Une peau bleu azur. Des cheveux blanc ivoire. Et deux grands magnifiques yeux gris acier à vous électriser sur place. À bien des égards, voyez-vous, Yseult ressemblait plus à une de ces créatures extra-terrestres tout droit venues d'un film de science-fiction qu'à une humaine, pourtant, elle était aussi Terrienne que vous et moi…

-Qu’est-ce que nous sommes ? Demanda Yseult à l’homme qui l’avait secourue.
-Oh, très bonne question, répondit l’homme perplexe, je ne saurais trop le dire… Peut-être des anges, des elfes, des inhumains… Qui sait ? Durant ces derniers millénaires, les humains nous donnèrent bien des noms.
Il s’approcha d’elle, son visage à quelques centimètres du sien.
-Une chose est sûre, demoiselle. Nous ne sommes pas tous à fait comme eux.
-Et pourquoi nous ?
-Je te retourne la question. Fit l’homme. Qu’est-ce-qui, à ton avis, a pu rendre une humaine aussi inhumaine ? Un accident mortel…Auquel aucun humain n’aurait survécu s’il n’avait pas des dons particuliers en lui comme ce fut dans ton cas, continua t-il en la pointant du doigt.
Ils continuèrent de marcher le long du cours d’eau. La jeune fille semblait perplexe.
Comment une simple noyade avait-elle pu rendre ma peau bleue ? Se demanda-t-elle.
-Comment est-ce possible ? Répliqua la jeune fille. Dites-moi…Est-ce un facteur biologique ? Ou bien neurologique ?
L’homme poussa un souffle d’exaspération.
- Je ne puis te dire qu’une seule chose : tout est parti de cette fameuse noyade.
Yseult parut interloquée. Comment savait-il pour la noyade alors qu’elle ne l’avait jamais mentionnée auparavant ?
L’homme sembla anticiper sa réaction.
-À cette réponse qui te trotte dans la tête, dit-il, je n’eus qu’à lire dans tes yeux. N’oublie jamais cela, les yeux sont le reflet de notre âme intérieur. Au cours de ta longue vie, tu le comprendras…Peut-être.
-Qu’est-ce que vous entendez par « longue vie »?
L’homme sourit.
-Nous sommes plusieurs générations humaines en même temps. Vois-tu, fit-il en prenant une pétale de rose, le temps n’a pas le même effet sur nous que sur nos cousins humains. Même la plus longue vie humaine possible ne saurait couvrir à peine la moitié de celle qui t’attend si tu vis très vieille.
-Est ce que cela veut dire que nous sommes immortels?
-Bien que non, répondit l’homme en ricanant. Même nous, nous devons mourir un jour ou l’autre. Disons juste que notre fin est plus éloignée que les autres.
Ils traversèrent un petit pont qui surplombait le cours d’eau.
-Et mon petit frère, dit-elle en se retournant vers lui, le reverrai-je un jour ?
-Non, il y a très peu de chances que cela arrive. Répondit-il sèchement.
-Mais…
-Tais-toi donc un peu. Coupa l’homme. Tu as posé assez de questions pour aujourd’hui.
-Non, je ne me tairais pas, répliqua Yseult. Pas avant que vous m’ayez donné une réponse.
Magnus la jaugea du regard puis sembla exaspéré de son tempérament de feu.
-Je sais de quoi je parle en parlant des proches, répondit-il. La fille ouvrit la bouche comme pour parler, mais face au visage mélancolique de son interlocuteur, elle se résigna.
Yseult aurait voulu répondre mais face au visage mélancolique de son interlocuteur, elle se tut.
-Maintenant, va donc de reposer. Une longue journée t’attend demain.
La jeune fille lança un regard suspicieux à Magnus qui lui sourit en retour.
-Chaque chose en son temps. Dit-il d’une voix douce. Je répondrai à toutes tes autres questions…Mais demain.
Yseult obéit et reprit le chemin du campement des questions plein la tête...