Dans la cheminée, les bûches crépitent

Dehors, les cyprès s'agitent.

Par la fenêtre du salon,

Je regarde les blancs flocons

Voler en tourbillons

Tout en caressant mon ventre rond.

Quelle douce matinée hivernale !

En pensant à toi mon coeur s'emballe !

Je t'imagine déjà emmitouflé

Dans les vêtements chauds que je t'ai tricotés,

Le bout du nez tout gelé

Tes petits doigts et les miens entrelacés.

J'observe ton souffle chaud

Envoyer des nuées vaporeuses

Sur les carreaux.

Je suis des yeux

Les traces laissées dans la poudreuse

Par tes petites bottes bleues.

Je te vois la bouche ouverte vers le ciel

Les yeux fermés,

Les bras en croix,

Pour intercepter

Ces petites gouttes givrées

Qui descendent lentement vers toi.

Il me tarde que tu sois là

Que je puisse te sentir près de moi

M'enivrer de ton odeur tout en te berçant

Toi qui ne dois naître qu'au printemps.

Devant la cheminée, de nouveaux feux dansent

Dehors retentit la sirène de l'ambulance.

Par la fenêtre du salon,

Je regarde une dernière fois

Les blancs flocons

Voler en tourbillons.

Quelle soirée infernale !

Au creux de moi, ton coeur s'emballe !

A la maison j'ai oublié

Les vêtements chauds que je t'ai tricotés...

J'ai le coeur tout gelé

Et je sais qu'en moi le froid va durer !

J'entends le vent souffler

En rafales

Contre les volets de l'hôpital.

Je suis des yeux

Les mouvements saccadés

De nos coeurs emmêlés.

J'implore le ciel

Les yeux embués

Les bras en croix

De rappeler

Ces petits anges ailés

Qui descendent lentement vers toi !

Je veux revenir en arrière

Sortir de cet enfer

Alors je récite mille prières

Pour toi qui ne devais pas naitre en hiver !