qu’étaient les croiseurs de la marine impériale. Les équivalents des arguments de ce rideau de fer étaient d’ailleurs visibles ci et là dans la ville ce qui expliquait l’absence de raid de la part de l’Union, en plus de l’impressionnante flotte à l’encrage. L’affrontement aérien étant ainsi réglé par la puissance de feu de chacun des belligérants, la vraie guerre se faisait au sol et chaque pouce de terrain grappillé par l’armée rapprochait l’Empire d’Aldius du rideau de fer et de la défaite de l’Union.

Un but et une vision bien distants en témoignent les longues années de conflit qui avait déjà entraîné des générations entières de soldats de chaque côté sur les champs de bataille. Un avancement lent qui passait tel un funeste sablier à travers les années.

Après avoir observé l’impressionnante et effrayante créature d’acier qui survolait la ville, Malden continua son périple festif à travers la cité nation pendant encore de nombreuses heures pour rejoindre le train qui l’attendait.

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